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Aux confins de l‘univers connu se dressent de majestueuses portes de glace, qu’aucun être sain d’esprit n’oserait franchir… Car derrière elles s’étend le néant. Un lieu d’une froideur abyssale, où jamais une once de lumière ne vient caresser les roches gelées ;  un domaine aux propensions infinies, dont le bleu sombre se confond avec le noir d’encre du ciel. Sur cette terre éternellement vide et silencieuse, dans ce domaine mortuaire, nul n’est le bienvenu. Place à la bande son d’un univers oublié des dieux, abandonné des hommes…


Richard Lederer, alias Protector, est un compositeur à la tête de nombreux projets assez variés, qui partagent cependant comme point commun le fait de tout miser sur la qualité des ambiances, pour permettre aux auditeurs de se plonger à chaque fois dans un univers très visuel, avec sa magie, sa dimension obscure et effrayante, ses mystères. Leader du groupe de Black Metal atmosphérique et épique Summoning ainsi que du projet dark ambient Die Verbannten Kinder Evas, Ice Ages s’avère être son troisième projet principal, probablement le plus personnel, car Protector est ici entièrement seul aux commandes de son terrifiant et irréel navire.

Petite parenthèse d’ailleurs, pour les fans de Summoning. C’est en découvrant ainsi les autres projets des deux têtes pensantes du groupe, que l’on se rend mieux compte de ce que chacun apporte pour rendre cette musique si riche. Le côté Epic Black avec les thèmes accrocheurs et sombres, vient très certainement de Silenius, qui travaillait principalement avec Abigor autrefois, groupe de Black Metal d’inspiration satanique, tandis que Protector s’avère vraiment le pourvoyeur d’ambiances sonores basées sur des claviers froids et majestueux et de percussions résonnantes, fabuleusement puissantes.

Celles-ci jouent d’ailleurs un rôle primordial dans les trames sonores d’Ice Ages, créatives, très finement programmées, résonnant pour donner toujours plus d’emphase, voire proposant parfois des rythmes très accrocheurs, qui pourraient même s’avérer « remuants » s’ils n’étaient pas aussi froids (l’ultra-mémorisable « From Grey To… », entre autres). Pour le reste, l’absence de guitare ne se fait absolument pas sentir, et l’on se laisse volontiers guider dans cet univers gelé, qui, en dépit d’un certain minimalisme, n’est jamais ennuyeux. Les sonorités et structures des morceaux varient assez peu, cependant, aucun titre n’est proprement à jeter sur cette galette. Etranges sons dissonants et mélodies catchy finissent toujours par s’assembler, pour séduire l’auditeur…

Si le sentiment de lassitude finit invariablement par pointer le bout de son nez, à cause de cette trop grande homogénéité évoquée tantôt, Ice Ages propose cependant un album vraiment satisfaisant, et somme toute assez original, quoique dans la lignée de l’opus précédent du groupe. Par rapport à « This Killing Emptiness » justement, en dehors du son beaucoup plus propre, les fans seront peut-être soulagés de savoir qu’il n’y a pas eu de changement majeur depuis 2000. La voix est peut-être moins agressive dans « Buried Silence », mais elle est toujours assez unique, peu mélodique, bardée d’échos et d’effets divers, lui offrant une dimension particulièrement surnaturelle et déshumanisée.


Amateurs de musique électronique/gothique/darkwave froide et futuriste, cet album aux thèmes accrocheurs et hantés est fait pour vous. Métalleux blasés en quête de découvertes d’univers parallèles, soyez prêts vous aussi à entrer dans cette séduisante ère glacière, qui malgré quelques légers défauts, mérite vraiment que l’on lui donne sa chance. Très intéressant, donc.


Gounouman

0 Comments 29 novembre 2008
Whysy

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