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J’ai rêvé d’un monde subitement dépeuplé de ces adolescentes décérébrées,  qu’un simple regard coulé de sous une coiffure dite « en tête de bite » par Just’un Biberon transforme en piscines olympiques. Mais des piscines, soldées toute l‘année, y’en a partout.
J’ai rêvé d’un monde où l’humanité cesserait enfin d’être trop conne, mais il faut que je sois fort… elle a bien plus de chances de se faire ratatiner par un météore, GPS en rade, et grand comme 10 000 terrains de foot.
J’ai rêvé d’un monde où Phoebe Cates aurait encore vingt ans, mais il faudrait tuer ses gosses, et ça je peux pas.
J’ai rêvé d’un monde parfait, mais Sony ne l’a pas fait. Il a préféré me fourguer une platine qui a rendu son âme noire deux mois après la fin de la garantie.
Bref.
J’ai décidé de rêver raisonnable.
Alors, pourquoi ne pas rêver d’un homme et d’une femme, qui chanteraient pour le simple plaisir de ravir nos oreilles d’humains aigris par l’injustice de l’inflation galopante du coût du kilo de pâtes Lustucru?
TOUCHSTONE l’a fait. Et 415 voix s’élèvent aussitôt pour rappeler qu’ils l’ont également fait avec leur superbe WINTERCOAST.
C’est vrai, alors séance de rattrapage pour ceux qui n’ont pas su alors se régaler de mes 89 lignes de chronique élogieuse sur cette gemme du rock progressif.
Vous avez cinq minutes.
Pour les autres, oui, ce DISCORDANT DREAMS est leur premier vrai cd, commis juste avant WINTERCOAST, et après un parcours plutôt agité et peu prolifique en enregistrements studio, mais qui eut l‘avantage de les aguerrir sur la scène prog, aux côtés par exemple d‘un autre groupe  musicalement proche d‘eux, et dont il faudra que je vous parle un jour, THE REASONING.
Et la question, évidemment, qui vous taraude: «  Est-ce que TOUCHSTONE, avec ce DISCORDANT DREAMS, était déjà aussi bon, ou peut-on parler d’œuvre de jeunesse, avec toutes ses maladresses supposées? »

L’enchantement auditif qui a pour nom Kim SEVIOUR est bien  là. Sa voix cristallise toujours autant grâce et limpidité et sa couleur plus pop que rock est un divin contraste avec la voix de Rob COTTINGHAM mais aussi avec la guitare d’Adam HODGSON.
Une guitare qui prend volontiers l’accent rocailleux et rugueux du heavy rock, pour mieux nous émerveiller lors d’envolées somptueuses qui parent alors le rock progressif de TOUCHSTONE d’accents symphoniques prompts à nous chambouler le palpitant.
Palpitant qui va d’ailleurs vibrer tout au long de l’album sous les coups d’une batterie particulièrement ( trop?) mise en avant. Ce qui n’est pas un problème, tant le jeu d’Al MELVILLE est un régal d’élégance et de précision.
Les claviers de Rob COTTINGHAM ( oui, le chanteur!) puisent dans un large éventail de sonorités modernes ou plus seventies, tour à tour sobres, gimmicks entêtants ou digressions caractéristiques progressistes, quand ils n’habillent pas de nappes majestueuses les velléités symphoniques de la musique de TOUCHSTONE.
La basse fretless de Paul MOORGHEN, infatigable, inventive, vrombit, ronronne, bourdonne, pour notre plus grand plaisir.
Et il m’apparaît tout à coup que, finalement, je pourrais vous dire à tous, et bien d’aller relire ma chro du WINTERCOAST, tant j’ai l’impression de me répéter…

En cherchant bien, je vais bien en trouver des différences….
Bah, au moins une alors…
Voilà! Il faut attendre SHADOW, le 6° morceau tout de même pour entendre l’organe de Kim réellement mis en avant. Ce qui fut une déception au début s’estompa finalement. Il suffit d’écouter  le titre éponyme où Kim, en retrait, se contentera de doubler le chant de Rob,  pour tomber immédiatement sous le charme de la mélancolie qui se dégage alors du duo. L’intro musclée, les montées en puissance du refrain contrastent radicalement avec la mélancolie précédemment évoquée.
CURIOUS ANGELS est un bon exemple de la belle diversité qui règne sur la galette; intro de claviers atmos, couplets pop rock des années 80 copieusement arrosés de Whaaaaaaaaaaaa Whaaaaaaaaaa, balayés le temps d’un refrain par une guitare agressive heavy de chez heavy, avant qu’un break instru ne vous rappelle fort à propos que l’on est bien ici en terres progressives.
Le morceau fleuve de 11 mns, THE BEGGAR’S SONG, illustre le mieux la dimension progressive de TOUCHSTONE, et permet à Rob de montrer l’étendue de ses capacités vocales en adaptant son chant à des ambiances multipliées à l’envie, se posant sur des percussions, des claviers éthérés, des guitares agressives ou mélodiques, depuis un début aux quasi allures de chanson enfantine jusqu’au final en apothéose. À défaut de montrer celles de Kim, malheureusement bien trop absente, si ce n’est que pour quelques chœurs.
Vous l’aurez compris, voilà bien le seul défaut que je reprocherai à cet album. Mais dans la colonne des « plus », je m’empresserai d’ajouter que le duo constitué par Kim et Rob est définitivement une merveille, insufflant au gré des compositions de la mélancolie, une certaine nonchalance plus latine que britannique, une intensité dramatique qui peut vous prendre aux tripes - écoutez BLACKTIDE et ce refrain où les voix de Rob et Kim se muent presque en cri et sont «  prolongées » et doublées par la guitare et les claviers- , mais aussi une certaine sérénité, quand bien même, encore une fois, les thèmes abordés dans les chansons seront plutôt qualifiés de sombres.
A ce duo, TOUCHSTONE offrira des mélodies toujours finement travaillées, flirtant sans complexe avec la pop ou le rock mélodique. Claviers et guitares se chargeront de l’écrin progressif, tantôt catchy, tantôt adouci, cherchant toujours à nous surprendre, soufflant sans cesse le chaud et le froid, mais se gardant bien néanmoins de nous perdre dans les méandres trop complexes d’un prog pontifiant.

Pour les fans de rock progressif qui étaient passés à côté de WINTERCOAST, voici une deuxième chance pour découvrir un groupe décidément très attachant.


Note réelle; 8,5


PS; à noter que c’est John MITCHELL, guitariste d’ARENA, qui mixe l’album, et que TOUCHSTONE reçut en 2008 le prix du meilleur groupe, catégorie révélation, décerné par la British Classic Rock Society, prix remis par John WETTON himself. Voilà quelques petits gages de qualité supplémentaires qui ne peuvent pas faire de mal.

0 Comments 01 octobre 2011
Whysy

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