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L’annonce du départ de Christian Älvestam fût un véritable coup de massue. Le talentueux chanteur suédois préférant abandonner le navire pour un manque d’entente avoué entre lui et le reste du groupe. Dès lors ce fût l’interrogation, et de nombreux médiums prédirent la déchéance des géants scandinaves. Scar Symmetry c’était bien évidement son vocaliste de génie, magicien de l’octave à l’organe puissant et à l’étendue incroyable, mais c’est également une composition solide où chaque instrument s’exprime librement. D’une base death mélodique classique, le groupe a su au fil des albums se forger un son unique à la frontière du heavy métal et du progressif, allant jusque parfois flirter avec la « pop » dans ses apparats les plus calmes et mélodiques. En cela « Holographic Universe » est une merveille car il ne considère aucune barrière et exprime son art sans honte, quelque soit le domaine abordé. Une prouesse rendue possible en grande partie par son vocaliste, absolument impérial et parfait quelqu’en soit les difficultés. Ainsi les craintes quant à son éviction et son remplacement étaient fondées.

Scar Symmetry entreprit une longue chasse au talent, et bien conscients qu’ils ne retrouveraient pas un chanteur aussi qualifié, la solution fût simple et deux vocalistes furent retenus. Roberth Karlsson pour les vocaux extrêmes et Lars Palmqvist pour le domaine clair et mélodique. Ces deux hommes allaient devoir cohabiter et s’entendre afin que l’alchimie propre au groupe suédois puisse opérer à nouveau. « Dark Matter Dimensions » développe un nouveau concept métaphysique qu’il vous faudra apprivoiser tout au long des 11 pistes qui composent ce 4e album. Scar Symmetry prend ici un tournant stylistique davantage violent et délaisse son coté progressif et mélodique. L’album marque un retour à un death mélodique plus classique et moins abouti que sur l’album précédent. Moins nuancées et plus violentes, les pistes n’en demeurent pas moins très bien construites et proposent toute une batterie d’excellentes mélodies, des riffs en pagaille et des soli virtuoses.

Ce revirement plus extrême peut s’expliquer par la volonté des suédois à s’extirper de l’étiquette Älvestam et sa fascination pour les envolés mélodiques par son chant clair accaparant. Et puis soyons franc, non pas que Lars Palmqvist soit mauvais aux chants clairs, mais il ne possède ni le timbre, ni le feeling pour assurer d’aussi énormes lignes de chant que Christian Älvestam. Certes les timbres de voix sont proches dans les médiums, mais ce dernier ne parvient qu’à donner peu de véritable relief à son chant, c'est-à-dire moduler son organe dans les aigues ou les graves. Il reste dans un style peu aventureux et ses lignes de chant restent également trop sages, dans les classiques du genre. Il est également possible qu’il n’ait pas eu la place, ni la liberté de s’exprimer comme il l’aurait voulu, à vrai dire comme toute nouvelle recrue, il suit les directives du compositeur et unique tête pensante de Scar Symmetry. Concernant Roberth Karlsson il est impressionnant de maîtrise et fait figure de remplaçant idéal ! Même puissance vocale, même profondeur dans les growls, même aisance technique. Au final on note des growls abyssaux puissants et dévastateurs, des screamings tout aussi réussis et des envolés de chant clair agréables et bien chantées sans toutefois chatouiller ce que l’on a connu par le passé.

D’un point de vue musical « Dark Matter Dimensions » est une fois de plus excellent et illustre la très bonne santé des suédois malgré les épreuves. L’ouverture « The Iconoclast » s’affiche déjà comme l’une des meilleurs chansons de la discographie des suédois : une introduction que n’aurait pas renié un groupe de heavy épique qui débouche sur des riffs explosifs et une rythmique vitaminée, le tout porté par une espèce de double refrain à donner le frisson ! Le titre promotionnel « The Consciousness Eater » fait lui aussi figure d’excellente chanson, très moderne pour du Scar Symmetry malgré un refrain classique mais efficace pour vous faire sauter au plafond. Ces deux premières pistes démarrent l’album de la meilleure manière et derrière leur apparat très catchy, elles cachent d’excellentes constructions, très réfléchies ainsi que d’excellents soli. Place à la surprise avec « Mechanical Soul Cybernetics » aux frontières du cyber métal par sa rythmique syncopée voire décousue et ses voix trafiquées complètement folles et démoniaques ! On a presque du mal à reconnaître Scar Symmetry mais avouons qu’il s’agit d’un bol d’air frais salvateur. Aucune voix claire classique à l’horizon pour une chanson qui sort des stéréotypes ! « Non-Human Era » s’affiche quant à elle comme l’une des pistes les plus violentes jamais écrite par le combo suédois grâce à ses blasts beats en pagaille, et ce malgré un refrain plutôt mélodique. L’excellente « A Parenthesis In Eternity » entre également dans le top des meilleures chansons de l’album. Ne vous laissez pas berner par son introduction mielleuse car la chanson ne tarde pas à exploser sur un rythme de mitraillette. D’un coté un refrain absolument fabuleux sur un riff supersonique, et de l’autre la meilleur performance de Lars Palmqvist sur tout l’album !

Dommage que toutes les chansons ne brillent pas de la même intensité. Le problème n’est pas instrumental loin de là, il est davantage vocal à vrai dire. Les chansons les plus calmes comme « Noumenon And Phenomenon » ou « Frequency-Shifter » souffrent assez du manque de relief du chant clair, notamment dans les refrains. Ces derniers étant particulièrement simples voire maladroits, presque prévisibles. C’est dommage car « Noumenon And Phenomenon » possède, par exemple, un contraste intéressant entre son ouverture calme, mélodique et sa partie centrale dévastatrice et violente. « Ascension Chamber » est également très bonne d’un point de vue structurale avec ce break planant et cette voix abyssale avant d’accélérer, pour s’arrêter et reprendre à nouveau ! Dommage que le refrain soit une fois de plus un peu limite à mon goût ! Nous finirons par « Sculptor Void » également pénalisée par un refrain qui peine à sortir des classiques du genre, Scar Symmetry a déjà composé bien plus réussi. Nous finirons sur une note davantage positive avec l’éponyme « Dark Matter Dimensions » possédant des passages voix claires plutôt inspirés et « Radiant Strain » à l’ouverture groovy et au refrain plus qu’entêtant !

« Dark Matter Dimensions » est un bon album qui pourrait rallier la faction la plus extrême de Scar Symmetry à sa cause. Le groupe se montre violent et perd cette fibre émotionnelle qui caractérisait l’excellent « Holographic Universe ». Deux albums différents pour deux publiques différents. Quoiqu’il en soit les suédois ont remporté leur pari, celui d’introduire les deux nouveaux vocalistes et d’offrir un album jouissif et rapide. Certes il subsiste quelques erreurs notamment des refrains un peu plats et un chant clair qui peine à trouver sa véritable identité, mais nous sommes bien loin du ratage redouté par les fans. Et puis le quatuor gagnant de l’album, à savoir « The Iconoclast » , « The Consciouness Eater » , « A Parenthesis In Eternity » et « Radiant Strain » est tellement savoureux qu’il n’augure que du bon pour la suite.

…TeRyX…

0 Comments 18 septembre 2009
Whysy

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