Vous recherchez quelque chose ?

Après un Shallow Life mal reçu des critiques, et d'une grande partie du public, Lacuna Coil est revenu des Etats Unis pour sortir un nouvel album, mystérieusement intitulé Dark Adrenaline, initialement prévu pour 2011, qui sortira finalement début 2012. S'il n'est pas aussi particulier que Shallow Life, peu probable qu'il ravisse les tenants du "vieux" Lacuna Coil. Les nouvelles sonorités rock alternatives, très américaines, étant encore à l'honneur tout au long de cet album.

Très américaine, la production l'est aussi. Le son est dense, consistant, et ne faiblit jamais. Le principal défaut qu'on pourrait lui trouver, c'est de surmixer les voix. Tant celle d'Andrea que celle de Cristina sont systématiquement mises en avant. Même si toutes les pistes n'ont pas la même richesse instrumentale, le rôle des voix n'est pas celui d'un cache misère ! Elles valent bien mieux que ça. Aucun doute, ces deux là connaissent leur sujet, et mis à part un faux pas d'une Cristina nasillarde et acide sur Upside Down, le couple de vocalistes assure. Cristina fait montre d'une palette étonante, se faisant tantôt grave (sur End of Time), tantôt guerrière (sur Fire), tantôt plus charmeuse (sur Kill the Light), tantôt énervée (comme sur Against You), ou carrément Sonja Kraufhauseresque (sur Intoxicated).

Andrea de son côté se contente d'avoir vilainement progressé. Sa voix est plus régulière, à la fois prenante, et reposante, comme en témoignent ses interventions sur Losing my Religion par exemple. Il surprend aussi avec un émouvant passage chuchoté en italien dans la ballade My Spirit, dédiée à Peter Steele, décédé en 2010. Malgré un timbre rauque, l'italien arrive à ne pas inquiéter. On peut rapprocher son chant de celui d'autres chanteurs de groupes plus gothiques, comme Nick Holmes de Paradise Lost, dont on retrouve parfois les inflexions.

Le point d'orgue de l'album en ce qui concerne l'utilisation des voix, c'est la ballade End of Time, étonnamment touchante. Cristina évolue dans les tons les plus graves qui lui réussissent tant, et l'alchimie se fait à merveille sur un morceau qui, malgré des paroles plutôt niaises, est vibrant d'émotion.

Au delà des voix, Lacuna Coil se veut éclectique, piochant dans divers genres, du rock qui tache des années 80 à un metal plus symphonique, en passant par quelques riffs nu metal. Si ce dernier aspect était sur-représenté dans Shallow Life, c'est un peu moins le cas ici. On ne retrouve pas tout à fait les ambiances mélancoliques des débuts malgré tout, mais certains morceaux rappellent le passé : Kill the Light au riff introductif et à l'atmosphère très Karmacodiens, ou I Don't Believe in Tomorrow qui pourra évoquer Comalies, particulièrement à cause des coeurs de Cristina, et de la guitare bien cachée derrière la rythmique. Upside Down en revanche est tout l'opposé : un morceau très typé neo, à la rythmique plus saccadée et aux riffs caractéristiques.

Dans un tout autre genre, Fire se veut orientée heavy, avec une structure, des riffs simplifiés à l'extrême. En trois minutes, Andrea et Cristina se passent le flambeau pour un (couplet-refrain)x3 punchy qui fera sans aucun doute des ravages en live.

Quelle que soit la forme, le fond est, comme à leur habitude, contrasté. Au premier abord, on est plongés dans un monde sombre et pessimiste : les atmosphères sont le plus souvent lourdes, les choeurs sont parfois angoissants (particulièrement dans I Don't Believe in Tomorrow), et les thématiques clairement axées sur de mauvais moments. Il suffit de lire les titres des différentes pistes pour s'en convaincre. Seulement en fouillant plus avant, on se rend compte que cette obscurité n'est qu'un vernis. I Don't Believe in Tomorrow affirme qu'il faut affronter la réalité, aussi dure soit elle, que c'est le meilleur moyen d'avancer. Kill the Lights, qui pourrait aussi sembler pessimiste, est en fait un hymne à la combativité face à l'adversité.

Seulement, Dark Adrenaline souffre d'un faiblesse importante : malgré sa durée de 45 minutes, on arrive à s'ennuyer, ou au mieux à avoir une impression de déjà entendu. Certaines pistes peinent à se distinguer des autres. C'est le cas particulièrement de la longue piste de conclusion My Spirit, mid tempo qui peine à se faire remarquer après le très efficace Fire, n'ayant pour seul point fort que le passage en italien cité plus haut.

Against You, Give me Something More, ou le single Trip the Darkness sont trois morceaux quasi interchangeables : structures et durées similaires, mélodies fades, refrains téléphonés ... Intoxicated n'est sauvée que grâce aux vocalises dissonantes de Cristina.
Même techniquement, on ne voit pas ici ce que le groupe a à offrir.

Pourtant, les italiens ont encore de bonnes idées, comme tend à le prouver la deuxième partie de the Army Inside : un solo inspiré et la montée en puissance des deux lead qui le suit en font un temps fort de l'album. D'ailleurs, les soli sont bien plus présents qu'auparavant, c'est plutôt positif.
La reprise de Losing My Religion est une autre bonne idée de ce Dark Adrenaline. Le titre phare de R.E.M. s'imbrique parfaitement dans l'esprit de l'album et donne une nouvelle approche plus à fleur de peau à un titre connu de tous.

Dark Adrenaline voulait être l'album du retour aux sources, malheureusement la magie Lacuna Coil n'opère plus tout à fait comme avant. Le groupe a su se reforger une identité après la rupture brutale de Shallow Life, mais ça n'est pas tout à fait suffisant pour lui redonner son éclat d'antant. Et presque dix-sept minutes de remplissage sur quarante cinq, plus une reprise (aussi réussie soit-elle), c'est beaucoup trop pour un groupe de ce niveau.

6,5

0 Comments 21 décembre 2011
Whysy

Whysy

Read more posts by this author.

 
Comments powered by Disqus