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Il est fort possible que vous attendiez avec impatience la sortie d’un nouvel opus de la chanteuse finlandaise qu’il n’est plus besoin de présenter, Tarja Turunen. Il n’est pas utile de vous cacher, on est plusieurs dans ce cas-là.  En tout cas, c’est votre chance puisque, trois ans après What Lies Beneath, sort en ce mois d’aôut 2013, Colours In The Dark le troisième opus de l’artiste. Tarja, qui a encore une fois mis sa voix au boulot pour le plaisir de nos oreilles,  a travaillé petit à petit, pendant deux ans et demi, entre les tournées, pour préparer ce nouveau disque qui se veut fort et bigarré. Fin du suspens, il est temps de faire le point.

La première écoute a été, il faut bien le dire, laborieuse. Comprenez-moi bien. Il est facile de voir où Tarja veut en venir, ou plutôt, comment elle construit son univers musical. Jamais vraiment satisfaite de la routine, des airs qui se ressemblent, la chanteuse finlandaise a à coeur d’incorporer des élements nouveaux dans chacun de ses albums. D’où cette sensation d’errance qui prend l’auditeur à la découverte de Colours In The Dark. L’opus est donc difficile à appréhender et il faut plusieurs écoutes pour parvenir à dompter la bête.

Même si vous êtes familier avec les précédents opus de Tarja, il est tout à fait possible que ce nouveau disque vous surprenne, en espérant que cela soit dans le bon sens du terme, avec les nombreuses “surprises” et ornementations qui agrémentent Colours In The Dark. Surtout que Tarja attaque bille en tête avec son premier single “Victim of Ritual” dans lequel elle joue avec un style plus “opératique”, roulant les “r” à l’excès durant le refrain. On peut avoir du mal à s’y faire mais finalement “Victim of Ritual” est un titre efficace et enlevé, sans être trop pompeux.

Et, du coup, on en revient (toujours) au plus grand problème avec la musique de Tarja. Comment éviter l’écueil de la surenchère? Nous sommes tous ici conscient de ce que Tarja est capable de faire. Mais par une mystérieuse règle qui semble inscrite dans au fin fond des âges (du metal du moins), il est difficile d’associer frontwoman ou chanteuse avec sobriété. On est souvent dans l’excès, l’escalade. Comme s’il s’agit d’être la plus forte, la plus innovante, la plus délurée, etc. Que se soit pour attirer l’attention ou “égaler” leurs confrères de la gente masculine, ce n’est pas le débat ici. Ce qui importe c’est que Tarja n’échappe pas à la règle. Dans ses précédentes productions, elle avait tendance à vouloir en mettre plein la vue au détriment parfois de la qualité des chansons.

Dans Colours In The Dark, notre finlandaise préférée se livre toujours à ces coupables poussées de créativité sinon bizarres du moins psychédéliques. Comme en témoigne, “Lucid Dreamer” ou la fin (très très énervante) de “Never Enough”. Si le premier morceau reste pas trop désagréable à écouter, en raison de ses rythmes lancinants qui s’accordent bien au style de chant de Tarja sur cette chanson, “Never Enough” est trop banal pour convaincre. Présenté comme un titre dynamique, il manque cruellement de fantaisie et reste beaucoup trop classique dans sa composition.

Mystique Voyage” baigne aussi dans cette atmosphère très éthérée qui englobe Colours In The Dark mais lui bénéficie clairement de ce choix musical. Lent et onirique, il reflète complètement ce qu’il est sensé représenter: une invitation au voyage et à la rêverie. Dans un genre similaire, “Deliverance” sied parfaitement à la voix cristalline de Tarja. Le morceau met en avant les vocalises de la chanteuse ce qui lui donne un aspect très aérien et léger. Enfin, malgré une approche très classique, “500 Letters” parvient à tirer son épingle du jeu en proposant simplement des mélodies et des rythmes avec lesquels la chanteuse finlandaise se sent à l’aise. Un titre qui ne va pas chercher midi à quatorze heures mais qui va également droit au but.  

Malheureusement, à coté de ces titres efficaces, on en trouve des moins heureux. “Neverlight” pourrait être incisif, puissant et vibrant. Mais noyé dans un marasque mélodique pas toujours bien inspiré, il est seulement anecdotique et peine à trouver sa place. “Darkness”, la désormais traditionnelle reprise du disque, que l’on peut aussi ranger dans la catégorie des chansons pendant lesquelles l’artiste finlandaise a voulu explorer de nouveaux horizons artistiques,  manque cruellement de saveur. L’idée de modifier la voix de Tarja pour la rendre plus mécanique, plus “bestiale” était bonne mais elle ne rend pas grand chose, du moins sur ce morceau. “Darkness” reste plate, coincée à mi-chemin entre hargne et lenteur.  Tout comme “Medusa”, dont l’aura un peu fablarde, handicape la dynamique, ce qui dommage pour un morceau qui se charge de conclure Colours In The Dark.

Enfin, que serait un album de Tarja sans ballades? Si “Mystique Voyage” et “Lucid Dreamer” ont toutes les deux des accents balladeurs marqués, c’est “Until Silence” qui remporte la palme de morceau mélancholique. Hélas, il ne fait pas le poids face aux autres ballades de la chanteuse. Surtout comparé à la très réussie “The Archive Of Lost Dreams” sur l’album précédent. C’est dommage parce que Tarja fait d’habitude des merveilles avec ce genre d’exercice.

Au delà de ces défauts, toutefois, Colours In The Dark s’écoute pour la belle voix de son interprête principale qui prend le parti de vouloir nous surprendre une fois de plus (et puis on ne sait jamais les entendre en concert peut transformer les morceaux). C’est assez concluant puisqu’au final, ce n’est (toujours pas) jamais vraiment ce que nous attendons d’un album avec Tarja au chant. A se demander en fait si, justement, nous n’en attendons pas trop d’elle et que c’est la raison pour laquelle la réalité n’atteint jamais tout à fait nos espérances. Tarja a manifestement bossé: Colours In The Dark se veut coloré (justement), varié, presque vibrant. Malheureusement, le rendu final ne reflète pas toujours les ambitions de sa créatrice. Colours In The Dark est un peu trop pâlichon et manque de hargne. Pas vraiment mauvais mais moins bon que What Lies Beneath, qui était pourtant classique, ce troisième opus de Tarja en est presque décevant. Peut-être parce qu’on en attend l’impossible.

Sans doute. Mais peut-être aussi parce qu’il lui manque toujours l’étincelle magique, à moins que ce soit l’innocence.

Nola

0 Comments 24 août 2013
Whysy

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