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Yiiiiiiiiiaaaaah ! Faites cirer vos bottes, briller vos éperons, astiquez vos six-coups, couchez vos capybaras et cachez un carré d'As dans votre manche, Dezperadoz est de retour ! Nos cowboys favoris ont pris leur temps depuis "An Eye For An Eye" (quatre ans) mais les voilà donnant signe de vie avec un nouvel album répondant au nom de "Dead Man's Hand". L'artwork nous présente une main de poker maculée de sang contenant une paire de 8 et une paire d'As ainsi qu'une carte face cachée, la fameuse main du mort (dead man's hand), mais nous en reparlerons plus tard. Et si on ne retrouve plus de crane, en revanche le revolver est toujours de la partie. Côté line-up pas de grand changement si ce n'est l'arrivée d'un guitariste à temps plein pour épauler Axel Kraft, Markus Kullmann transforme l'essai à la batterie tandis qu' Alex Weigand à la basse (ou au "fusil à quatre cordes" selon le livret) reste le plus fidèle lieutenant de la bande, présent sur les trois réalisations du groupe.

Petit point histoire. Dezperadoz a d'abord vu le jour "discographiquement" en 2000 sous le nom "Desperados", était emmené par Tom Angelripper ("Onkel Tom", "Sodom") et a accouché de "The Dawn of Dying", sympathique manifeste thrash aux sonorités western, mais n'a ensuite plus donné de nouvelles. Six ans plus tard le groupe renait tel un phœnix autour du guitariste Axel Kraft (tenant aussi la guitare chez "Onkel Tom", soit dit en passant), seul rescapé de la bande et sort le majestueux "The Legend and The Truth" sous le nom Dezperadoz, album qui aura un impact certain sur la scène metal. A partir de là, le groupe avait un boulevard devant lui : style musical original et inédit, album excellent, accueil globalement positif de la part du public et des médias. Et puis..."An Eye For An Eye" est arrivé. On en attendait beaucoup, certainement trop. De ce fait, cet album pourtant plus qu'honorable qui "se devait" d'être parfait aura quelque peu calmé les ardeurs de certains et aura fait beaucoup moins de vagues que son illustre prédécesseur. Du coup, le groupe a un peu sombré dans l'anonymat, donnant quelques concerts de ci de là et on en venait à se demander si un nouvel album allait finir par voir le jour... Voilà donc qu'arrive ce "Dead Man's Hand", troisième album (ou quatrième si l'on compte la première incarnation du groupe) et encore porteur d'une histoire. Après avoir conté la vie de Wyatt Earp et celle du pauvre Hank condamné à mort pour avoir vengé sa compagne, Axel Kraft (encore une fois seul compositeur) nous parle de Wild Bill, son goût pour les armes et sa fin tragique lors d'une partie de poker. Pour la petite histoire, une des descendants de ce cher Bill vit à notre époque est n'est autre que Barack Obama. Et sinon, à part ça, musicalement nous sommes en terrain connu, peut-être un peu trop d'ailleurs.

En effet, une fois la galette absorbée par le mange disque, le premier coup de guitare introductif retentit et on se dit "ah bah merde alors, ils m'ont pressé The Legend and The Truth !". Allez comprendre la démarche du groupe, mais toujours est-il que l'album est donc introduit par le même artefact sonore que l'album sorti il y a six ans de cela. Ceci dit, le reste de l'intro garde son identité propre et s'avère franchement réussie, mêlant guitare acoustique, sifflements et une douce voix féminine venant juste reprendre la même mélodie tandis que des chœurs distants nous abreuvent de "Ouh ! Ah !". A ce niveau là nous sommes au moins rassurés sur la capacité du groupe à nous pondre d'incroyables ambiances western. Puis arrive le traditionnel morceau d'ouverture, censé marquer les esprits et déboiter les mâchoires. Mission remplie pour Under the Gun qui, si l'on fait abstraction du viol manifeste du riff du "Raining Blood" de "Slayer", nettoie les oreilles comme il faut. Cependant, ne cherchez pas de nouveauté ici, le son étant identique à celui de l'album précédent et les lignes vocales ainsi qu'accords piochant allègrement dans le répertoire déjà existant du groupe ("Hate" ou "Dust of History" pour ne citer qu'eux). Mais bon, tant que ça poutre ne râlons pas. D'autant plus que le (une fois de plus) traditionnel morceau thrash suivant tabasse comme il faut. De prime déroutant par son contraste "intro country/morceau metal/fin country", Yippie ya Yeah! nous offre un refrain des plus accrocheurs même si encore une fois Dezperadoz a déjà fait ce morceau par le passé. A défaut d'avoir du renouveau nous nous contenterons d'une recette efficace donc, servie par des musiciens irréprochables, même si la voix d'Axel Kraft manque par moment de justesse, mais vraiment par moment hein. Un recette pas forcément mauvaise, ces deux morceaux devenant réellement addictifs au fil des écoutes.



Cependant, on commence à se dire "bon, c'est bien mais après quatre ans d'absence on aurait aimé un peu de prises de risques". Souhait à demi-exaucé avec Badlands qui surprend par son rythme mais recycle sans honte le riff de "When the Circus Comes to Town". Et encore une fois, malgré l'impression de déjà vu, le groupe arrive à insuffler une âme au morceau, nous faisant voyager et démontrant si c'était encore à faire que le "western metal" lui colle à la peau. Car sous couvert de faire du heavy thrash, à l'image d'un "Rhapsody of Carbonara McNugget", Dezperadoz sait soigner ses ambiances et imposer son propre style. En témoigne un morceau comme Saloon #10 et son riff venant se poser comme LA définition de cet epic western metal distillé par le groupe depuis maintenant trois albums, "The Dawn of Dying" restant relativement modéré sur cette composante. Des riffs galopant, des arpèges se glissant dans les riffs, couplets et refrains, des sons de cloche,...Dezperadoz connait les bons ingrédients et ne lésine pas sur la pâte à crêpe. Et, pour en revenir au morceau, c'est dans ce fameux saloon que Wild Bill va laisser la vie, ayant devant lui la désormais "main du mort" en question durant une partie de poker et étant ensuite abattu. Deux morceaux bien thrashouillards (même si plutôt génériques) comme on aime plus tard, on pourra se délecter la superbe fin d'album, commençant par un Train of Souls de toute beauté où le protagoniste venant de s'écrouler au sol d'un coup de revolver dans le dos sent sa vie s'enfuir. Sous forme de power ballad country, ce morceau s'avère très mélancolique et parvient à transmettre à merveille le chant du cygne de Wild Bill alors qu'il monte abord de ce train des âmes et s'apprête à disparaître de ce monde. Puis Wild Horses vient conclure l'histoire de façon instrumentale en douceur et referme ainsi le livre de la vie de Wild Bill, à moins que...My Gun and Me pointe le bout de son nez, tel un chant de l'au delà. Morceau présent sur "The Dawn of Dying", il est ici réinterprété de façon moins électrique et plus intimiste même si la fin se veut forte en orchestrations. Posé en queue d'album comme une bonus track déguisée, il le complète pourtant à merveille et on en vient à regretter que la qualité n'ait pas été constante durant tout l'album.

Hein ? Quoi ? D'où il sort ça lui ? Il n'a jamais parlé de morceau raté ! Calmez-vous, ça arrive... Parce que voilà, entre un départ tonitruant et une fin magnifique végètent quelques curiosités pas forcément reluisantes. Revue des effectifs. Une tentative de nous faire la complainte du cowboy avec Bullet With my Name qui en plus d'être banale nous impose un bruit permanent de barillet qui, sympathique les (soyons généreux) quatre premières fois s'avère horripilant à supporter 3min40 durant. Une sorte de "Hellbilly Square bis" avec My Ol' Rebel Heart qui peine à s'imposer, une ballade maladroite avec Last Man Standing ou encore le beauf Just Like Cowboyzz Do qui partait d'une bonne idée mais est en définitive plutôt lourdingue là où un morceau racontant la routine des garçons vachers aurait pu justement être insolite et décalé. Au moins, à être parqués ensemble, il suffit de ne zapper le troupeau qu'une fois...



Un clip malgré tout assez réussi, suivi de "Wild Horses" durant le générique

Alors bon, avec ce "Dead Man's Hand", Dezperadoz déroule ce qu'il sait faire sans forcément se remettre en question mais le faut plutôt bien. Par contre, quand il décide d'innover, cela oscille entre le glop (Train of Souls) et le pas glop (les quatre morceaux du paragraphe précédent). Si cet album n'a ni la fraicheur de "The Legend and the Truth" ni le côté immersif de "An Eye For An Eye" (qui soit dit en passant est bien plus "cinématographique" que le dernier "Nightwish", mais bon) et qu'il accuse quelques titres à oublier, il n'en contient pas moins d'excellents morceaux, montrant que l'inspiration est toujours là. Cependant, Axel Kraft devrait peut-être songer à déléguer quelque peu la composition histoire d'éviter le remplissage, ou bien se remettre en question musicalement parlant car, déjà que cet album a l'air de sortir dans un relatif anonymat, si le prochain décline encore les mêmes riffs, sonorités et autres tics de compositions, Dezperadoz sera condamné à rester un groupe de troisième zone, là où "Alestorm" est devenu une référence. Pourtant, si les pirates y arrivent, pourquoi pas les cowboys ? Ah oui, jsuis con, c'est à cause du rhum tout ça...


0 Comments 10 juin 2012
Whysy

Whysy

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