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10 ans et 6 albums. En moyenne une livraison tous les deux ans. Pas mal pour Magica qui, en dépit de l'adversité et des critiques poursuit donc son bonhomme de chemin sans sourciller. Et pourtant, chaque sortie voyait surgir son lot de quolibets, point d'orgue atteint avec "Wolves & Witches", ce qui aurait pu décourager la plus vaillante des troupes. Mais deux ans plus tard, sursaut d'orgueil et bien que désormais, plus personne n'en avait quelque chose à cirer du groupe, "Dark Diary" relevait un peu le niveau et se voyait mieux accepté. Et encore deux ans plus tard, nous voilà donc avec le sixième album de la bande, "Center of the Great Unknown", titre mystérieux et grandiloquent s'il en est. On passera rapidement sur l'artwork qui aurait été sympathique s'il ne puait pas autant l'image de synthèse et le bric-à-brac "viens on met un bateau ici ! Et un dragon...des mers ! Ouais trop bien ! Et une tour façon Jenga aussi !". Concentrons-nous donc sur la musique.

Et bien la musique, pour tout connaisseur du groupe ou adepte du metal gothico-symphonique à chanteuse, ne réservera pas de grande surprise. Magica fait du Magica, avec des morceaux relativement courts (à peine plus de quatre minutes en moyenne) et directs, sans vouloir s’embarrasser d'arrangements particuliers ou de structures trop complexes. "Center of the Great Unknown" est donc un livre dont les pages se lisent assez vite et des fois sans que l'on ait vraiment prêté attention, vous savez, ce phénomène où on lit dix pages d'un bouquin en rêvassant pour se dire "mince, il s'est passé quoi en fait ?". Le but de Magica est donc d'aller droit au but et de laisser la prise de tête au placard, à côté des "Chair de Poule" que l'on n'a pas su se résoudre à vendre mais dont on a tout de même secrètement honte.

Pourquoi pas, le public n'a pas besoin d'un "Cybion" par semaine. Et n'allez pas dire qu'un morceau comme Masterspell ne vous donnera pas le sourire pour la journée. Ou bien qu'un Under the Auroras avec son riff très néoclassique ne saura pas vous dérider. Seulement voilà, l'ambition n'étant pas vraiment de la partie, l'album accuse une faible durée de vie, du genre qui rentre dans une oreille et ressort par l'autre. Non pas qu'il soit mauvais, mal exécuté ou quoique ce soit, c'est juste qu'en simplifiant son propos et évitant d'accoucher de morceaux trop riches ou complexes, Magica perd en profondeur.

Je vous vois venir "et ta mère elle est complexe hein ? Et "Motörhead" c'est complexe ?". Bon, tout d'abord, laissez ma mère en dehors de tout ça et puis surtout laissez-moi finir. "Center of the Great Unknown" a choisi de proposer des morceaux simples mais a oublié d'en faire des morceaux accrocheurs ou tout simplement bons. Car derrière quelques mélodies plutôt sympas et autre riffs pas trop mauvais, nous sommes en présence d'un album assez creux qui sans être horripilant se contente plutôt de charrier du vent ou du vide si vous préférez. Les morceaux s'enfilent [s](comme les téléphones[/s]) comme des perles, recyclent des riffs passe partout, des refrains évident, des soli faisant le minimum syndical et rares sont les fulgurances ou tout simplement les moments marquants qui feront que l'on aura envie de se pencher à nouveau sur la galette.

Et c'est dommage car les musiciens ne sont pas manches, le son est très correct et Anna livre une bonne prestation à défaut d'être inoubliable, dans un registre "à la Tarja" et n'offre que peu de fausses notes durant les onze morceaux de l'album. Mais c'est surtout cet assemblage de morceaux simples, pas franchement très recherchés, écrits en pilotage automatique et les lignes de chant très classiques qui rendent l'ensemble fade et sans relief. Alors oui, une version actualisée de Daca, originellement sur le premier album du groupe, fera office de surprise bienvenue, d'autant plus que ce morceau est chanté en roumain mais cela ne suffira pas pour oublier que le reste n'est pas flamboyant. Du morceau titre très bateau (ahah) et rapidement agaçant au refrain insupportable de King of the World en passant par le riff cliché de Step Into the Night, peu de réjouissances seront là pour vous et il ne faudra compter que sur les morceaux cités quelques paragraphes plus haut ou bien un One Angry Gaïa plus sérieux et bizarrement bien plus intéressant pour garder un minimum d'accroche dans cet album.

Que dire si ce n'est qu'en abandonnant toute ambition, Magica peut donc livrer un album simple et direct mais se contente donc de tracer sa route sans faire de bruit et semble condamné à errer en division d'honneur. D'autant plus que même pour un album simple la réussite est loin d'être en permanence au rendez-vous. On retiendra malgré tout l'habillage sonore de qualité et le fait que le groupe soit en place, mais cela pèse peu sur la balance. Sans demander non plus une œuvre majeure, on sait que Magica est capable de faire un peu mieux que ça. Les fans accueilleront sans trop râler, les autres passeront leur chemin.



0 Comments 18 novembre 2012
Whysy

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