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Nul besoin de revêtir ma panoplie de marabout et de lire l’avenir dans mes boules pour vous annoncer ce triste présage : Continuo Renacer, comme de nombreux groupes outrageusement doués, ne connaîtra certainement pas le succès qu’il serait pourtant en droit d’attendre. Pourquoi tant de pessimisme de ma part ? Parce qu’il faut bien admettre que le style pratiqué par ce groupe est loin d’être le courant musical le plus porteur aujourd’hui (économiquement parlant), et ce malgré des qualités indéniables. Quel est ce style si particulier et en dehors de toute norme, me direz-vous ? Et bien, comment vous dire... Imaginez un mélange de Death Metal technique, de Progressif torturé et de Jazz alambiqué, le tout uniquement instrumental, et vous aurez une idée de l’OVNI musical qu’est Continuo Renacer !

Décrypter cet album dans son intégralité, morceau par morceau, tient de la gageure, car chaque titre est incroyablement riche et complexe, se structurant autour d’un enchevêtrement de démonstrations instrumentales. Les compositions deviennent véritablement schizophréniques : elles alternent entre passages calmes et atmosphériques typiques du Prog’ estampillé 70’s, et accélérations furieuses dignes des plus outranciers groupes de Death Metal (The chaos theory...) ; le tout agencé aux grés de changements de rythmes aussi brutaux qu’inattendus. Paradoxalement, et c’est assez rare dans le monde du progressif, les titres ne s'étirent pas sur la longueur (cf. tracklist) et l’album dans son intégralité ne dépasse guère les 38 minutes.

N’étant pas moi-même musicien, je ne me risquerai pas dans des considérations purement techniques concernant la performance des protagonistes. Cependant, il faut bien reconnaître l’incroyable habilité des musiciens, à commencer par Arkaltz " Kako " Carrasco dont le jeu de basse est absolument ENORME et représente indéniablement l’un des points forts de cet album ! Mixée très en avant, la basse ne se contente pas seulement d’assurer la rythmique (et quelle rythmique ! ) mais elle contribue pleinement au thème principal des morceaux (Fusion for suckers, Lost in the black matter). Et c’est là un fait suffisamment rare dans les productions Metal classiques pour être souligné, et même chaudement encouragé !
Coup de chapeau, également, au batteur Xabi Martinez qui officie sur le disque (désormais remplacé par Imanol Alzpuru à qui je souhaite bonne chance... ), dont le jeu hallucinant m’amène à croire que ce dernier est mi-homme, mi-pieuvre ! Il jongle avec une telle maestria sur son kit que la rythmique engendrée reste rarement identique plusieurs secondes d’affilées... Les espagnols ont ainsi truffé leur compos de rythmes syncopés et de nombreux contre-temps, trahissant par là même des influences évidentes à rechercher du côté d’Atheist, Cynic ou Spiral Architect tant l’ombre de ces géants plane en permanence sur cet opus.
Quant au guitariste, Javier Gutiérrez, il n’est pas en reste et sait faire preuve d’autant de démonstrations techniques avec sa six cordes (The chaos theory...) que de feeling et d’émotions (...and the harmony therapy, The unknown man). A noter qu’il délaisse sa guitare électrique pour une guitare acoustique sur le dernier morceau, Tap that angel, dont les sonorités flamenco en font un titre particulièrement réussi.
A ce trio d’élite, s’adjoint le temps de quelques titres un claviériste, Fredy Pelaez, dont les sonorités de mellotron contribue à renforcer l’ambiance 70’s déjà présente (Fusion for suckers, The blessing of the damned ones) ; ce qui n’est pas sans rappeler les sphères musicales des frenchies de Regency (autre excellent combo de Prog’ instrumental).

Réaliser un album exclusivement instrumental est un exercice pour le moins risqué, car outre une technique irréprochable, il demande énormément de talent et d’agilité pour maintenir l’auditeur attentif tout au long des morceaux. Pari réussi pour Continuo Renacer qui, malgré les nombreux changements de rythme et les incessantes successions de plans musicaux, parvient à conserver une certaine unicité dans les compos, et permet à l’auditeur de voyager dans un univers musical abstrait et surréaliste.
Un album absolument fabuleux donc, à réserver toutefois aux plus aventureux et ouverts d’esprit d’entre vous. Mais puisque des preuves valent mieux qu’un long discours, et pour vous en convaincre, visitez donc la page Myspace du groupe à cette adresse : [a]http://www.myspace.com/continuorenacer[t]http://www.myspace.com/continuorenacer[/a].

Bonobo

0 Comments 17 août 2006
Whysy

Whysy

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