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Novembre est un groupe italien relativement méconnu dans nos contrées. Et à l’écoute de ce monumental Classica, on est vraiment en droit de se dire que cela est bien regrettable. J’ai dit italien ; mais désolé de vous décevoir Duck et Dragonman mais pour une fois il ne s’agit point de Metal symphonique à claviers faisant pouèt tût !! Sorti en 1999, Classica est le troisième album du groupe, fondé par les deux frères Orlando, se partageant entre le chant et la guitare pour l’un, la batterie pour l’autre. Le groupe possède également son bassiste et son second guitariste. Le gros problème (même si cela s’avère au final être l’un de leurs principaux atouts), est que l’on ne sait sous quelle étiquette les ranger : on pense au heavy, pour les solos, au doom pour de nombreuses parties de guitares, au black pour la batterie et parfois le chant, au death pour la production massive et parfaite, et le chant dans la plupart des cas. Au final, je qualifierais donc le groupe de Heavy-black gothique et atmosphérique.

Et croyez moi, le groupe porte bien son nom : si c’est à moi que l’on avait demandé d’illustrer la pochette de ce Classica, je puis vous assurer que j’aurais choisi un dessin bien plus onirique au lieu de cette œuvre pour le moins douteuse à mon goût. Et je le précise d’entrée de jeu, la musique du combo est très accessible, jamais brutale. Bien, je crois que les présentations sont faites, nous pouvons donc commencer.

Je suis désolé, mais je pense que le seul moyen d’aborder cet album est de le faire chanson par chanson, alors et bien… bon courage, chers lecteurs, allons-y et lançons nous !!


Cold blue steel : deux petites notes de synthétiseurs, quelques roulements de batterie, une guitare rythmique à laquelle vient s’ajouter un court solo, et le ton est donné. Nul besoin de préambule pour rentrer dans l’univers du groupe. Et voilà que soudain, Carmelo arrive. Comment décrire son chant ? Plus proche du death que du black, écorché mais puissant, sans jamais donner dans l’agressivité pure et dure…Les couplets présentent un contraste saisissant : les guitares semblent jouer leurs mélodies, simples et presque dynamiques, tandis que le chant continue à cracher sa rage. Et pourtant, une grande harmonie, une sorte de paix se dégage de l’ensemble. Et puis, sur un râle étouffé, le morceau prend une autre dimension, belle, atmosphérique, calme…avant de revenir sur les ambiances de la base. Qu’on le veuile ou non, on est déjà conquis !!

Tales from a winter to come : Une mélodie acoustique nous ouvre les portes de cet univers sombre et d’une mélancolie poignante .La basse égrène ses notes avec tristesse, tandis que le chant, clair, calme et distant exprime la tristesse et le désarroi d’une âme solitaire. Il en est de même sur les couplets. Le chant est impuissant, le personnage est irrémédiablement prisonnier. Il ne peut que nous confier sa sublime complainte, relayée par la rythmique lente et belle… Lorsque soudain, la batterie et la rythmique reviennent dominer l’ensemble. Alors le death rageur reprend… Carmelo est un chanteur extraordinaire. Il n’exprime pas de haine mais un message qui trouble par sa sincérité. Le morceau reste lent, mais rendu massif et si prenant par des changements de rythme constants, des lignes de basse inspirées, un jeu de batterie extrêmement technique, mais jouissif. Et quand le solo débarque, on pense à une sorte de heavy gothique sublimé par la rythmique et la batterie, vraiment extraordinaire. Ce morceau est prenant, fragile et délicat aussi bien que puissant et ténébreux ! Incroyable.

Nostalgiaplatz commence aussi lentement : la guitare présente des sons saturés, des arpèges flottants. Elle appelle, résonne, plaintivement… et le batterie monte, lui répondant, saccadée, et la mélodie se lance… C’est triste. On dirait vraiment un écueil perdu, un air de mélancolie, lorsque la force des souvenirs vous cloue implacablement.. la nostalgie. Ici, le chant clair est très tendre. Au début en retrait, il s’affirme progressivement, vous invitant avec douceur à pénétrer dans son univers personnel, à vous replonger vous aussi dans vos souvenirs… c’est si doux, si agréable ! Comme si une âme amie venait à vous, pour vous soutenir et vous comprendre… Et le solo : un chant ! une ode à cette nostalgie !!

My starving Bambina commence en vous offrant encore un peu de tendresse : le chant est une nouvelle fois en retrait ; et si l’introduction est plus rythmée, on s’attend à une nouvelle pièce triste et lente. Mais voilà que le chant death et des rythmiques plus heavy refont leur apparition. Les lignes de guitares sont étonnantes : simplistes, répétitives, elles font pourtant mouche, toujours accompagnées du chant rageur de Carmelo. Ce morceau est intéressant, car douceur et violence y trouvent un équilibre avec le retour du chant clair.. très prenant encore une fois en tout cas, mais toujours si triste !! Mais voilà qu’à la troisième minute exactement, une partie de chant se montre décalée : elle est positive !! est-ce possible, de sentir enfin l’espoir, la clarté remonter ? Mais non, aussitôt la mélancolie nous reprend et se charge d’achever le morceau… comme un disque rayé.

Love story : un début attractif, plus puissant, montrant que nos italiens hivernaux se sont réveillés et sont prêts à envoyer la sauce !! Et pourtant, est-ce les riffs où l’ambiance ? Je trouve cela moins prenant. Mais attention, aux environs d’une minute 3O arrive le passage qui est pour moi le plus jouissif du CD, extraordinaire. Il s’agit d’une suite de gueulements (pas moyen d’appeler ça autrement) du sieur Carmelo !! C’est le moment le plus violent de l’album mais c’est d’une puissance incroyable !! J’ai le sentiment de n’avoir jamais entendu ça nulle part !! Sur le troisième cri, par exemple, on dirait qu’il souffre, qu’il ne parvient plus à exprimer distinctement l’ampleur de son tourment !! Incroyable à quel point on a le sentiment que Carmelo créé son propre type de chant : ni death, ni thrash, hurlé mais si puissant et bien utilisé. Et sur la fin du morceau, quelques notes de synthétiseurs, tristes à pleurer, noyées dans un brouillard impénétrable, nous rappellent une dernière fois avant que ce fabuleux morceau ne s’achève…

L’époque noire : Les rythmiques évoquent presque le doom Metal avec cette batterie puissantes et ses riffs traînants, lourds… Le départ se fait inquiétant : la voix, inquiète, susurre.. les rythmiques grincent, semblent hésiter à partir.. Mais un morceau de Novembre ne reste jamais trop longtemps pareil… Et puis, voilà que le morceau se ralentit… la batterie nous met dans le rythme, la guitare est d’une mélodie incroyable, et puis soudain, la montée en puissance se fait, la batterie résonne, la guitare s’accélère tout en gardant ses charmes mélancoliques, et la magie opère. Et puis, Carmelo revient nous cracher sa rage, sans craintes de ce que l’on pourra ressentir, libéré de toutes contraintes, près à se dresser devant nous, à nous dévoiler son mépris, sa peine, sa rancœur. La batterie va même jusqu’à blaster pour une fin assez abrupte.

Onirica east : La guitare démarre, électro acoustique, d’un calme aussi inquiétant qu’apaisant. Le chant clair, simple, l’accompagne. Puis soudain, une ligne de guitare électrique monte, toute seule d’abord puis accompagnée par la batterie et le chant, death… Nous voilà repartis dans un morceau intense : écoutez moi ces parties de basse et ce chant clair si beau à la fin de la 2ème minute !! C’est presque incantatoire et si prenant !! Mais cela s’arrête brutalement.. Et voici, alors que nous n’avons pas eu le temps de nous remettre de notre surprise, le passage musical le plus brutal de l’album… Insensible à la rage de la batterie qui blaste à tout va et au chanteur qui ne sait plus comment manifester l’ampleur de sa souffrance, la guitare répète ses lignes, imperturbables… pour déboucher sur un passage très heavy, et efficace, puis un solo.. Étonnant, mais fabuleux encore une fois !! Intense !! Puis, transition, et c’est l’acoustique qui revient nous chercher, avec une mélodie un peu Opethienne, tandis que le chant clair renchérit ; plaintif et beau. Mais la batterie hésitante d’abord et rapide ensuite vient s’ajouter à l’ensemble.. et voilà une reprise du passage violent que je mentionnais précédemment. Mais cela s’enchaîne avec une logique incroyable !! Portés par l’ambiance de l’album on ne s’en rend pas compte.

Foto blu infinito (instrumentale) : encore une introduction toute calme, tranquille. Une saveur typiquement méditerranéenne vient nous caresser les oreilles, par le biais d’une guitare acoustique simple autant que touchante ! Pour un peu on se laisserait bercer… Mais bientôt la mélodie retrouve les couleurs mélancoliques si propres au groupe.. et c’est si beau une fois de plus !! Et les éléments Metal reviennent terminer l’ensemble, tout naturellement !

Winter 1941 reprend la mélodie de Tales, mais jouée différemment, et plus rapide. Et le morceau se lance… puissant encore une fois ! Le rythme est nettement plus rapide, mais l’ensemble garde une profonde touche mélancolique. Et avec un cri écorché, le chanteur revient avec naturel se poser sur l’ensemble. Et les mélodies sont toujours parfaites. Le morceau joue sur l’alternance de passages très calmes et de poussées black plus violentes pour un rendu indescriptible… à l’image du final du morceau, où le chant clair fait des merveilles.

Tales (reprise) : et nous voici à a fin de notre périple. Le dernier morceau empreinte, comme son nom l’indique, quelques éléments à la seconde piste… mais s’avère encore plus noir. Le ton est calme, posé, le chant clair comme d’habitude, en retrait, comme impuissant face aux ténèbres qui se répandent partout et chassent la moindre note d’espoir naissant. Le soleil se voile, le froid de Novembre pénètre partout, envahit tout, fige l’instant… Apeurés, perdus, hagards, suppliants, nous espérons, pauvres naïfs, que la fin de l’album apportera une nouvelle couleur, un soupçon d’espoir… mais non, insensible à votre attente, l’album se termine, achevant ainsi votre voyage.


Au final, voilà un bien bel album, indéfinissable, mais terriblement sincère. Je pense que l’on peut le recommander aux fans d’Anathema, Opeth, In the woods et Katatonia, même si le groupe se créé une identité très particulière pas si éloignée d’un death mélodique par moment. Mais (est-ce dû à ses origines ?) le groupe s’écarte complètement des scènes nordiques ou américaines et c’est tant mieux !!
Cette œuvre n’est pas forcément éminemment complexe, mais elle balaye un large spectre d’émotions et sonne comme un véritable cri du cœur et c’est bien là l’essentiel. C’est ce qui fait d’elle un chef d’œuvre accompli, pas si original et pourtant parfait !! Novembre, à défaut de révolutionner les styles, possède un son, c’est indéniable. Et accomplis avec Classica la pièce majeure de sa discographie. Magistral.

Gounouman

0 Comments 28 avril 2006
Whysy

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