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Pour commencer cette chronique, amis lecteurs je tiens en ce mois de révision pour le baccalauréat à débuter par une petite devinette: Qui a dit « J’ai été métal pendant des années… mais je ne le savais pas »???

Cherchons un peu… Nana Mouskouri? Stéphane Bern?? Etienne Daho? Oui Charlemagne???

Hé bah non très chers amis, c’est Christopher Lee!!!. L’acteur octogénaire vampirophile s’est découvert une véritable passion pour le heavy métal depuis sa participation  au Dark secret saga de Rhapsody.. L’immortel Saroumane du Seigneur des Anneaux fait d’ailleurs encore une apparition sympathique sur le morceau introductif de The Frozen Tears Of Angels et depuis ces expériences discographiques, il s’est trouvé des accointances particulières avec cette musique passionnée, envoutante, accrocheuse et, comme il le dit lui-même, immortelle!(Attention Christopher, le grand âge excuse beaucoup de choses mais là, on se rapproche de Joey Demaio tout de même) On ne l’arrête plus, une révélation vous dis je!!

Ces associations inédites ont fait germer un projet incrédule  dans la tête d’un pianiste italien talentueux dénommé Marco Sabiu : un opéra métal symphonique centré sur la vie de Charlemagne, empereur romain des VIII et IXièmes siècles. Comment une telle idée a-t’elle pu naître dans l’esprit de ce musicien-producteur assez étranger aux sphères métalliques? Nul ne le sait car l’artiste était plutôt connu jusque là pour ses productions d’artistes pop comme Kylie Minogue, Take That ou Moby. Quoiqu’il en soit, le caractère inédit de cette association et  la nature conceptuelle du projet ne peut qu’appâter les esprits curieux et pour une fois qu’un sujet érudit s’impose, on ne va pas faire la fine bouche.


Quel courage ne faut il pas pour développer en 2010 un opéra métal centré sur la vie de Charlemagne? Le parti pris est ambitieux  avec un dialogue ficitf entre le jeune empereur et le vieux chef carolingien au soir de sa vie, promesse d’introspection déculpabilisante rétroactive (pfiou je crois n’avoir jamais employé cette expression auparavant). Musicalement le fléau de la balance penche plutôt du côté des orchestrations que de la guitare. Le compositeur principal est un claviériste émérite qui sait développer des ambiances opératiques (Overture, Finale, the bloody verdict of verden)   Les fulgurances épiques de la six corde sont en effet bien rares et jouissives quand elles apparaissent ( The Iron crown of Lombardy, The bloody verdict of Verden, The Oneness Out Of Diversity). C’est à se demander à quoi ont pu servir les trois guitaristes invités crédités dans le livret.Attention on est  loin  de Manowar, Rhapsody of Fire ou encore Blind Guardian:    la plupart des titres sont des mid tempi grandiloquents articulés autour de la voix grave de tenor de Christopher Lee et des orchestrations solennelles sur fond de batailles (Iberia, Overture), de chevaux, ou d’armée en marche… C’est une plongée opératiqye intéressante qui rappelle par moment- et seulement par moment- l’univers dantesque de Nightfall in Middle Earth même si les habitués des formations mélodiques grandiloquentes resteront sur leur faim.


Le  propos se veut sérieux, chronologique et ambitieux, une longue liste d’invités doit même permettre au géniteur du projet de reconstituer la cour d’Aix-La-Chapelle. Cette approche est très louable mais les intervenants n’apportent pas un supplément qualitatif à l’ensemble :on est loin, très loin d’ un Avantasia ou  d’Ayreon en renommée et en diversité des invités.  Le jeune Charlemagne Vincent Ricciardi, le pape Hadrien Mauro Conti (très bon), Hildegarde, l’épouse du barbu, Lydia Salnikova (peu présente) et une chanteuse narratrice Christi Ebenhock (The Iron Crown OfLombardy) sont en effet assez inconnus et servent finalement de faire valoir à la voix vénérable de Christopher Lee.

Les interludes narratifs sont très présents et s’ils précisent grandement le contenu biographique, assure la liaison,  les passages parlés c’est comme les chopes de ptit punch  il ne faut pas en abuser. Cinq interludes parlés séparent les vraies pistes et ce n’est pas pour le meilleur:Ces pauses gênent l'écoute globale et on est loin de la rigueur analytique d’une étude historique, le  propos est très descriptif et donc redondant surtout que l’ambition historique est battue en brèche par le Kitsch décalé de certains passages. Est on vraiment préparé au début du XXI ième siècle à entendre Christopher Lee répéter un « I shed the Blood of saxon men » ligne de chant déjà cultissime sur l’entraînant et épique The Bloody Verdict Of Verden?? Peut on aussi ne pas sourire au kitschissime Starlight et son autre méga-imparable refrain" Charlemagne, Charlemagne,The power and the glory of your destiny"!! Ecoutez on croirait un morceau d’ouverture des Jeux Olympiques!! Surtout que les vidéos promotionnels présentant un musicien jouant de la guitare avec une épée en carton au côté d’un Christopher Lee présenté comme Charlemagne grâce à une couronne rescapée de la galette des rois 2009 n’aident déjà pas à la respectabilité de l’ensemble, on peut se demander par moment si cet album n’est pas le pendant discographique des productions filmographiques les plus triviales de l’acteur.

Le projet Charlemagne est par bien des aspects avant-gardistes et exigeant. N’Est-ce pas la naissance du Géronto-historic-orchestral métal??:) Il pourrait effrayer bon nombre d’amateurs par la répétition des  interludes historiques et la voix si particulière de Christopher Lee. Il faut une bonne dose d’ouverture d’esprit, une sensibilité maximale au quatrième degré et de la patience pour pouvoir seulement apprécier certains passages.

0 Comments 22 juin 2010
Whysy

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