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Voici donc le deuxième opus réédité du projet du sieur Parry. Bon … Comment dire ? Il est dans la continuité du premier, mêmes musiciens, mêmes recettes, même voix agaçante, … C'est pro, c'est propre, rien à redire sur une production des plus correctes. Les différents instruments se détachent bien les uns des autres, le concept est marrant au départ : un monde post apocalyptique où les femmes sont au pouvoir, et les hommes rejetés avec leurs moeurs barbares ; c'est sombre et déprimant, Neofems contre Monomales.

Là où ça pêche, c'est le manque d'originalité. Des riffs, des combinaisons refrains/couplets/soli, des notes tenues longuement (What you sow, you reap) entendus des milliers de fois. C'est la linéarité des compositions, peu différentiables de celles de l'album précédent, c'est une voix au registre limité qui ne véhicule aucune émotion (non, l'ennui n'est pas une émotion!). Ce disque ferait un parfait fond sonore pour un festival ou un concert, quand la foule se rassemble et attend patiemment que ses idoles apparaissent sur la scène, et pendant l'entracte entre deux groupes. Bref, ces moments où, distrait, l'on ne prête aucune attention à ce qui passe par les hauts-parleurs.
Consortium Project se veut progressif, mais le progressif n'est qu'une idée floue à peine exprimée tout au long de ces 11 titres de heavy-métal.

Et pourtant, cet album est meilleur que son prédécesseur. Plus varié, plus heavy, avec son lot d'expérimentations. Ian Parry et sa bande osent s'aventurer dans des territoires incertains où les  guitares scintillent de milles feux au sein de compositions hésitant entre banalité et audace (the Catalyst, Asphyxia, Poetic Justice, Intrusions of Madness). Consortium Project s'essaie aussi au mélange des langues (Non, pas celui auquel vous pensez et qui est si délicieux.) : passage parlé en italien dans (Momentary) Lapse of Reason, en allemand sur Asphyxia, en français sur Collide-o-Scope (When past and present collide). Bien que cette initiative louable, partant d'un bon sentiment pro-européen, Love and Peace et tout ça soit à saluer, on en vient très vite à regretter un tel élan d'innovation. Déjà, les textes ne volent pas plus haut que ceux du reste de l'album. Quand on ne comprend pas  l'anglais, comme la majorité de nos concitoyens, on ne se rend pas vraiment compte. Malheureusement, l'immense majorité des Français et francophones que nous sommes comprend le français, et des phrases comme « Il y a une multitude d'exemples, de manières où le passé se heurte au présent –
ce sont des sujets de conversation ou de discussions philosophiques »(sic) … sont loin de laisser un souvenir impérissable. Les trois autres phrases en français sont du même acabit. Ce doit être la même chose pour l'italien et l'allemand. Alors, d'accord, ce n'est pas la langue maternelle de Mr Ian Parry, mais un de ses guitaristes s'appelle Patrick Rondat, et lui est français. Donc, pas d'excuses ! Au tableau d'honneur de la médiocrité !!
Mais s'il n'y avait que les textes, qui s'en soucierait ?  Autant l'italien passe bien dans (Momentary) Lapse of Reason, autant n'est pas Rammstein qui veut et Asphyxia ne donne vraiment pas envie d'entendre une déclaration d'amour dans cette langue gutturale.
Fallait-il vraiment inclure ces introductions pathétiques à des pistes déjà peu gâtées ? Fallait-il vraiment oser la récitation monocorde de phrases absconses dans la langue de Molière (si si, écoutez ce court monologue ! Si l'envie de préparer un cocktail multi-vitamines/café/ginseng pour le pauvre récitant comateux ne se fait pas irrésistible ...)

Et je ne vous parle même pas des choeurs … Ah, si, tiens, parlons-en. Bien trop en retrait, et limités à deux syllabes différentes, une par phrase sur Poetic Justice, ils ont la même fonction que les bruits  d'ambiance : faire du remplissage. Gooooo … Noooow … Ça, c'est du choeur de compétition, ça mérite les meilleurs vocalistes du pays … Sur les autres pistes, leur utilité est plus que discutable également ;  effacés, un nombre famélique de mots à chanter, c'est à peine si on s'aperçoit de leur présence.

Alors, qu'en retenir de positif ? De sympathiques soli, et une rythmique carrée, une volonté d'innover, de tenter des expériences, une production propre. C'est maigre.
Cet album est un poil au-dessus de son prédécesseur, mais c'est vraiment trop insuffisant pour graver son nom sur le marbre du Hall of Fame.
Si vous ne savez pas quoi faire de votre argent, que vous êtes riche à millions ou simplement dans l'obligation de faire un cadeau à quelqu'un que vous n'aimez pas, Continuum in Extremis est pour vous. Pour tous les autres … Vous avez sans doute mieux à faire de vos oreilles, et de vos deniers.

0 Comments 16 mars 2012
Whysy

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