Vous recherchez quelque chose ?

Ah l’Irlande ! Ses terres vertes empreintes de mystère, son héritage celte, ses problèmes de pommes de terre…  mais aussi sa scène metal parfois grave presque intellectuelle ! C’est vers cet aspect de la culture irlandaise que nous nous tournons pour parler d’un petit groupe discret mais qui poursuit son petit bonhomme de chemin depuis un certain temps, Mael Mordha. Mael Mordha est né à Dublin à la fin des années 1990 et propose un folk metal doomisant qui sait produire son petit effet. Après plusieurs EPs et quelques albums, le groupe sort en septembre 2013, presque deux après son enregistrement son quatrième album, Damned When Dead.  

Une chose est sûre. Mael Mordha a été élevé au lait celtique et baigne dans cette ambiance jusqu’au cou. La musique du groupe, lente et évanescente, (non rien à voir avec le groupe heureusement) reflète parfaitement les eaux douçâtres et mystérieuses du folklore gaélique dans lesquelles elle a été forgée et pensée. Ainsi la totalité de Damned When Dead offre un concentré bien structuré de titres mélancoliques et épiques. Qu’on se comprenne bien, la tristesse ténue des morceaux de Mael Mordha ne vient pas tant du rythme des chansons ou des rendus mélodiques que du sentiment diffus mais tenace que Mael Mordha chante des temps qui n’existent plus et ne reviendront plus.

C’est donc un persistant effet nostalgique qui se dégage de Damned When Dead. Une nostalgie d’ailleurs assez familière puisqu’elle rappelle d’autres groupes aux influences similaires. En effet, les mélodies de Mael Mordha se reprochent, parfois dangereusement, de leurs compatriotes de Primordial (les deux combos se partagent d’ailleurs la vedette sur un split datant de 2007). Difficile donc de passer à côté d’une comparaison si évidente, quoique toujours dangereuse quand on considère la qualité des compositions de Primordial. Si le quatuor dublinois ne fait que tutoyer la bande à A.A. Nemtheanga sans jamais vraiment parvenir à égaler les maitres incontestés du metal celtique, force est de constater que le groupe ne se débrouille pas si mal et n’a pas à rougir de sa prestation.

Damned When Dead tient en effet la route, malgré une certaine répétitivité sur la fin de l’album. Le début du disque est bien dosé et construit. « Laudabiliter » et « King of the English » marchent bien ensemble et constituent une belle entrée en matière. Les deux morceaux permettent de comprendre l’univers des irlandais (et peut-être aussi déjà d’en mesurer les limites). On est tout de suite porté par les accents celtiques de la musique, un peu lourde mais avec des reliefs. Le chant de Roibéard Ó Bogail est ce qui frappe le plus l’auditeur. Profond, lointain, et envoûtant, il approche une touche de magie folkisante supplémentaire à tout Damned When Dead. Le chanteur bénéficie en effet d’un timbre de voix tout à fait approprié à la musique de Mael Mordha. Si aucun effet de surprise ne vient de ce cote-là, Roibéard Ó Bogail a le mérite de servir ses titres avec passion et puissance. Et il n’en faut parfois pas plus pour convaincre.

Le reste de Damned When Dead reste dans une veine semblable aux deux titres d’ouverture. Mael Mordha fait preuve de beaucoup de talent pour créer une atmosphère cohérente et racée. Fidèle au genre qui privilégie le sérieux à l’enjoué, le groupe préfère poser son regard grave sur le monde. Avec des chansons souvent longues (plus de 5 minutes en moyenne), Mael Mordha ne se presse pas pour explorer ses thèmes et pour conter ses histoires, toujours un peu hors du temps (« Bloody Alice (of Abergavenny) », « Dawning of the Grey »). Et même si Damned When Dead finit par tourner un peu en rond (« The Sacking of the Vedrafjord », « All Éire Will Quake »), on apprécie toujours le ton un peu lancinant, un peu blasé du disque. « Damned When Dead » conclut avec dignité un album parfois un peu froid mais solide et bien composé.

Vous l’aurez compris les influences de Mael Mordha sont évidentes, et d’ailleurs on conseillera cet album aux aficionados de Primordial. Le quatuor peine parfois à trouver ses propres marques, rendant son opus homogène et quelques fois presque compact. Toutefois, il serait injuste pour le talent des musiciens de réduire Mael Mordha à un simple ersatz de Primordial qui s’écoute juste pour passer le temps. Il y a tellement plus que cela dans Damned When Dead. Un cri du cœur un peu timide mais un cri du cœur quand même.        

Nola

0 Comments 27 janvier 2014
Whysy

Whysy

Read more posts by this author.

 
Comments powered by Disqus