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Il y a quelques années, alors que je pratiquais le skateboard dans un spot reculé de la ville, je me suis fait mordre par un zombie. Depuis je suis l’un d’entre eux. L’un d’entre je ne sais qui, je ne sais quoi, peut-être même n’ai-je plus de semblables ici bas. Je vis seul, reclus dans le sous-sol sans issue d’un bâtiment désaffecté, n’ayant pour seule liaison avec votre monde une grille d’aération, par laquelle j’entends parfois le bruit de skateboards dévorant le bitume. Dérisoire distraction de mon âme résignée et dévorée par le temps, ce bruit me rappelle mon ancienne existence, l’espace d’un instant, avant que mon esprit soit à nouveau annihilé par les ténèbres, lentement consumé par une vaine et unique pensée : sortir et mordre un humain.

Pourtant, aujourd’hui, un objet probablement tombé d’un sac d’un de ces jeunes skaters, vient bouleverser ma souffrance. Passé par la grille d’aération, un disque se retrouve à mes pieds décharnés : 5 Star Grave - Corpse Breed Syndrome. Par chance, les musiciens de 5 Star Grave semblent accorder de l’importance, du moins de l’attention, aux gens de mon espèce. Pour la première fois depuis ma transformation en mort-vivant, je me sens un peu moins mort que vivant. Je vais pouvoir écouter ce disque (eh oui j’ai aussi un lecteur CD dans mon sous-sol) qui s’annonce autrement plus passionnant que l’observation des vers dans mon corps en perpétuelle putréfaction, mon autre distraction.

Quelle genre de musique les êtres de mon espèce peuvent-ils bien susciter ? Une sorte de death-rock qui a plutôt le feu au cul et qui déménage sacrément, au point que les quelques rats qui me tiennent compagnie aujourd’hui déguerpissent vite fait dès le premier rugissements de Ain’t That Saint, le titre d’ouverture. Le chant est constamment double, l’un death, l’autre plutôt black suraigu, et sonne comme un dialogue de fous furieux entre deux zombies schizophrènes, me ramenant sans cesse à mes crises de démence. Si ce petit jeu de dialogue d’aliénés peut vite crisper, il faut avouer que la prononciation est de qualité et que les textes sont parfaitement audibles.

Les titres sont exécutés à grande vitesse et vont droit au but, mais débouchent bien vite sur des refrains à l’image de ma piètre existence, sans grand intérêt. Les lignes de chant donnent vraiment l’impression de n’avoir pas fait l’objet d’une recherche d’envergure, c’est du vite-fait mal fait, dommage.

Heureusement, les solos de guitare sont plus inspirés, certains bien rock et bien gras font carrément du bien par où ça passe, du bien à mes vieux boyaux perforés. On y ressent d’ailleurs quelques influences aux détours d’un riff ou d’une mélodie. Impossible de ne pas penser à The Offspring sur bon nombre de riffs, impossible d’ignorer le spectre de Lordi sur le son de la boite à musique en fin de Slightly Slutty Behaviour ou sur le refrain de Cut You Out. Pour citer des comparaisons plus évidentes, citons également leurs confrères italiens de Raintimes, qui œuvrent un peu dans le même style mais de bien meilleure façon.

Dérisoire compensation, Core Dead, Core Of Worms, et Back To The Morgue, sont de véritables hommages à mes semblables les morts-vivants. Cependant, me voilà attristé de constater que ces titres sont assez pauvres, pas vraiment insupportables mais sans intérêt tout simplement. Ce n’est pas le clavier synthétique cold wave, instrument majeur puisque omniprésent, avec ces mélodies à deux francs, qui va m’inciter à écouter à nouveau ce disque. Je préfère encore rester prostré dans mon sous-sol avec comme seule mélodie celle du grignotage de mes viscères par mes compagnons les rats.
[right]Chris[/right]

0 Comments 09 décembre 2009
Whysy

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