Ce qu’il y a de bien avec le Heavy Metal, c’est qu’il s’agit d’un genre musical en perpétuel renouvellement. Chaque jour naissent des groupes qui s’affublent de nouvelles étiquettes, qui revendiquent des influences toujours plus inattendues, des dérivatifs s’ajoutent aux sous-genres, bref : on n'est jamais à l’abri d’une bonne surprise, même si quoi qu’on en dise, les groupes réellement innovateurs ne sont pas légion.


Ainsi débarquent les écossais d’Alestorm. Et de quoi s’agit-il ici ? De « Pirate Metal » ? Running wild, grand nom du heavy teuton, avait déjà été qualifié ainsi pour son univers très axé sur les conquêtes maritimes, et les membres du groupe folklorique Mago de Oz ont également arboré fièrement des tenues pirates… S’agirait-il donc d’un mix de ces deux groupes ? Pas exactement, les influences de ce nouveau combo seraient plutôt à chercher dans le Metal viking des finlandais Turisas…

Né sur les cendres de Battleheart qui avait déjà proposé un EP relativement prometteur, Alestorm, comme je le disais, s’inspire beaucoup des vikings finlandais. Même sens des mélodies accrocheuses et épiques, même claviers kitsch si bien incorporés à la musique, même talent pour les refrains en forme d’hymnes à hurler en cœur une bonne bière à la main, et même utilisation des instruments folkloriques. Mais, autant le dire tout net, pour un nouveau venu, Alestorm frappe très fort avec un album qui risque bien d’en séduire plus d’un.

En effet, il suffit d’un titre pour se rendre compte que l’appellation « Pirate Metal » est parfaitement justifiée ! Le groupe, à grand renfort de riffs simples et efficaces, de rythmiques carrés, de chant rauque et viril, de compositions des plus directes, et de mélodies folkloriques entraînantes nous dépayse en un instant… Et nous voilà prêts à suivre le Captain Morgan jusqu’au bout du monde ! Sabres en mains, nous serons les adjuvants et les spectateurs de sa revanche…  Chercher des trésors la nuit, lever l’ancre et prendre le large, piller, se battre, ne s’arrêtant que dans des tavernes mal famées, à la recherche d’un peu d’alcool et de tendresse… Voilà ce qui nous attend, camarades ! Hail !

Et vraiment, cet album est comme une bouffée de fraîcheur revigorante, jubilatoire, et s’écoute avec beaucoup de délices, se déguste avec un grand plaisir. Nous voici avec des chœurs virils, des hymnes mémorables (« Captain Morgan’s Revenge », « Over the seas », « Set sail and conquer »), des ambiances soignées (l’excellent interlude « Of treasure », la reprise de l’hymne écossais « Flower of Scotland »), des passages légèrement plus bourrins mais bien adaptés (« Terror on the high seas »), et des mid tempos si évocateurs qu’ils en deviennent grisants (« Nancy the tavern wench »). Les paroles étant soignées et développant le concept de l’album, c’est avec beaucoup de simplicité que l’on s’immerge dans l’univers instauré pour n’en plus sortir. De plus, la production est puissante, bien équilibrée, en un mot : parfaite.

Le chant m’aura au début légèrement rebuté. Je rassure les fans de heavy, il ne s’agit point ici d’extrême, mais d’un chant bien rauque, par moment assez proche d’un Chris Boltendahl par exemple. Et je m’attendais à un vocaliste plus mélodique… Mais l’on s’y fait très bien, et cette rugosité bourrue correspond sûrement bien mieux à un vieux loup de mer aguerri aux fracas des armes et aux conquêtes !!


Bref, en un mot comme en cent, le groupe nous offre un excellent album, concentré d’hymnes, et très rafraîchissant ! Pourquoi « seulement » un 8/10 (qui est déjà une très bonne note selon moi) alors ? Et bien tout simplement parce que l’influence Turisas est encore trop présente, et également parce que l’absence de prise de risques et l’aspect immédiat des compositions, qui vous rentrent dans la tête dès la première écoute, fait que l’on se peut, hélas, se lasser assez rapidement de cet album. Mais quoiqu’il en soit, ne boudons pas notre plaisir, et honorons cette excellente première offrande, qui augure du meilleur pour la suite ! We’ll sail and conquer….’Till we die !!!


Gounouman