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Extrême Epic Metal voilà comment s’est présenté à moi le nouvel album des bavarois de Wolfchant. Chouette me suis-je dit, il fait bien morose ces derniers temps. Voilà qui va redonner un peu de couleurs à cet hiver qui n’en finit pas. Malheureusement, ce n’est pas exactement ce qui s’est produit. Réglés comme des coucous, les allemands sortent un album tous les deux ans et nous proposent donc depuis le mois de février 2011, leur quatrième opus.

A première vue, Call of The Black Winds a tout pour plaire pour peu qu’on aime les titres épiques (et franchement, l’aventure fusse-t-elle uniquement en chanson j’en connais peu qui y résistent). D’ailleurs l’intro et la mélodie d’ouverture du premier titre sont prometteuses et on aimerait croire à un album rempli de refrains à vous faire perdre votre latin (ou votre anglais pour les plus tatillons) à force de les répéter toute la journée, sous la douche, en allant au travail. Oui et bien non. Enfin, pas tout à fait : les lendemains qui chantent des morceaux de Wolfchant à tue-tête, ce n’est pas pour tout de suite. Bref, Call of The Black Winds n’est qu’un concentré de poudre aux yeux.

Ce n’est pas tant que les titres n’en ont pas de potentiel mais que ce dernier est mal bien exploité. Ainsi, si “Stormwolves” démarre Call of The Black Winds avec entrain et un refrain certes convenu mais efficace, l'intérêt retombe avec le titre suivant “Eremit” aux riffs répétifs et aux accents brouillons. Hélas, une fois évaporée, notre curiosité va être bien difficile (pour ne pas dire impossible) à retrouver. Wolfchant va s’y employer pendant tout le reste de l’album mais ne va malheureusement pas rencontrer beaucoup de succès dans son entreprise (c’est un euphémisme). Oh, bien sûr, il y a de rares sursauts de musique intéressante : “Heathen Rise” en milieu d’album en est un exemple. Pour ce morceau, revient un peu de l’aventure qu’on nous avait promis et qui fait cruellement défaut. Vivace et bien construite, “Heathen Rise” est la plus belle pièce de cet album.

Mais globalement, Call of The Black Winds est comme un soufflé dégonflé trop vite : on s’ennuie en l’écoutant et on finit par lâcher complètement prise pour, enfin, prendre le temps de faire les mots croisés du Monde Magazine qu’on avait en retard. Par ailleurs, l’impression de déjà entendu persiste tout au long de l’écoute et comme la comparaison n’est pas flatteuse pour les allemands, il reste bien peu de choses à sauver. Le prélude “Black Winds” sonne familier et comme cela se retrouve dans plusieurs breaks de claviers tout au long de l’album on se rend compte que Woflchant se la joue un peu Summoning. Ce n’est pas en soi une critique de vouloir s’inspirer des maîtres du metal épique mais quand on le replace dans le contexte, Call Of The Black Winds est un peu le Summoning du pauvre. Par ailleurs, [s]ce repompage[/s], cet hommage n’a pas grand à chose à voir avec le reste de la musique (aucun lien entre l’introduction et le premier titre par exemple). Donc, à part vouloir donner son côté épique à l’album (mais bon c’est un peu raté), on voit mal pourquoi parachuter ces passages au petit bonheur la chance tout au long des 11 titres du disque. Au final : non les gars, qu’on soit clair : il faut plus que trois nappes de claviers “tagagastoinstoin” pour donner son côté épique à un album.

Et quand ce ne sont pas des influences extérieures qui viennent polluer l’écouter, les différents morceaux se rappellent les uns les autres : le refrain de “Black Fire” ressemble beaucoup à celui de “Stormwolves” par exemple. Et voilà comment en un rien de temps Wolfchant se mord la queue. Donc invariablement, l’attention décroche petit à petit dès que les dernières notes de “Heathen Rise” s’éteignent et la fin du disque se termine dans l'indifférence générale. “The Last Farewell” tente bien de tirer son épingle du jeu, tout comme le titre éponyme qui semble vouloir conclure sur un note homérique mais ça ne prend pas. Call of The Black Winds ne parvient pas à enthousiasmer.

Côté chant, le chanteur extrême et le chanteur clair se répondent. Le premier n’est pas très subversif dans sa manière de chanter, quant au second Michael Sieffert de son petit nom (tout juste arrivé dans le groupe en 2010), il manque cruellement de puissance voire d’inspiration. Il nous offre une performance très plate. Du coup, même le chant a un relent de pétard mouillé et il faut se rendre à l’évidence ce n’est pas là que viendra le mieux qu’on désespère de trouver. Côté musique, les allemands arrivent toutefois à produire quelques riffs sympathiques qui réveillent un peu nos oreilles (“Der Stahl In Meinem Feinde”) mais dans ce domaine-là non plus ce n’est pas la panacée. Il y a bien un peu d’extrême (comprendre que ça gueule un peu que les mélodies sont un peu lourdes) à se mettre sous la dent mais il vaut vraiment se satisfaire de peu (ou alors être vraiment allergique au metal extrême) pour être rassasié. En résumé, passez votre chemin et allez voir ailleurs, l’herbe y sera de toute façon plus verte. Ainsi, le dernier album de Turisas est nettement plus intéressant.

Je pensais l’album plus épique que ce qu’il n’est. Je le pensais plus mordant, plus inspirant. Hélas, les vents, aussi noirs que Wolfchant les a voulus, n’ont pas soufflé très violemment. A peine assez pour faire sortir les navires du port, à peine assez pour faire entrevoir des chemins dans les montagnes. Et après, pouf, plus rien. A part de la frustration peut-être mais guère plus. Ca m’apprendra à me fier, a priori à une étiquette. D’aventure il n’y aura point mais de griefs, par contre, j’en ai suffisamment pour remplir au moins trois coffres et tenir jusqu’au prochain album de Dimmu Borgir ou de Raintime. L’essentiel étant de ne pas rentrer les mains vides.

Nola

0 Comments 24 mars 2011
Whysy

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