Vous recherchez quelque chose ?

C’est connu, c’est en quelque sorte une règle de la nature, un constat que tout le monde reconnaîtront. Les groupes les plus populaires sont rarement les plus talentueux. Vous vivez avec ce fait tout les jours, alors que la populace fredonne des chansons idiotes ou sautillent sur une musique stéréotypée et inoriginale, vous prenez soin de chercher les perles rares que la masse ignore. Pourtant, cette adéquation entre talent et popularité se retrouve dans chaque milieu. Vous pouvez sûrement me citer un groupe qui mériterait selon vous une plus grande reconnaissance sur la scène Metal. Bénéficier d’une tribune ayant ses avantages, je peux aujourd’hui vous présenter un album d’un de ces groupes. Shadow Gallery aurait déjà mérité des lauriers pour leur dernier opus, Room V, album concept qui s’est vu comparé par Dreamer à Scenes from a Memory. Si le nouvel album, sixième en titre, ne comporte que 7 titres et ne prétend pas à un concept poussé, il accroche par son aisance naturelle à faire l’amalgame d’un métal à la fois progressif et heavy à souhait.  

C’est du moins ce constat que l’on fait rapidement en écoutant Digital Ghosts. Sur le même disque, le groupe joue véritablement avec nos allégeances métal traditionnelles et ses aspirations progressives. Ainsi, la première pièce, With Honor, accroche immédiatement l’oreille avec son chœur de groupe en guise de refrain, sa structure éclatée et surtout par les magnifiques harmonies vocales garnissant la pièce. Le tempo est moyen, les pianos et claviers sont présents, les éléments se succèdent pour de très belle pièce progressive de 10 minutes. L’apothéose est sans doute cette portion a capella faisant l'étal du haut niveau vocal développé par l’ensemble du groupe, et faisant immédiatement penser à Queen. Pourtant, et surprenament, la pièce suivante présente des riffs énergiques et d’une construction plus classique, à des lignes vocales hargneuses centrées sur le nouveau frontman, Brian Ashland. L’énergie typée Heavy Metal de Venom fait headbanger, les guitares se déchaînent et abreuvent de solos et de shreds bien inspirés sur fond de batterie galopante.  

Cet amalgame de heavy et de prog est appuyé sur une maîtrise instrumentale convenant bien aux deux orientations. L’écriture des pièces sait être parfois directe, et parfois plus poussée. Les ambiances sont variées, et le second guitariste, Gary Wehrkamp, troque volontiers les cordes pour son clavier, ce qui permet des alternances de solos, voire de duos de guitares entrecoupées de claviers, pour des effets parfois additifs et épiques. Prenez la seconde moitié de Digital Ghosts, éponyme et avec raison, où après un passage assez jazzy, ces guitares et claviers montent un crescendo instrumental rempli de feeling sur près de 3 minutes, pour une apothéose digne des belles années de Dream Theater. Quoique l’ensemble soit très moderne, on retrouve ici et là des sonorités empruntées aux ’70, notamment le feeling très Pink Floydien du solo d’ouverture de Haunted, ou encore cette référence à Queen. Référence parfaitement valide, car  si les cordes font un travail essentiel et inspiré, c’est dans les cordes vocales que réside la plus grande force du groupe. Vu le nombre de timbres différents que l’on peut entendre, et souvent en même temps, il est évident que chaque membre a sa place derrière un micro. Le lead du chanteur sera souvent partagé avec des harmonies vocales très développées. On les retrouvera aussi en guise de break (With Honor), de ponts entre deux couplets, en réponse au chanteur (Strong) ou monopolisant carrément les refrains.  

On remarque par contre au fil des écoutes que bien que Strong et Haunted intègrent assez bien les éléments heavy et prog au sein d’une même pièce, le reste de l’album est à 2 vitesses. D’un côté, on retrouve deux pièces plus progressives (With Honor, Digital Ghosts) et de l’autre, des pièces plus musclées (Venom, Pain, Gold Dust). Ces trois pièces s’enchaînent dans l’ordre et finissent par s’essouffler un peu. Strong s’avère la pièce la plus réunificatrice, avec sa première moitié mid-tempo et son accélération pour la seconde moitié plus instrumentale.  

En bout de ligne, cet album à mi-chemin entre prog et heavy présente un potentiel réunificateur évident entre progeux en manque de muscle et métalleux frustrés par des groupes prog jugés tantôt trop techniques, tantôt trop ennuyeux. Un petit peu de travail supplémentaire sera néanmoins nécessaire pour que le mélange soit aussi réussi que celui de Symphony X. Digital Ghosts s’avère un album qui présente aussi beaucoup de qualités instrumentales et vocales, mais qui aurait pu bénéficier d’un peu plus de 7 pièces. Un groupe qui devrait plaire à un bon éventail de gens, et qui mérite sûrement un essai de votre part …   9/10  

Félix

0 Comments 13 novembre 2009
Whysy

Whysy

Read more posts by this author.

 
Comments powered by Disqus