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Cinq ans. Voilà donc le temps que l’on aura du patienter pour avoir entre les mains cet album. Paradoxalement, l’attente ne se sera pas révélée si longue que cela, car avec Saint Anger, qui fut bien loin d’être un chef d’œuvre, Metallica a perdu une bonne partie de son crédit. Pour la plupart des gens d’ailleurs, fans acharnés comme amateurs plus périodiques, la fulgurante carrière des Mets s’est brutalement stoppée après le Black Album (même avant pour certains), c'est-à-dire il y a plus de 17 ans maintenant. On peut donc comprendre qu’un nouvel opus du combo californien ne suscite plus le même engouement que par le passé auprès des aficionados, encore qu’avec quelques artifices marketing et beaucoup de dollars, les médias se sont fait un plaisir d’en faire un évènement planétaire de premier ordre.

Mais qu’importe, on ne peut difficilement s’empêcher de ressentir une forme d’excitation au moment de découvrir ce Death Magnetic, avec le secret espoir qu’il redore enfin le blason d’un des plus grands groupes métal des années 80. Les chanceux qui ont pu assister au concert évènement des Mets à Arras au mois d’août ont pu avoir un premier aperçu de ce que donnerait cet album. Chute finale ou retour en grâce ? Un article du journal Le Monde annonçait il y a un mois environ : « Metallica : retour au brutal ». Un bon point pour eux !! Eh oui, car après le heavy rock des jumeaux Load & Reload et la bouillie introspective de Saint Anger, les californiens semblent avoir entendu l’appel au secours des fans, en retournant à leurs premières amours, le thrash sanglant. Il suffit d'écouter les trois premiers titres (ou même le riff monstrueux qui introduit That Was Just Your Life) pour s'en convaincre : rythmiques acérées, riffs supersoniques ultra précis, solos (enfin de retour!!) au son reconnaissable entre mille, chant hargneux et puissant...

Au début ça surprend, mais plutôt dans le bon sens. Si on ne pensait plus les Mets capables de nous bluffer, c'est raté. On reste presque étonnés de cet accès soudain de brutalité maîtrisée, comme à la grande époque serais-je tenté de dire, et si à ce moment on se dit que Death Magnetic va se résumer à ce déluge sonore, on se trompe encore. Le groupe avait annoncé plus de variété, et il n'a pas menti. Dès The Day That Never Comes, la musique évolue vers un heavy US typique, plus en mid tempo mais toujours bien encadré par des riffs en acier, suintant de feeling (format single oblige). All Nightmare Long, véritable pépite où les Mets appuient sur le côté technique sans oublier l'efficacité du refrain, The Unforgiven III, l'excellente « ballade » de l'album, étonne par son intro dopée au piano et violons et convainc notamment par des lignes de chant géniales (les « Forgive Me, Forgive Me Now » donnent vraiment des frissons) et des textes toujours aussi inspirés. Les Four Horsemen se paient même le luxe d'une instrumentale de très bonne facture (Suicide & Redemption), d'autant plus que Lars Ulrich a laissé de côté les casseroles sur lesquelles il s'évertuait à cogner sur Saint Anger.

D'une bonne impression à la première écoute (de l'étonnement positif surtout), on rentre vite dans cet album qui s'avère vraiment convaincant avec le temps. Malgré ça, ce Death Magnetic n'est pas exempt de défauts : si la production est digne de la renommée du groupe, les californiens ont encore oublié de mixer les lignes de basse, Rob Trujillo se retrouvant ainsi limité au minimum syndical (dommage quand on connait le pédigrée du bonhomme, mais on commence à avoir l'habitude). De plus, un peu à l'instar de Saint Anger, certains morceaux auraient probablement mérité d'être raccourcis. L'ensemble est long (presque 75 minutes), et même si l'effet de longueur s'estompe au fil des écoutes, on a du mal à digérer le tout d'un bloc. Heureusement que la variété des tons apporte une certaine dynamique à l'album. Enfin, si on peut se féliciter du retour des solos de l'ami Kirk Hammet, au chômage technique sur l'album précédent, on a quand même du mal à retrouver la précision de son splendide coup de médiator d'antan, avec parfois l'impression qu'il n'est pas dans le tempo de la chanson.

En définitive, Metallica a, en comparaison avec Saint Anger, retrouvé une partie de son immense talent de composition, avec ces riffs tranchants comme des lames de rasoirs, ces rythmiques assassines à la sonorité si particulière, mais sans la fluidité et l’excellence qui caractérisaient les premiers albums. Finie l’époque rock’n’roll, bière à torrents et tour bus en guise de lupanar, Metallica cause aujourd’hui yoga, vie de famille et billets verts. Des thèmes d’actualité en somme, surtout pour des quadragénaires bien dans l’air du temps. Mais bon, après avoir traversé avec pertes et fracas un quasi désert artistique depuis 2001, on ne va pas non plus cracher sur cet album. Alors oui, Death Magnetic n’atteint pas la frénésie de Kill’em All ou l’intensité de Master Of Puppets, c’est vrai, mais objectivement, cet opus vaut le coup qu’on s’y arrête. On retrouve le format « classique » d'un album de Metallica, et même s'il y a quelques longueurs et imprécisions diverses, ça bastonne sévère comme dirait l'autre. On retrouve ce plaisir, oublié depuis longtemps, de headbanguer frénétiquement sur des riffs taillés dans les métaux les plus purs. Et bordel, ça fait du bien. Metallica est de retour de l'enfer, qu'on se le dise !!

0 Comments 25 septembre 2008
Whysy

Whysy

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