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I would like if I may
to tell a story beyond belief
about a girl whose single grief
was the colour yellow

Coma Divine est le projet dernier né de Sonja Kraushofer, en forme d'hommage à Porcupine Tree. La rousse flamboyante, chanteuse du groupe de gothique-électronique l’Âme Immortelle, n’en est pas à son coup d’essai, puisqu’elle avait déjà lancé un projet parallèle en 2002, Persephone.
Elle s’est entourée pour ce projet de noms connus, au moins d’elle : Ashley Dayour aux guitares (qui l’avait accompagnée en tournée avec l’Âme Immortelle), Martin Höfert au violoncelle (co-fondateur de Persephone), Franz Heinrich Lirsch à la basse (également membre de Persephone) et enfin le batteur autrichien Wolfgang Luckner, issu du groupe Seer.

La première remarque que l’on peut faire sur la jeune formation, c’est à propos de son son bien plus agressif que celui de Persephone et de l’Âme Immortelle : la batterie n’est plus un instrument de second plan, les rythmes, s’ils restent plutôt lents, passent parfois une vitesse pour plus d’intensité ... C’est sans aucun doute un parti-pris de la composition, et du mixage. Cette impression est confirmé par l’utilisation que fait Sonja de sa voix : si on la connaît mélancolique et sombre, elle se fait ici plus agressive, plus électronique, plus rapeuse. La diversité est d’ailleurs un maître mot de ce Dead End Circle, puisque tant les ambiances que les instrumentations sont variées, alternant chant lead, guitare lead, et même basse lead sur I Remember.

Ainsi Burn Sister est l’exemple typique de ce que l’album a à proposer, en moyenne : un rythme soutenu, des riffs plutôt lourds, une Sonja gueularde. On remarque que les orchestrations sont bien présentes sur certains passages, permettant de mettre en place une sensation malsaine qui ne quittera pas l’auditeur. Alors certes, le morceau est un single en puissance, mais ça n’en reste pas moins efficace. Un break plus lent, où les guitares emmènent doucement les nappes de clavier d’ambiance vers des chuchotements sombres de Sonja donnent un second souffle à un titre qui aurait pu, autrement, sembler répétitif. Rien à dire, l’album des autrichiens commence bien.

La suite ne tient pourtant pas toujours la corde, et certain morceaux, si la qualité reste assez constante, s’essoufflent plus facilement : Rotten World par exemple, s’il arrive à fabriquer une ambiance triste et pesante, n’a pas vraiment de cohérence, les changements de tempo sont téléphonés pour faire la distinction refrain / couplet de manière artificielle ; Praise the Fallen et Reason to Live sont deux ballades (arrivant l’une après l’autre dans l’album ... Pourquoi ?) sans trop d’intérêt, autre que celui d’entendre enfin le violoncelle fièrement annoncé dans le line-up, mais globalement sous-mixé de telle sorte qu’on se demande parfois s’il est vraiment présent.

Trois pistes, plus rapides, semblent n’avoir rien à faire sur cet album de metal gothique, mais lui donnent une pêche et une diversité bienvenus : About a Girl, Fast Lane et From Time to Time. Si la première n’aborde pas une thématique très joyeuse, bien qu’un peu absurde (« this is the song about a girl who hated yellow », vraiment ?) le rythme est enjoué, presque punk, le chant agréable, puissant, et l’atmosphère toujours très développée.
La très courte Fast Lane aussi dispose d’un rythme beaucoup plus rapide, et du solo de guitare le plus remarquable de l’album (hé oui ... Le metal gothique reste un genre assez peu axé sur les soli) qui accentue cette impression de rapidité, et de rupture par rapport au reste de Dead End Circle.
La dernière, From Time to Time, moins pertinente malgré de beaux efforts de diversité (un passage arabisant par exemple, et un piano moins atmosphérique et plus mélodique) convainc moins que les deux précédentes.

Au contraire d’autres morceaux (qui laissent souvent entrevoir une influence forte des norvégiens de Tristania) sont clairement gothiques, et donnent le frisson : The Odd One Out est un hymne lent et emmené par des nappes discrètes et un chant lancinant, soutenu par quelques chœurs discrets. L’autre morceau fortement influencé par ce type de metal gothique est Dead End, morceau long de près de neuf minutes, qui permet de développer un monde sombre souvent laissé de côté dans le reste de l’album au profit de titres plus optimistes. Comme le chante Sonja, « feel the doom », la rythmique est très lente, et les guitares s’effacent derrière le chant, poignant, et des claviers atmosphériques très présents.

Que l’on apprécie ou pas la voix de l’autrichienne, il faut lui reconnaître une capacité à exprimer une large palette d’émotions, et à diversifier au maximum ses types de chant : chuchotement, cris, chant suave ou plus agressif ... Son timbre si particulier, s’il peut rebuter, apporte une forte valeur ajoutée à cet album. Si dans l’Âme Immortelle, sa voix paraît lissée, dans Coma Divine, Sonja laisse le champ libre à toutes ses aspérités, et à toutes ses facettes, ce qui rend cet aspect de la musique plus riche. Grâce à ces modulations de sa voix, et à une musique plus agressive, Coma Divine arrive à se créer une identité, différente de celle de l’Âme Immortelle ou de Perspephone, ce qui n’était pas gagné au vu du casting.

Grâce à la volonté assumée d’apporter une forte diversité à sa musique, Sonja évite l’écueil du metal gothique fade et repompé de d’autres formations. Certes, ça n’annonce pas le renouveau du genre, mais promet au moins plusieurs écoutes agréables. Formation à suivre ...

0 Comments 25 septembre 2011
Whysy

Whysy

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