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Il est fort possible que vous n'ayez jamais entendu parler de Psychanoïa, groupe prog originaire de l'hexagone. Et pour cause, en dix ans d'existence, le groupe ne s'est mis que tout récemment à donner des concerts. La raison à tout cela ? La difficulté à garder un line-up stable. Débutant son existence en tant que groupe instrumental, Psychanoïa a dû essuyer le départ du claviériste avant de s'orienter vers une formule plus simple avec chanteur qui a lui aussi mis les voiles, empêchant alors à l'époque le groupe de partir défendre sa musique. Mais ces problèmes semblent résolus puisque la formation a trouvé en Ivan Jacquin la pièce qu'il lui manquait, le bougre officiant aux claviers ET au chant, ce qui fait que Psychanoïa peut donner libre cours à sa folie créative et se produire en concert. Pour transformer l'essai, un troisième album est en préparation et le groupe a eu la bonne idée de se faire connaître en mettant à disposition une démo de cet album, sorte d'EP contenant quatre morceaux amenés à figurer au programme de cet album à venir. Au programme, du prog bien sûr mais plutôt varié...

En effet, Psychanoïa se veut un parfait défenseur de l'étiquette "prog" qui consiste à brasser plusieurs influences sans se laisser enfermer dans un quelconque moule tout en gardant à l'esprit la nécessité de proposer une musique cohérente et non farfelue. Ainsi nous retrouverons ici pêle-mêle "Dream Theater", "Genesis", "Pink Floyd" ou encore "Porcupine Tree", les musiciens du groupe connaissant leurs classiques et n'hésitant pas à s'en inspirer. Ce qui fait qu'un morceau comme The Letter viendra vous appâter avec un riff bien lourdingue et dissonant pour ensuite vous happer avec une ligne de basse qui groove à mort couplée à une ligne de clavier envoutante et finalement embarquer sur un riff assez cosmique qui n'aurait pas dépareillé chez "Raintime" ou "Soilwork" (en bien moins extrême cependant). En même pas deux minutes on comprend que Psychanoïa est un groupe qui aime donner du relief à ses morceaux et évite à tout prix la linéarité. Pour preuve, après ces débuts tonitruants, The Letter vient poser des couplets beaucoup plus posés et ralentis qui nous permettent d'apprécier le jeu de batterie de Thierry Charlet, efficace et subtil sans pour autant en mettre plein la vue. Nous pouvons aussi y découvrir la voix d'Ivan, très mélodieuse et rappelant souvent Tom S. Englund d'"Evergrey". En effet, ici il ne sera question que de voix claire avec un chant d'avantage gorgé d'émotions que plaintif. Alors oui, les personnes réfractaires aux chanteurs "pleurant dans leur micro" risquent d'être quelque peu rebutés, d'autant plus que certaines montées dans les aigües ne sont pas toujours heureuses mais dans l'ensemble Ivan livre une très bonne prestation, juste la plupart du temps et rendant parfaitement justice à la musique du groupe.

Car musicalement parlant, on sent que le groupe maitrise, ça joue carré et précis sans être stérile et chirurgical ce qui permet au groupe de passer un peu de chaleur et de ne pas aller jouer dans son coin sans parler à personne. Une intro en mode "Genesis version metal" pour Last Words suivie d'un riff en mode "Deep Purple version rock" et voilà que vient un nouveau couplet calme au chant à fleur de peau. Mais, ne se reposant pas sur ses acquis, voilà que le groupe dégaine un pont à en faire secouer la tête pour embrayer sur un refrain façon power ballade où le chant aigu fait cette fois des merveilles. Et que dire de la longue phase instrumentale virevoltante où chacun s'en donne à cœur joie et vient éclabousser le morceau de son talent tout en évitant de tomber dans la démonstration vaine. Même combat pour Find a Way, morceau le plus "metal" de la galette qui nous dispense encore d'une belle plage instrumentale et démontre que le groupe arrive à multiplier les plans et atmosphères tout en gardant une cohérence incroyable. Si l'album à venir contient des pistes entièrement instrumentales, on devrait en prendre plein les oreilles. A vrai dire, seul le morceau This Between détonne un peu dans l'affaire, sorte de ballade assez maladroite car trainant en longueur sans réellement accrocher l'auditeur. Mais on mettra ça sur le dos de l'aspect "demo" et du son un peu criard en vigueur sur ce morceau.

Alors bon, quatre morceaux c'est peu mais cela suffit pour entrevoir tout le potentiel résidant dans ce Psychanoïa "Mark III". Si certains points méritent d'être améliorés (un son un peu plus chaleureux et personnalisé ou encore un chant légèrement plus mordant et moins plaintif), cette démo est plus qu'encourageante pour le groupe et annonce un album qui devrait être réussi si le standard de qualité de faiblit pas.

0 Comments 08 juillet 2012
Whysy

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