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Que voulez-vous que je vous dise ? Que ce Dead End est une grosse tuerie, une supernova atomique, un joyau du Heavy Metal qui va hisser Incrave sur les plus hautes marches des Heavylaw Awards 2008 ? J’aurais voulu pouvoir tenir ce discours, mes amis, mais vous affirmer de tels éloges relèverait tout de même d’un manque de pertinence. Pourtant j’y croyais, moi, à Incrave. Il faut dire que l’excellence semble fuir l’année 2008, et plus les mois passent, plus je me dis que la grosse révélation de l’année va bien finir par arriver, alors pourquoi ne viendrait-elle pas de Suède ? Surtout que le précédent et premier album du groupe, Escape (sorti alors qu’Incrave s’appelait Evergrace) était assez prometteur pour de si jeunes musiciens. Voilà pourquoi j’y croyais tant, et pourquoi je me retrouve aujourd’hui plutôt déçu. Certes, il n’y a pas de quoi être aussi dépité qu’un supporter de l’équipe de foot du PSG car Dead End n’est pas catastrophique. C’est juste qu’il se situe dans le ventre mou des sorties musicales, parmi ces dizaines d’albums qui valent 5 ou 6 sur 10 et qu’au final on oubliera bien vite. Je pourrais presque conclure ainsi ma chronique, mais il serait plus correct de ma part de détailler un tant soit peu cet opus, des fois qu’un fan remonté me reproche d’avoir sous-noté son groupe fétiche à la va-vite, sans argumentaire valable.

Déjà, les musiciens ont troqué leurs cravates contres des t-shirts, et tout le monde s’en fout. What else ? Et bien nous sommes en présence d’un heavy / power que j’ai trouvé ici assez proche de Eyefear, Nocturnal Rites, voire Mobe Rules. Johan Falk, chanteur au registre médium, ne maîtrise malheureusement pas son sujet aussi bien que ses compères de Eyefear ou Nocturnal Rites. Et pour cause, sa voix est forgée pour un registre plus aigu ; ses lignes vocales ont donc tendance à paraître contre-nature sur bien des passages. Constamment en quête d’un registre émotionnel que trop souvent il ne fait qu’effleurer, sa prestation s’avère des plus moyennes, et déteint forcément sur la qualité des compositions. Disons que lorsqu’elles n’ont déjà pas grand chose à offrir, Johan Falk n’a pas les moyens de les extraire de leur pauvreté, on touche même le fond avec l’insipide unveil the truth ou l’ennuyeux scream in silence qui se voulaient lyriques mais font un gros flop.

Heureusement, une poignée de titres sauve l’album, et m’oblige à concéder qu’il n’a pas que des mauvais points. Un morceau comme shattered réussit à maintenir une bonne intensité pendant toute sa durée ; the forgotten, plus lent, nous ferait presque pleurer ; the touch of death, avec sa double pédale sur fond de clavier assez atmosphérique, réussit à conjuguer efficacité et originalité. En dehors des ces trois-là (les meilleurs), on ne retient pas grand chose si ce ne sont les mêmes idées reprises encore et encore : an empty soul est calqué sur the touch of death, scream in silence est le jumeau dégénéré de the forgotten, nevermore possède des lignes vocales quasi-similaires à shattered. Des copies moins bonnes que les originaux viennent ainsi remplir le reste d’un album qui se cherche. Toujours au rang des déceptions, trop de passages semblent bâclés et sous-exploités, comme la plupart des breaks, des parties au clavier passées en boucle (comment ils gâchent la ballade shades of me avec leur boucle de synthé à deux balles !), ou encore des solos de guitare au rabais (seuls ceux de dead end et the forgotten sont potables, c’est maigre).

Vous l’avez compris, en dehors de quelques titres qui valent le détour, on tourne en rond. C’est dommage car on devine pourtant un potentiel sous-jacent. C’est à se demander pourquoi Incrave sort cet album tel quel tant certaines redondances sont flagrantes, tant certains enchaînements semblent ne pas avoir été travaillés. Dead End fait figure d’album inabouti. Jeunesse du groupe, manque d’inspiration ou manque de temps ? C’est certainement pour ces trois raisons à la fois qu’Incrave souffre d’un manque de caractère à beaucoup trop de niveaux pour prétendre occuper les premiers rangs.
[right]Chris[/right]

0 Comments 25 avril 2008
Whysy

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