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(Pré) Face A

Essai mégaphysique comico-dépressif se déroulant en 3 actes et 5 packs de bières.


Le dragon terrassant Saint Gorge (titre provisoire)
Ou
A vaincre sans Eludril, on triomphe sans goitre (titre provisoire)

Peut-on chanter durablement avec une voix death sans pour autant avoir de vieux nodules aux cordes vocales ?



Face à mon admiration et mon plus profond respect, telle est la question que je me suis toujours posé depuis que j’ai découvert le death. En effet, pour ne pas citer 1,984, ces "équarrisseurs goitreux" font tout de même preuve d’une saisissante performance et d’une surprenante résistance… Mais pas tous…

En effet, une partie de la réponse à cette question est venue du groupe suédois Katatonia et leur bien nommé "Brave Murder Day" datant de 1996. Alors qu’il ne s’agissait que de leur deuxième album, Jonas Renkse avait déjà perdu sa voix au moment de l'enregistrement et demanda l’aide de son éminent ami Mikael Åkerfeldt pour le remplacer au pied levé.

Dès le premier titre "Brave", on se rend compte que l’accident vocal (prévisible ?) de son confrère n’a point perturbé le chanteur d’Opeth, car il nous livre plusieurs cris déchirants dépassant facilement les capacités vocales d’un chanteur moyen. Cependant, malgré sa puissance, on peut toutefois déceler une certaine fragilité, comme dans "Day", où la voix claire de Mikael n’est pas encore totalement maitrisée. Mais on sait qu’il s’améliorera en 1999…


Allégorie de la taverne "Au joyeux dépressif"

Le mal-être et le désespoir sont-ils toujours le terreau d’une inspiration fertile et originale?



On connaît bien ce paradoxe grâce de nombreux artistes de tous poils (et à poil pour certains…) de la période dite "romantique" qui entretenaient consciencieusement le "spleen", faisant de cette période le siège incontesté de la mélancolie distinguée plus que celui du romantisme torride… Beethoven, par exemple, alors qu'il voulait en finir prématurément, a créé des "tubes", tel que la 3ème symphonie, la 5ème symphonie et la 9ème symphonie (ouais, pour les titres, peut mieux faire…), se classant directement en tête des charts allemand et européen de l’époque. Alors, quand est-il de cet album concocté par les joyeux drilles de Katatonia ?

La critique est aisée…
Peut-on dire que "Brave Murder Day" est original tant il fait penser à Opeth et d'autres groupes doom/death des années 90. En effet, les arrangements, la guitare et l’évolution des mélodies sont incroyablement proches de "Orchid" ou de "Moonrise Morning". Ce télescopage, flagrant sur "12", est bien sûr renforcé par l'utilisation de Mikael Åkerfeldt, mais est pardonnable puisque les 2 groupes sont à la fois contemporains et très proches. D'un autre côté, la base rythmique, aussi variée, survoltée et imprévisible qu’un métronome, s’avère lassante au fur et à mesure que s’égrainent les minutes, et plombe la mise en place du sombre univers de Katatonia.

… mais l’art est difficile.
Petite pochette classe, sobre, de bon goût, représentant une carcasse d’un corbeau à demi décomposé rehaussé par un dégradé de mauve. Oui, Katatonia a peut-être choisi un créneau encombré par 200 ans d’existence, mais repousse le genre dans ses retranchements extrêmes. La noirceur, la détresse et la mélancolie sont les fers de lance de Katatonia pour prendre d’assaut notre bien-être et nous entrainer par le fond corps et âme. Les guitares froides, sèches et légèrement dissonantes de "Brave" ou de "Murder" instaurent un profond mal-être avec des soli de guitares tout droit sorti de la BO d'un film d'horreur. A l’opposé, "Day" nous propose une mélodie presque légère qui résonne dans un monde sauvage et oublié. "Rainroom" et "Endtime" lient parfaitement toute la palette de couleurs de Katania, s'étalant du noir profond au gris foncé. Ces deux titres nous offrent de magnifiques moments avec guitare douce et voix claire qui tranchent avec les envolées barbares de Mikael Akerfeldt et de la double pédale inorganique. L’apaisement apparent bascule à tout moment dans une détresse sans nom propre à Katatonia.


Résultat des bourses

Katatonia confirme son ambition : mieux vaut remplacer le chanteur est continuer un bon death/doom metal plutôt que de retourner sa veste pour se cantonner à du bal musette pépère et chanter des aubades à tire-l’arrigot. A noter tout de même une prise de conscience du chanteur qui par la suite ménagera un peu plus ses cordes vocales, amorçant du même coup un changement de style au groupe. "Brave Murder Day" est un récital bien ficelé illustrant les premiers exploits des suédois, même si son homogénéité pourra provoquer à certains quelques bâillements auditifs.


(Post) Face B

Peut-on prendre le doom/death metal/depressive rock à contre-courant, tel un saumon juvénile pressé d’aller déniaiser de la prude saumonette, autrement dit de s’échapper des eaux froides et noires pour plonger voluptueusement dans la joie et la bonne humeur ? A vrai dire, à la vue de cette chronique, je pencherai plutôt pour un "non"… Le doom/death metal/depressive rock, ça rigole pas, et c’est mieux comme ça!


DkP

0 Comments 09 février 2010
Whysy

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