Millenial Reign. Power metal, américain, un énième artwork signé Felipe Machiado (oui, les derniers Rhapsody, Blind Guardian, les couvertures interchangeables, c'est lui), de loin ça sent moyen. Remarquez, on évite au moins le gag d'avoir des italiens qui veulent régner mille ans.

*pause syndicale pour digérer le jeu de mot, on se retrouve dans cinq minutes*

Mais à mi-chemin l'impression s'améliore. Déjà parce que que l'artwork ne joue pas avec des teintes de bleu et rouge comme c'est trop souvent le cas avec le dessinateur. Et puis car Millenial Reign ce n'est pas strictement du power. Vous retrouverez dans ce "Carry the Fire" un assortiment de power, heavy, AOR et hard rock. Donc ne pensez pas Helloween ou Gloryhammer, pensez "heavy" sans trop vous poser de question et tout ira bien.

Cela dit, une fois en face de la bête, ce ne sera pas l'extase non plus. Varié, le propos n'en reste pas moins assez pataud, pas aidé par un chant hasardeux et une prod plutôt brouillonne. Après, "Carry the Fire" ne manque pas de bonnes idées. Quelques bons riffs sont de la partie (le morceau titre, I'll Try ou encore Men Stand Alone), on navigue entre plusieurs ambiances, allant de pièces rapides lorgnant du côté de la NWOBHM à du heavy mid-tempo à claviers et le groupe n'est pas mauvais pour pondre des lignes vocales entêtantes lors des refrains. Rien d'original, rien de sublime mais le boulot est fait correctement de ce côté là.

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Ce qui handicape donc l'ensemble tient en deux mots : prod et chant. Dans un premier temps, un habillage un peu étouffé pour les guitares enlève du punch à l'affaire. "Carry the Fire" ne respire pas énormément et demandera de l'attention pour y plonger correctement. Ensuite, le chant haut-perché de James Guest, s'il n'est ni faux ni affreux à défaut d'être génial, s'enferme dans un registre et offre peu de variations. Sur certains morceaux (au pif Innocent Cry), ça peut en devenir crispant en fonction de votre tolérance.

De nos jours, beaucoup de groupes ne prétendent même plus proposer de la musique un tant soit peu originale. Mais certains tirent leur épingle du jeu par un rendu de grande qualité. Après tout, quand tout a déjà été dit et redit un million de fois, il n'y a pas de honte à faire du recyclage si le résultat n'a pas à grand chose à envier aux références du genre. Plusieurs leviers de vont rentrer en compte : compositions, son et interprétation. Millenial Reign est honorable sur le premier et assez moyen sur les deux autres.

Vous comprendrez donc qu'il n'y a pas énormément de choses à tirer de "Carry the Fire". Réalisé honnêtement, il ne fait cependant clairement pas le poids comparé aux autres sorties du genre. Sa volonté de toucher à plusieurs styles tout en gardant une certaine cohérence ne saurait masquer le niveau (encore une fois) pas mauvais mais simplement insuffisant du tout. On gardera toutefois quels cils sur le groupe à défaut de monopoliser un œil entier...

L'album dans une coquille de noix : Avant de vouloir régner mille ans, t'as déjà les rattrapages à passer !