Ils ont faim, les italiens de Hollow Haze, ils ont faim ! En effet, une seule année sépare "Poison in Black" de "Countdown to Revenge", leur nouvelle livraison. Mais si on se souvient bien, dès la sortie de l'album précédent, le groupe avait annoncé travailler sur un projet bien plus ambitieux, histoire d'occulter le fait que l'album en question n'était pas vraiment folichon. En effet, un heavy orchestral inégal et entaché d'un chant assez crispant était au programme et on se demande aujourd'hui quels sont les arguments que Hollow Haze possède pour justifier que l'on s'intéresse à cette nouvelle offrande.

Et bien ça va être court : encore plus d'orchestrations et Fabio Lione au chant. Oui, vous avez bien lu, le nouveau chanteur d'Hollow Haze n'est autre que le fameux Hollow Haze qui, si on fait les comptes bosse chez "Rhapsody of Thunes", "Vision Divine", "Hollow Haze" et aux dernières nouvelles fait encore le pigiste chez "Angra". Besoin d'argent le Fabio ? Envie de prolonger l'expérience Kamelot avec un groupe aux sonorités proches ? Toujours est-il qu'il officie au chant sur cet album et que le contraste entre sa voix et celle de son prédécesseur pourra se révéler intéressant.

Malheureusement, l'album ne commence pas sous les meilleurs auspices quand après une intro orchestrale de rigueur et un début de morceau bien épique, le premier couplet déboule avec un jeu haché et ralenti, la voix de Lione poussant des semi-cris assez poussifs. On se dit "mama, qu'est-il venu faire dans cette galère ?" et on voit se profiler un album du même niveau voire plus faible que celui d'avant. Mais très rapidement on décide de ranger cette appréciation de côté car le refrain sur-épique est là pour reprendre les choses en main. Et on découvre là une face enlevée et riche du groupe que l'on ne connaissait pas jusqu'alors. Il faut dire que la gonflette à coup d'orchestrations et l'accentuation de l'aspect "power toum toum toum" permet de s'éloigner du heavy primitif et offre d'autre horizons.

Ainsi, No Rest for the Angels (par exemple) garde son côté rugueux tout en en chargeant bien en claviers et autres instruments et possède une sacrée poigne, musiciens et chanteur semblant se trouver parfaitement. On peut en dire autant de We Must Believe qui laisse presque transparaître du "Rhapsody" par instants. Oui enfin bon, du power épique avec Lione quoi... Mais globalement, on reste dans un heavy-power orchestral assez éloigné de "Rhapsody", que ça soit de par le jeu de guitare ou de par les ambiances, la question ne se pose même pas, Hollow Haze sait suffisamment se démarquer pour éviter que l'on tombe dans le piège classique des comparaisons à outrance.

Après, défaut persistant, Hollow Haze a un peu de mal à se détacher d'une certaine homogénéité dans chaque album. Ainsi, si chaque morceau demeure plus que sympathique, le bien speed Il Tempo Del Fuoco et son super solo, le costaud Still Alive ou encore la tout sauf ridicule simili-ballade A Fading Angel's Life, on n'ira pas s'attarder sur chacun, préférant garder en tête l'opener épique et deux ou trois de ses compatriotes, selon les goûts, un léger sentiment de redondance pouvant s'installer sur une écoute complète. Mais mettons de côté le long morceau titre qui ferme la marche (sans compter l'épilogue instrumental ambiant) car il vient à lui seul booster le capital crédibilité de l'entreprise. Ton solennel, chant épique de rigueur pour une longue pièce, un refrain jubilatoire, de multiples changements de plans, un peu de chant extrême pour faire plaisir et, bien qu'un peu forcé genre placé là pour faire une conclusion qui claque, ce morceau montre que l'on sait composer chez Hollow Haze.

Évolution sincère ou retournement de veste opportuniste, quelles que soient les motivations du groupe, Hollow Haze signe ici une œuvre perfectible mais crédible et convaincante, bien plus aboutie que l'album la précédant, optant pour une musique un peu plus chaleureuse, plus mélodique et portée par un Fabio Lione très à l'aise. On ne sait pas vraiment si cette collaboration tient du coup d'un soir pour arrondir les fins de mois ou bien si Lione a réellement intégré le groupe à temps plein mais toujours est-il que la formation dans son état actuel tient largement la route et peut accoucher de belles choses à l'avenir, ce "Countdown to Revenge" étant un très bon premier chapitre.