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Il y a des groupes pour lesquels les attentes peuvent être élevées, et Venturia est de ceux-ci. Leur deux premiers albums, «A New Kingdom» et «Hybrid» sont vraiment excellents, et offrent de très bons espoirs sur le talent de cette formation de Montpellier, qui sort cette année, après 4 ans d'absence, leur nouveau bébé «Dawn of a New Era». Quelques changements sont survenus dans le line-up, cependant. Départ du chanteur Marc Ferreira mais aussi du batteur. Cela fait donc un peu de renouveau, Lydie officiant désormais au chant principal, épaulée de temps en temps par le guitariste Charly Sahona. Renouveau, renouveau … une nouvelle ère ? Leur musique va prendre un nouveau tournant.

Malheureusement, ce n'est pas le meilleur tournant que le combo opère. Leur musique est simplifiée à l'extrême, dorénavant. Terminé les quelques passages progressifs, le propos se veut maintenant bien plus direct, allant droit au but, pour un brûlot, lui, désespérément court (39 minutes pour huit morceaux, et ce en comptant une bonus track de 7 minutes, ça fait un peu maigre mes bons amis, non ?). Enfin, difficile de reprocher à un groupe de ne pas vouloir se reposer sur ses lauriers, surtout quand ils excellaient dans ce qu'ils faisaient. L'évolution peut être un point de divergence qui peut faire couler littéralement une formation. Suffit de prendre l'exemple Linkin Park passant du néo rock / metal, à une teinte beaucoup plus electro, de quoi décontenancer. Les exemples sont légions. Et si Venturia n'opère pas un virage aussi radical que celui cité au-dessus, il y a tout de même matière à se poser des questions.

Les morceaux vont donc chercher dans les 4 minutes, mais ne reniant pas tout à fait l'aspect complexe de la chose. Les lignes de guitare ne sont pas aussi insipides qu'elles pourraient le faire croire, bien au contraire. On se rend compte d'un excellent boulot abattu par Charly, qui nous offre sa technique sur un plateau d'argent. Donc, bien évidemment, n'attendez pas non plus des bons gros solos de la mort. Mais c'est tout de même plutôt bien fait, la guitare, reine du bal, étant suffisamment variée pour faire éviter la redondance sur ce point-là. Malheureusement, dans les structures on ne l'évite pas, tant l'opus sent le réchauffé, le « j'ai déjà entendu ça quelque part mais je ne sais plus où », ce qui fait qu'on commence légèrement à s'ennuyer de voir les titres déclinés à toutes les sauces, mais pas toujours avec de la saveur.

C'est aussi là qu'on se rend compte que même une mid-tempo ça peut nous faire du bien, mais pas tant que ça. «What If I» a pour principale qualité de trancher un peu avec les morceaux précédents, mais le titre en lui-même n'est pas foncièrement intéressant. Il met également en exergue l'incapacité de Lydie à émouvoir. Elle ne chante pas mal, mais sa voix est employée de manière beaucoup trop commune, et assez ennuyeuse. Du coup, elle paraît aussi fade que la musique qui officie derrière, pour un résultat qui ne convainc pas. Le chant passe donc par la case recalage, et c'est dommageable car c'est souvent, dans ce genre de groupes, un bon moyen de captiver. Ici, pas du tout.

On retient cependant quelques bons moments, comme le troisième et le quatrième morceau : «A New Dawn Rising» et «What We're Here For», ces deux-là disposant de la meilleure accroche de l'opus. «Phoenix» n'est pas mauvaise non plus, mais pourrait être encore bien plus travaillée et le refrain plus exacerbé pour séduire davantage. Mais vu le reste qui est, n'ayons pas peur des mots, assez pauvre et banal, on s'en contentera très nettement ! Qu'est-ce qu'il manque donc à Venturia ? Un peu de saveur. Tout semble être déjà entendu des tonnes de fois en mieux … quelques expérimentations electro peuvent se faire entendre dans les claviers, comme sur «Devil in Disguise», mais elles semblent très timorées, juste une légère toile de fond qui se brise une fois les guitares arrivées. On sent un certain manque d'audace dans «Dawn of a New Era», et cela rend triste. Triste de voir un si bon groupe livrer tant de facilité et de banalité, alors qu'ils peuvent faire mieux, ces français ! Des lignes de chant plus personnelles, des morceaux plus accrocheurs et moins calibrés, sans renier cette nouvelle orientation plus directe, voilà une recette qui pourrait être tout à fait efficace ! On espère donc que Venturia l'appliquera par la suite.

C'est un certain goût de déception qui ressort de l'écoute. La formation peut, vu ses qualités, faire bien mieux, c'est évident ! «Dawn of a New Era» est un faux pas dans la discographie de Venturia qui peut, c'est certain, s'embellir une fois la nouvelle orientation mieux digérée et intégrée. Carton rouge pour le moment, mais rouge, c'est aussi la couleur de l'amour. Peut-être tomberais-je amoureuse du prochain opus des français? C'est bien ce que j'espère, croyez-moi.

0 Comments 13 octobre 2012
Whysy

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