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« Et c'est là que les Athéniens s'atteignirent », ce joli calembour est une façon populaire pour clore une démonstration. Cette expression n'a pas non plus été choisie au hasard, elle souligne adroitement aussi les origines de Mencea mais aussi la performance du combo grec. Toute la démonstration est effectuée au travers de l'album Dark Matter Energy Noir. Ne me demandez pas pourquoi ce « noir » figure ici, il n'y a pas de site officiel au moment où j'écris ces lignes pour expliquer ce choix. Néanmoins cette production est aussi bien mélodique que ténébreuse et envahit immanquablement toutes les oreilles s'essayant à ce rituel musical. Pour ce debut album, Daniel Bergstrand le producteur de grandes pointures comme in Flames, Meshuggah ou encore Strapping Young lad a participé à la réalisation de cette galette, sûrement un signe annonciateur...

En effet, Dark Matter Energy Noir est un album gorgé de puissance, les Athéniens n'ont pas fait dans la demi-mesure car on nage dans l'extrême jusqu'au cou et pourtant, ce que l'on peut affirmer c'est que le groupe arrive à s'extirper des lieux communs du métal violent et primaire. La trouvaille réside dans les lignes de clavier qui dans un premier temps apportent une sensation aérée et de liberté musicale. En deuxième lieu, on retrouve des morceaux atmosphériques venant renforcer cette sensation de fraicheur si bénéfique à l'écoute. Tout au long des huit titres, ce sentiment de profondeur prédomine puisque les morceaux sont d'un relief sans égal, animés par une base instrumentale survoltée et très changeante. Nous n'aurons pas le temps de nous ennuyer même sur « When Strife And Greed Collide » durant un peu plus de neuf minutes! Si on s'intéresse d'un peu plus près aux lignes mélodiques, on découvrira ce savant dosage entre la puissance et la violence. « Ardad » est un parfait exemple de ce que peut donner la distribution du mélange explosif au cœur même de l'essence du death métal, ce titre est un complexe agencement de passages bruts et de parfaites mélodies carrément appuyées sur une structure musicale embarquée. Les guitaristes démontrent leur large savoir-faire et notamment sur « The Holy Cast » qui est un peu comme une ode spécialement écrite pour leurs instruments à cordes, le titre étant marqué par la prédominance des guitares, on a  l'impression que les musiciens se baladent sur un parcours de santé alors que le morceau dénote d'une concrète difficulté d'exécution.

Avec tous ces atouts techniques, on se doute bien que Mencea n'est pas un groupe comme les autres. Les titres pilonnent froidement chaque seconde de la production et derrière tout ce déchainement instrumental, les lignes vocales ne sont pas en reste. Le chant raillé et dissonant du leader, assez proche d'une interprétation opéthienne lors des phases de chant maintenu, se mélange à merveille dans la base mélodique. Il est vrai que la musique de Mencea est clairement inspirée mais elle parvient à se dédouaner de toute ressemblance de par ses multiples ambiances dégagées. Certes les morceaux portent des influences notables mais en fin de compte c'est l'image flambant neuve du groupe qui s'impose et non un ersatz de Soilwork par exemple. L'identité réside donc dans les compositions alambiquées et par cette incarnation humaine sur le chant. Enfin humaine, c'est beaucoup dire car l'interprétation est caverneuse, possédée et enragée. Cependant, on pourra reprocher aux leads vocaux de rester sur un ton plutôt linéaire à comparé des instrumentistes se risquant à plus de variations et s'exposant donc par conséquent à plus de dangers  (« The Passing »).

Dans une autre mesure, des titres comme « Deep In The Under » se cantonnent à des rythmes plus « classiques »; et seuls de légers breaks viennent relever le niveau d'un cran ou sinon le relief est mis en évidence par de profonds growls et de déconcertantes parties atmosphériques qui dépeignent avec la brutalité instaurée jusqu'alors (« Forbidden »). Les Grecs envoient du lourd et c'est sans compter sur les tourbillons de riffs enflammés ou les longs passages instrumentaux que Mencea dévoile au grand jour toute sa capacité et son emprise musicale. Les variations rythmiques suivent le moule et sur des titres tels que « Eminence » la batterie fait des ravages dans les chaumières. Au summum de la violence, alors que les cris font rage et que les riffs de guitares grondent, le rythme est découpé en brèves saccades témoignant ainsi un empressement démentiel poussant le groupe dans les retranchements et aux exploits techniques. Vous l'aurez compris, Dark Matter Energy Noir est un concentré de titres empoignés par une folie destructrice omniprésente et aux allures de dark death métal aux multiples facettes atmosphériques. De plus, nous sommes en présence d'un talent naissant et s'il y a un conseil à donner c'est de suivre ce groupe promettant de très près à l'avenir.

- ĦĐ -

0 Comments 07 décembre 2008
Whysy

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