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Briser le silence. Tout un programme. Van Canto nous revient un an seulement après son dernier effort, Tribe Of Force, dont le nom ridicule et la nullité insoutenable avaient déjà éreinté les plus valeureux d'entre nous.

Rappelons le concept: groupe de power/heavy teuton, Van Canto se compose de deux chanteurs lead, trois vocalistes, et un batteur. A cappella, donc. Il y a deux angles d'attaque, d'analyse, par rapport à ce combo, et dans mon immense magnanimité je ne vais lésiner ni sur l'un, ni sur l'autre: le concept, et les morceaux. Alors bien sûr, ce n'était peut-être pas la meilleure idée de faire chroniquer cette bouse par un grand amateur de black, un féru de prog ou un fan de jazz tel que moi, mais je vais tâcher d'être le plus impartial possible, sans porter de jugement trop péremptoire si possible.

C'est de la merde.

Sérieusement, si vous avez une once de respect pour la musique, ne serait-ce qu'une goutte pour cet art si sublime, passez votre chemin. Déjà le concept: chanter du heavy a cappella avec une batterie c'est profondément ridicule. C'est simple: ça ne colle pas avec le style, c'est un mariage interdit, une alliance maléfique et qui ne peut accoucher que d'atroces morceaux aux mélodies simplistes, paroles débiles et effets de manches bidons. Après trente secondes de « dom dododom » et de « ouuuha » on a une furieuse envie de tout casser dans la pièce, d'abandonner définitivement le metal, et de se repasser l'intégrale David Guetta, parce que ça a beau dauber à mort c'est quand même vachement plus sympa à l'écoute. Mais pourquoi? Pourquoi, bordel? Pourquoi un patron de label laisse se perpétrer un tel crime contre la culture humaine sans moufter, en les autorisant à enregistrer encore? Et pourquoi des gens achètent leurs courageux et pathétiques efforts musicaux, et vont les voir en concert? Il y avait les pyramides, l'origine du monde et la théorie des cordes et voici un autre grand mystère de l'humanité, le fait qu'un deuxième, un troisième et même un quatrième album de Van Canto aient pu exister. Ecoutez Orleans de David Crosby, ou la Messe en Mi Mineur d'Anton Bruckner si vous voulez de l'a cappella de qualité, mais pas cet étron par pitié!

J'ai un peu le même problème avec Apocalyptica Plays Metallica By Four Cellos. Le concept est original, intéressant, mais dès le deuxième morceau on commence doucement à s'emmerder. Malgré tout, les morceaux sont géniaux (évidemment c'est du Metallica) et la démarche reste, jusqu'au bout, impressionnante et digne de louanges, même si c'est chiant. Malheureusement, pour Van Canto point de bons morceaux et point de louanges: une fois l'amusement de l'originalité passé, ne reste que le ridicule de la démarche et la déchirante faiblesse de toutes les chansons sans exception.

Oui, car en plus de faire du heavy/power germain a cappella, Van Canto fait du mauvais heavy/power germain a cappella. C'est vous dire, car le heavy/power germain ce n'est pas vraiment ni le plus intelligent ni le plus varié des styles, donc à la base c'est déjà assez mauvais. Je vous laisse imaginer le plus mauvais des groupes d'un style de merde. Inga Scharf, chanteuse à la douce voix mélodieuse (ou atrocement criarde, j'hésite), passe son temps à essayer de faire aussi bien que Sharon, Simone ou Tarja, en les imitant le mieux possible. Et là je me dis que c'est vraiment dommage, un manque de perspicacité aussi criant. Si déjà tu imites des chanteuses, imites-en des bonnes, des qui chantent bien de la musique de qualité, et pas ces ersatz de chanteuses d'opéra pour adolescentes. Pour adoucir mon propos je noterais que j'ai beaucoup apprécié la performance de Simone sur ses travaux avec Lucassen, il semblerait donc que ce ne soit pas tellement la voix qui soit en cause, mais bien la musique qui les accompagne. Fin de la parenthèse.

Presque tous les morceaux sont du même tonneau, un mélange d'hymnes speed teutons et de ballades sirupeuses. On notera tout de même la présence d'une chanson médiévalisante accompagnée de guitares tout aussi médiévalisantes, Spelled In Waters. Et là, surprise, on se dit qu'on va peut-être assister à un léger mieux, mais malheureusement, l'illusion ne dure qu'un temps: effectivement, pour la deuxième et dernière fois de l'album (la première étant le bref pré-refrain de Bed Of Nails), un ou deux motifs mélodiques intéressants et pas totalement ridicules font leur apparition. Mais chassez le naturel, vous connaissez la suite, Van Canto retrouve bien vite ses bonnes vieilles habitudes, et la chanson se termine en eau de boudin.

Le problème, Mesdames, Messieurs, c'est qu'il s'agissait de la meilleure chanson de l'album. Van Canto nous offre donc une porte de sortie idéale (vaut mieux arrêter à ce moment-là, parce que le morceau suivant, chanté en allemand, est juste inécoutable), et même une porte d'entrée. Faites un test: allez écouter Spelled In Waters, et si vous trouvez ça génial, vous êtes mûrs pour le reste de l'album, le dernier Edguy et le prochain Golden Resurrection. Si vous trouvez ça sympa pendant trente secondes et très vite chiant, sans intérêt et répétitif, abandonnez.

Au final, il aurait mieux valu ne pas le briser le silence, si c'était pour nous casser les oreilles avec cette soupe innommable, autant s'abstenir. Un petit 3 me semble une note honorable pour ce nouvel album de Van Canto: un point parce que c'est le minimum, un point pour le courage qu'il a fallu pour enregistrer une telle merde, et un point parce que j'ai bien rigolé en écrivant cette chronique.

0 Comments 19 septembre 2011
Whysy

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