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Ça tombe bien, le dernier édito de Nightfall remet en question l'appellation "prog". En effet, on a une fâcheuse tendance à estampiller n'importe quel groupe sortant un tant soit peu des sentiers battus "prog". Alors bon, si on considère que les pionniers du rock progressif sont Pink Floyd, Rush, Genesis et consorts, il faut bien avouer que bon nombre de groupes actuels n'ont strictement aucun rapport, même si, bien sûr, on parle de metal progressif, à fortiori plus lourd, plus agressif.

C'est pour cela que, à y réfléchir, Ashent n'a pas grand chose de prog à proposer au final, malgré l'étiquette qu'on leur appose. On pourrait plutôt décrire ça comme du thrash gentil un peu intello et compliqué. Alors oui, ça n'est qu'une question technique, mais cela permet d'être clair sur la marchandise. Si on est d'accord sur le fait que Dream Theater est prog, alors Ashent ne l'est pas. Inutile donc de chercher des éléments du groupe américain voire de ceux cités plus haut dans ce "Deconstructive", deuxième album des transalpins.

Les présentations étant terminées, regardons de plus près cet album. Premièrement, signalons le fait que deux voix sont utilisées, le bassiste poussant son petit growl de temps à autres pour rompre la monotonie et la linéarité du disque. Car oui, et on y reviendra plus tard, cet album est incroyablement linéaire et ennuyant. Ceci dit, les guitaristes sont techniquement au top et ne sont pas avares en soli en tout genres et riffs alambiqués, ce qui sauve un peu cet album il faut le dire. Le chanteur principal est plutôt bon, sans en faire des tonnes, et arrive à bien moduler sa voix; quant aux autres musiciens, rien à dire: les claviers ne sont pas envahissants et savent intervenir au bon moment, et la batterie est bien carrée.

Mais alors, direz-vous, si les musiciens et le chanteur sont bons, où est le problème ? Et bien c'est tout simple. A force de resservir le même type de plans et les même riffs "techniques" composés de successions de notes graves, tous les morceaux se ressemblent fâcheusement et aucun n'arrive à sortir du lot, la faute à une musique un peu trop technique et peu accessible. Alors, l'accessibilité n'est pas un critère de qualité, bien sûr, mais il faut malgré tout avoir un certain attrait, que l'on fasse du beach-punk, du thrash old school, ou du death batcave dépressif. Je ne sais pas moi, dites que vous tuez des cochons sur scène, ou déguisez vous en power rangers, parce que là, je vois pas ce que l'on peut faire pour vous.

Voyez-vous, chers lecteurs, en dépit d'un niveau technique remarquable, la musique d'Ashent est dépourvue d'émotions, trop thrash pour émouvoir, trop douce pour séduire les bikers, bref, à faible portée. De plus, il faudra expliquer le pourquoi du comment de mais qu'est-ce que c'est que cette guitare saturée en permanence en fond sonore qui achève toute tentative de briser la linéarité ambiante. En effet, a part de très rares et brefs moments, il nous est imposé ce fond saturé, censé créer une impression de mur sonore mais qui agace plus qu'autre chose.
C'est pour cela que l'on en vient à apprécier les morceaux plus calmes, tel ce How could It Be Like This ?, pas renversant, mais contrastant suffisamment avec le reste pour être remarqué. Notons aussi la conclusion toute en ambiance de l'album, Music For Departure, assez inquiétante et plutôt réussie, dommage qu'elle vienne clore trois quart d'heures pas très fameux.

Il est encore plus dommage de voir que le titre instrumental (Ebb And Flow Of Awareness) n'a l'air d'être ici que pour dire "Regardez, on est prog, la preuve on a fait un instrumental avec tout plein de soli.", tant il ne se démarque absolument pas de ses camarades et aurait très bien pu se trouver intercalé dans l'un d'eux...

En réalité, cet album n'a pour lui que le fait que le style pratiqué n'est pas encore sur-représenté, le son très bon et le niveau élevé des musiciens qui fait de ce "Deconstructive" un produit bien fait, bien emballé et irréprochable techniquement. Cela suffit-il pour faire un album moyen et acceptable ? Oui. Un bon album ? Pas vraiment, non.

0 Comments 28 juillet 2009
Whysy

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