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Thy Bleeding Skies est un combo composé de cinq musiciens provenant de différents horizons. Les racines de la formation sont ancrées dans deux pays européens très actifs : il s'agit de l'Allemagne et de la Finlande. Cette coopération bicéphale officie dans un style hybride à mi-chemin métalliquement parlant entre le death mélodique et le thrash avec toutes les influences que cela peut comporter. Chapters Of Downfall, debut album signé chez Dark Balance, label (hollandais) expert dans ce genre de production, va détoner dans les bacs. En effet, la pléiade de titres propose d'éventrer les styles extrêmes pour en extirper les meilleurs effets. Alors il est vrai que le pari semble ambitieux surtout pour un premier jet dans le mélodeath.

Tels des chevaliers de la table ronde partis à la quête du saint Graal, le groupe s'en va armé pour ramener le plus profond, le plus sombre et surtout le plus puissant des styles extrêmes. Pour ce faire, les musiciens se sont attelés à une base rythmique très soutenue où la double caisse impose son règne. Le batteur JJ Kontoniemi (nom exotique n'est-il pas ?) travaille sans trêve ni repos pour façonner Chapters Of Downfall. Il n'hésite pas à lancer des salves de double pédales au moment opportun conférant un aspect vif et acéré à l'album (« At The Edge »). Sous cette tyrannie des rythmiques, les guitaristes donnent la réplique. Leur jeu est très technique d'une part et efficace en tout point d'autre part . Les lignes mélodiques sont assorties de riffs appuyés apportant une ampleur et un charme hors du commun (« Curveball ») . L'album prend une dimension théâtrale sur les breaks multiples et le talent des musiciens s'élève à un rang supérieur lorsqu'elle s'allie à l'impétuosité.

Avec tout cet arsenal instrumental, le chanteur se doit de faire honneur à la mélodie. Pour saluer l'agilité et la dextérité de ses comparses, Claudio Enzler utilise le fond de ses tripes (soyons clair). Il pousse un chant caverneux, trop caverneux peut-être (« Insomnia ») ce qui le place sur un registre éventuellement plus doom ou black que death. Cependant, l'ambiance d'une vélocité bien présente happe les lignes vocales dans les flots continus du déluge musical. Le vocaliste impose tout de même son empreinte dans des refrains époustouflants (« Burning Angels »). Du coup l'effet est immédiat et on retient les morceaux facilement. Une vraie ingéniosité dans la structure est décelée ici, alors que le chant se montre plus ou moins nuancé, la platitude de l'interprétation est améliorée par la facilité d'approche et pénétrante des refrains. Sur des morceaux comme « Slumber » ou « Where Live Shall Grow » un chant plus doux et clair retentit permettant de sortir un peu de cette recherche dans la puissance, une sorte de bouffée d'oxygène en quelque sorte...

Par moment il est vrai que Chapters Of Downfall se caractérise par une homogénéité assez étouffante. J'ai plutôt tendance à dire, à quelques exceptions près, que si l'album souffre d'une uniformité alors il peut très largement ennuyer l'audience et mener l'album au suicide. L'unité de l'œuvre se phagocyte et le bloc musical ne crée rien de bon. Selon moi, un style plus ouvert et empruntant de bonnes idées est toujours mieux apprécié. Le point à souligner est tout de même le peu d'effort sur la place accordée aux expérimentations, le principe du duo chant clair/saturé est respecté même s'il est devenu un standard dans le domaine. Certains clichés sont osés mais je n'en dirais pas plus, à vous de découvrir (un indice : « Thy Bleeding Skies »).

A contrario, lorsque la trajectoire qui est fixée au préalable est suivie de manière métronymique avec un assortiment d'arrangements d'une richesse insoupçonnée à laquelle s'ajoute une production grandiose... Moi j'adhère. L'intérêt de cet opus ne se dévoile qu'au travers des jeux d'interprétations et les refrains. C'est en posant votre casque que vous entendrez encore résonner ces morceaux dont je parlais plus haut « Just because... », « Insomniaââooooooôôô » ou encore les mélodies qui auront désormais retenu égoïstement toute l'attention. Thy Bleeding Skies effectue presque un sans faute tout au long de l'album et le parcours effectué sur Chapters Of Downfall est relativement remarquable pour un premier essai.

HD

0 Comments 11 avril 2008
Whysy

Whysy

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