Vous recherchez quelque chose ?

Quand vous serez bien vieux, le soir à la chandelle,
Prostrés sur un fauteuil, les sourcils grisonnants,
Très cher Amis lecteurs au profil bedonnant,
Toujours au métal vous serez restés fidèles

Je serai plus qu’un spectre à demi assoupi
Depuis longtemps sorcier, au plumet dégarni
Mon dernier souffle passé à célébrer le Speed
N’aura pour seul écho que la disgrâce du vide

Le temps aura passé et avec lui ses outrages,
Avec son lot d’erreurs mais aussi de colères
Que restera t’il alors de nos vaines chimères
Quand l’hiver de la vie passera sur nos âges?

Ainsi, jeunes métalleux, compagnons de lecture
Pour un instant, un seul, abandonnez vos armures :
Profitez dès à présent du métal d’aujourd’hui
Ecoutons tous ensemble le nouvel Heavenly

Ah Carpe Diem, Profite du jour présent, tel le M. Keating du cercle des poètes disparus, Heavenly nous propose pour son cinquième album de faire acte d’épicurisme débridé en savourant le moment présent par leur cinquième offrande. Attendu au tournant depuis le début de leur histoire, les leaders français de la scène heavy speed ont essuyé de nombreuses critiques alors qu’aucune de leur réalisation n’a été un échec, et que leur progression ne méritait pas finalement de telles opprobres. Mais en France, on aime polémiquer sur l’accessoire et se perdre dans les détails pour éviter de parler du fond et du substantiel. C’est à cueillir dès aujourd’hui les roses de la vie que nous engage le groupe récemment doté d’un nouveau batteur, Piwee de son surnom, et nous n’allons pas bouder notre plaisir de découvrir un album frais et abouti.

Le premier élément à retenir de ce Carpe Diem, est la volonté manifeste du groupe d’élargir son spectre musical, d’agrémenter ses mélodies de tonalités plus complexes et moins prévisibles. Les titres sont ainsi marqués par la présence très manifeste du piano, instrument développant des ambiances Polnareffiennes et versatiles (solo andersonien sur Ode To Joy) : on assiste ainsi peut être à la naissance du Elton John Speed Métal car la guitare est très loin d’être négligée, elle reste l’âme étincelante et caméléon (entre Kai Hansen et Brian May) du groupe. (ah le solo de Lost in your eyes comme ses breaks qui épilent les Tazz ))!!Dès les premières écoutes, on sent vraiment que le groupe a profondément élargi sa palette créative en puisant dans le registre théâtral de Queen et ses sonorités si particulières (A better Me et Farewell auraient pu être les treizièmes et quatorzièmes pistes de A Night At The Opera) Cette orientation avait déjà été décelée sur Wasted Time de Virus et les Français ont persévéré dans cette démarche pour la généraliser à une moitié d’album.

Comme un éclair dans la nuit ou un coup de Taser dans la purée de petits pois de mémé, cette nouvelle orientation grandiloquente et seventies démultiplie l’intérêt de l’album car ces touches queeniennes s’intègrent parfaitement au Speed décomplexé des Français. Ces références apportent une touche théâtrale, seventies, quasi savatagienne à des morceaux totalement barrés et métisses (On peut même voir sur A Better Me un "Set me freeeeeeee" sur le ton du "C’est vrai OH OH" de personne dans la vie n’a choisi sa couleur, version française du générique cultissime d’Arnold et Willy). Carpe Diem est ainsi un disque plus nuancé, plus travaillé même si il reste et heureusement les hymnes helloweeniens et enchanteurs à en savater le céleri

A Better me avec un goût de Wake up the king croisé avec Queen dévoile ainsi un véritable Hit opéra Rock magnifique qui démarre par un piano-voix jubilatoire avant de littéralement s’envoler dans une dimension happy métal où la griffe freedom callienne est assumée avec délice et bonheur par les Français. Ces touches joyeuses et positives, omniprésentes qui émanent d’une mélodie entraînante flirtent avec le Edguy de Theater of Salvation (le seul ? :p) et font de Carpe Diem un véritable condensé de bonne humeur.

Ode To Joy et Ashen paradise sont ainsi LES titres speed par excellence : introductions grandiloquentes, (mais on l’est jamais trop,amis lecteurs), des riffs poilus, des orchestrations néoclassiques (Ode to Joy reprend avec bonheur la trame mélodique de la IXième Symphonie de Beethoveen, mais ce titre est à des années lumières de se réduire à cela),le lexique du métal enchanteur est appliqué avec justesse, avec brio. Ponts,riffs, une guitare Happy métal qui donnerait la banane à un Bela Lugosy et voilà deux perles qui donneront en live l’envie de faire des enfants à Valérie Pécresse (euh…)Et les soli de Charley Corbiaux et d'Olivier Lapauzesont tous, je dis bien tous, réussis!! (Ashen paradise est une tuerie)

Bon on reconnaît bien sûr le son de la sainte trinité germanique su Happy-speed-métal (Helloween-Gamma Ray- Freedom Call) mais ces influences très perceptibles ne sont pas dommageables car les guitaristes butinent dans le meilleur des miels. Un plagiat est cependant perceptible dans l’introduction aux chœurs massifs d’Ashen Paradise qui rappelle furieusement Illluminatiiiiii de Gamma Ray sur le titre Induction de No World order … On a souvent reproché, en ces augustes pages, la proportion de certains groupes et de nos Français à s’inspirer des plus grands.. C’est un débat ancien , regardez Stratovarius a bien pompé le début de Paradise au célèbre 22 acacia avenue de Maiden et personne ne s’en émeut, les ressemblances sont réelles mais rien ne se crée sans héritages et même Beethoveen a, en son temps, été accusé (avec une certaine raison d’ailleurs) de pomper allégrement des parties de musiciens Français. Peut on reprocher à Heavenly la ressemblance de certains passages, peut être, mais une couche d’originalité recouvre l'ensemble de leur musique et elle vient du chant !

Ben Sotto, fondateur historique d’Heavenly est un croisement de Freddy Mercury et de Mikael Kiske qui se fond finalement en un André Matos hexagonal.Mais faut il toujours, amis lecteurs se réduire à des comparaisons réductrices ???Je défie quiconque de ne pas reconnaître le timbre si particulier du Français. Sa voix est très caractéristique et emblématique de la formation tellement elle mène les titres. Ben Sotto développe ses atmosphères (Farewell est une réussite exceptionnelle), son chant suraigu, ses variations, ses chœurs de mamouths (pardon très cher confrère), toutes les mélodies vocales sont directes et efficaces.
Nostalgiques invétérés de Jim Gilette version Freight Train, inconsolables de Daniel Reda, et autres admirateurs patentés de Daniel Balavoine , vous tenez avec Ben Sotto un des meilleurs chanteurs du genre !!

Carpe diem est l’incarnation d’un évolution assez disparate d’un album riche et composite à plusieurs degrés de lectures entre les traces d’une maturité qui s’affirme et les vestiges iconoclastes d’une certaine facilité (soupirs et cris orgasmiques de l’introduction et la pochette pour le moins sexy-tartignole). Le chemin parcouru est ainsi saisissant depuis Coming From The Sky. Quelle progression, quelle évolution, quel professionnalisme, nos sympathiques compatriotes ont acquis. Et c’est d’autant plus remarquable que cette efficacité n’a pas dilué leur enthousiasme ni éprouvé leur mélodies rayonnantes.

Carpe Diem porte ainsi en douceur une évolution inspirée et stimulante. Heavenly a su diversifier son approche mélodique (plus néoclassique sur Ode To Joy, Psychédélique sur Farewell et Better Me)sans se perdre, le meilleur album du groupe, tout simplement. Le plus varié assurément.

0 Comments 07 décembre 2009
Whysy

Whysy

Read more posts by this author.

 
Comments powered by Disqus