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En ce moment, je m’interroge beaucoup sur le monde du metal et de la musique en général. Comme je ne suis en aucun cas égoïste, je vais vous faire part de ma dernière réflexion. Pourquoi le titre d’un album devrait toujours rappeler un concept, une idée ou bien une ambiance ? Pourquoi celui-ci ne devrait-il pas être envisagé selon la musique jouée par un groupe ? Il serait alors un adjectif ayant une réelle signification concernant la musique délivrée par un groupe. Par exemple, pourquoi ne pas avoir appelé le dernier album de Freedom call, « Joyful »? Ou encore le dernier album de Dragonforce, « speedy 4 » (les 1, 2 et 3 étant réservé aux anciens albums)? Faites le jeu chez vous, ça peut être très drôle pour certains albums !  

En tout cas, un album n’aura jamais aussi bien porté son nom ces temps-ci ! Amartia, jeune formation du nord de la France, nous sort leur deuxième album sous l’appellation « Delicately ». Et en effet, l’album proposé par nos français est d’une délicatesse, d’une justesse et d’une finesse rafraîchissante. Comment le groupe est donc arrivé à trouver l’osmose parfaite entre le nom de leur album et leur musique ? Je m’en vais vous le conter…

Pourtant à la vue du style de musique joué par le groupe, l’affaire n’était pas facile. Effectivement, on peut difficilement parler de délicatesse lorsque l’on parle de groupes prog tels que Dream Theater, Vanden Plas et autres consorts. Mais pour Amartia le prog se joue de façon épurée et sans aucunes surenchères. Tout se joue sur l’accord parfait entre chaque instrument, sur l’acoustique et sur l’atmosphère créée par les mélodies. Dans ce sens le groupe se rapproche plus d’un rock/prog atmosphérique tel que peut le réaliser Porcupine Tree, Riverside et autres ténors du style. Substituez la voix masculine classique de ces genres de groupes, et ajoutez une voix féminine à la Sharon den Adel (Within Temptation) en plus suave et groovy et vous obtenez une bonne dose de délicatesse.

L’album est tout en toucher dont chaque note est discernable et apporte son importance. Dans cette flopée de rythmiques lentes et prog, chaque instrument s’éveille et participe aux mélodies le plus souvent languissantes et prenantes (« Delicately », « Grey Circles », « Accuracy »…). L’atmosphère mélancolique est le fruit du travail du clavier très présent par ses nappes parfois proches de ce que l’on peut entendre sur Ayreon (« Grey Circles »). La guitare acoustique n’est également pas sans reste à cette ambiance mélancolique (par exemple « Accuracy » et sa guitare à la Opeth). Les rythmiques progressives sont souvent accompagnées d’une guitare acoustique qui permet d’aérer les compositions et d’alterner rythmiques lourdes (guitare saturée/batterie) et rythmiques légères (guitare acoustique/clavier). Le côté progressif laisse même parfois la part belle au rock avec des mélodies plus enjouées (« Another »).

Les breaks ne sont pas à tiroirs mais sont juste une continuité puis une évolution des mélodies entretenues lors des passages chantés. Ils sont cohérents et ne semblent pas déstructurés comme la plupart des groupes prog. La guitare offre des accords d’un délicat feeling. Ces breaks instrumentaux procurent un bienfait de part la justesse d’enchaînement des différents instruments (basse, piano, guitare acoustique, batterie…). Avec tout cela, comment ne peut-on pas être charmé par les trois pistes instrumentales de l’album? L’une par sa justesse d’écriture (« Hightech Human »), l’une par son côté plus rythmé et heavy (« Spring Evolution ») et la dernière par la virtuosité de ses deux guitares acoustiques («A Quiet Place »). Soulignons la seule démonstration technique de la guitare sur « Spring Evolution » qui surprend par sa vitesse d’exécution.

Pour compléter cette justesse instrumentale, la voix de Britta Herzog apporte son flot d’émotions. Que ce soit sur les ballades (« Don’t Be Sorry » et son aspect crescendo) ou sur des morceaux plus rythmés, son empreinte vocale unique finit de compléter la réelle personnalité que s’est créée le groupe. Elle sublime, toute seule (« Delicately »…) ou à l’aide du guitariste/choriste Vincent Vercaigne (« Grey Circles », « Not A Detail »…), les refrains des compositions déjà percutants de par leur écriture.

Que peut-on donc reprocher à cet album ? Peut-être son assez longue durée. Le groupe utilise souvent le même procédé pour provoquer la sensibilité, l’émotion chez l’auditeur. Même si la mayonnaise tend à prendre sur chaque composition, le fait que certaines personnes soient lassées en fin d’album ne sera pas surprenant. Chez certains auditeurs les instrumentales paraîtront peut-être un peu trop à rallonge (environ cinq minutes chacune) et perdront donc en crédibilité. Et dernièrement, la chanson « Your attention » parait un peu dispensable par le fait qu’elle n’apporte pas grand-chose au reste de l’œuvre.  

Les français d’Amartia sont arrivés à imposer leur patte dans ce monde florissant de rock/prog atmosphérique. Le groupe passera sûrement un cap avec cet album et en ayant privilégié la langue de Shakespeare pour « Delicately » (au lieu du métissage linguistique français/anglais/allemand de leur précédent opus « Marionnette ») le groupe marque sa volonté de séduire un public international. Avec une bonne distribution ainsi qu’une bonne communication, je ne vois pas comment leur délicatesse et leur justesse ne pourraient trouver preneurs.  

Doryan.

0 Comments 24 mars 2009
Whysy

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