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Avec leur cinquième album en dix-sept années d'existence, les toulousains de Sidilarsen poursuivent tranquillement leur petit bonhomme de chemin, malgré leur relatif anonymat dès que l'on dépasse les frontières du landernau rock-metal.

Toujours dans la même veine un peu néo, un peu indus, un peu électro-rock, ce Chatterbox est un sympathique recueil de chansons puissantes et de textes convaincants, sans être envoûtants. Les mecs ont encore la rage et ça s'entend, et c'est sans doute ce qui rend cet album plus intéressant que le style musical assez pauvre aurait pu le laisser présager. Cette sensation d'honnêteté qui transpire de chaque texte, chaque mot, et l'énergie vivifiante que dégage chaque partie instrumentale ajoute à ce « moulin à paroles » une véritable plus-value.

Parce que soyons honnêtes, question son c'est pas non plus à se taper le cul par terre. A vrai dire je ne savais pas qu'on faisait encore ce genre de musique. Mélange entre le Rammstein fin de siècle et le Mass Hysteria de De Cercle en Cercle, même s'il manque à cet opus une écriture mélodique pour pouvoir espérer se hisser au niveau des grandes pièces du genre. Mais après tout, c'est justement le credo de Sidilarsen, ils ne sont pas des esthètes de la rime ou des perfectionnistes du motet, ce qui compte c'est la percussion du message. Et vas-y que ça envoie les « Avons-nous payé le prix du sang ? », « Nous sommes des milliards contre une élite », réjouissant. Et en cela, Sidilarsen me fait un peu penser à Rage Against The Machine, un RATM électro orienté rock, avec des passages carrément rap (l'excellent Nos Anciens). Fusionnel.

Le mojo du groupe repose essentiellement sur le duo Didou-Viber, deux chanteurs c'est pas fréquent dans le rock mais là ça marche à fond. Les deux zigotos se répondent, se superposent, alternent les rôles et leur jeu tient l'auditeur en haleine, c'est là qu'est tout l'intérêt de chanter en français. Parce que sincèrement, si L'ivresse Des Maudits ou Unanimes étaient chantés en moldave, pas sûr qu'ils aient le même intérêt. Si vous sentez l'euphémisme.

Les riffs sont puissants, les tempos balancent entre martial et dance-floor, la rythmique très efficace et le duo/duel vocal se module au gré des structures, parfois plus mélodiques mais sans jamais qu'elles ne soient très travaillées, privilégiant un esprit punk au service de l'efficacité du message. Le groupe parvient tout de même à glisser quelques références dans des ambiances parfois plus distinctes, comme dans l'excellent Hermanos, ou l'intéressant Des Milliards, au très long final participatif. Enfin, le texte puissant de Matière Première (« quel profit social généré quand ils te jettent dehors ? ») est un véritable cri de guerre, à une époque où trop de groupes se contentent de parler de gonzesses et de bagnoles pour certains, de chevaliers et de dragons pour d'autres. Ne nous méprenons pas, j'adore les gonzesses et les dragons (les chevaliers et les bagnoles déjà un peu moins), mais ça fait du bien d'entendre des gens qui sont conscient de se qui se passe autour d'eux.

0 Comments 03 mars 2014
Whysy

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