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Et si Demolition était le pire album de Judas Priest???

Excusez amis lecteurs, je suis profondément désolé de secouer votre torpeur estivale par cette saillie aussi catégorique qu’impromptue mais peut on considérer autrement le deuxième et dernier album du Prête avec Ripper Owens au chant?
Oui je sais, c’est facile de s’en prendre à la pochette la plus hideuse de l’histoire pourtant chargée iconographiquement du groupe. Ce visuel plus insignifiant que laid n’est pas des plus heureux et je m’étonne encore que le groupe l’ait laissé passer. Je me souviens encore d’un journaliste du mensuel spécialisé le plus connu de l’époque interrogeant KK Downing quelques mois avant la sortie de Demolition sur la pertinence d’une telle couverture.. Le désormais ancien guitariste légendaire de Birmingham avait lâché : « Attendez le résultat final, vous allez être surpris ». Et bah Ken, ça pour être surpris, tu nous as pas loupé, plus de 10 ans après sa sortie je tiens l’édition limitée du disque entre mes mains, le visuel d’un noir spinal tapien avec juste le nom du groupe et de l’album inscrit en argent et je me demande encore ce qui s’est passé… Quant à l’édition originale, amis lecteurs, vous pouvez la contempler en haut à gauche, et je pense pouvoir m‘abstenir de tout commentaire. Une fois de plus ma critique est facile, en ce moment je suis aussi négatif qu’un test de grossesse réalisé avec l’urine de Jean Paul Loth, mais calmement et posément que peut on retenir ou sauver de cet album?

Premièrement on peut dire qu’il était attendu-comme tous les albums du groupe d’ailleurs- car il vient plus de quatre années après son prédecesseur Jugulator, le temps pour le groupe d’arpenter la planète dans une gigantesque tournée mondiale immortalisée par un double live Live Meltdown.
Cet album est alors le plus long de leur carrière, il est même quasi bourré selon les standards priestiens du "je-ne -dépasse-pas-les-10-titres-parce-que -j’ai-fait-ma-carrière-du-temps-du-vinyl" :13 titres pour une livraison discographique d‘autant plus prolifique qu‘elle est rehaussée par les deux premiers bonus de l’histoire du Priest (et oui il fut un temps où ça n’existait pas les bonus) deux morceaux live avec Ripper au chant. Ces ajouts sont bienvenus et rappellent que le meilleur live du priest est celui fait avec Owens au chant (le déjà cité et enormissie Live Meltdown) alors qu’à l’exception du mythique mais daté Unleashed in the east de 1979, les lives Avec Halford sont ratés, un comble tout de même). Il est cependant fort dommageable que les deux titres choisi (Rapid Fire et The green Manalishi) aient déjà été présents sur ce double live de 1998.

Deuxièmement Demolition est l’album d’une ambition, celle de poursuivre le chemin tracé par Jugulator. Judas Priest montre que cette formation n’est pas ancrée dans un passé nostalgique et fossilisé, le groupe est à l’aise dans son époque et impose à sa musique une veine moderniste faite d’introductions bruitistes, de riffs rammsteiniens massifs (One on One) qui lassent par les formats allongés des titres régulièrement dépassant les cinq minutes. Le logo du groupe, son visuel, sa calligraphie des paroles, les thèmes (Cyberface on est au début d’internet, du temps où on pouvait fumer une clope le temps de se connecter) tout chez Demolition témoigne du désir d’être à la page, dans le coup, jusqu’à faire « raper » Tim Owens sur un Metal Messiah pourtant pas désagréable. Ce souci louable et pertinent sur Jugulator trouve ici ses limites dans des morceaux fades et roboratifs comme Devil Digger, Hell is Home ou un Cyberface à la limite d’un jeunisme outrancier pour une si noble institution britannique.
Les sonorités martiales si surprenantes dans la composition racée et fine des sidérurgistes anglais ne réussissent pas à imposer aucun tube et même la voix magnifique de l’américain est sous ou mal employée. Les fans regretteront le manque de screams si caractéristiques (un peu sur Bloodsuckers)Les ballades sont par contre ébouriffantes, pleines de charme, d’une facture ancienne limite saugrenue dans cet étalage de modernisme stérile et redondant. (Subterfuge peut se prévaloir d’une écriture en collaboration avec le mythique Tsangardides mais c’est tout). Lost And found pourrait d’ailleurs symboliser la destinée de cet album, Judas Priest s’est perdu mais se retrouvera très rapidement.

Demolition est un album à part, presque caché et introuvable, déjà oublié à peine sorti tant les attentes de la reformation avec Halford au chant étaient pressantes et même étouffantes. La promotion et la sortie de cet album ont été perturbé par le retour tonitruant du Metal God attendu par une majorité écrasante de fans. Aucune réhabiliatation de l’ère Owens n’a été faite depuis et l’Epitaph tour reprend ostensiblement tous les anciens albums des britanniques (même Point Of Entry) sans rendre hommage au pourtant bon Jugulator et à ce Demolition. Cette période non assumée ne mérite pas d’être victime d’une damnatio Memoriae à l’antique mais ce quatorzième album du Priest est vraiment leur plus faible.

0 Comments 05 juillet 2011
Whysy

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