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3 ans sans que Battlelore, le groupe de metal épique finlandais connu de toutes et tous, n'ai pondu de nouveau bébé, c'est quand même, si l'on y réfléchit bien, la plus longue durée de sortie des scandinaves. En même temps, il faut dire qu'après le très anecdotique (pour ne pas dire mauvais) «The Last Alliance», il fallait bien que le groupe se remette en question. Qu'est-ce qui ne passait pas et que possédait les autres albums ? A vrai dire, la réponse à cette question, c'est de l'énergie, des refrains mémorisables et une constance dans les bons morceaux. Tant de qualités qui font reconnaître le bon grain de l'ivraie, et, sans doute possible, la dernière sortie en date se plaçait sans aucun mal dans la seconde catégorie, et instaurait le doute sur l'avenir du groupe.

Pourtant, en voyant la couverture de «Doombound», les influences Tolkien sont toujours là et il est à craindre un changement minime voir inexistant. Ce serait dommage, après tout, de ne pas continuer sur une voie de facilité qui avait été clairement empruntée précédemment. Pourtant, l'envie d'écouter quelque chose de moins calibré prime et la seule envie qui prime, c'est celle d'écouter quelque chose de nouveau, de ne pas se laisser berner par les sirènes de la facilité qui sont bien trop présentes sur le redondant «The Last Alliance». Que de craintes, dans la terre du milieu, en ces journées froides où l'herbe est couverte de glace …

Et malheureusement, ce n'est pas «Bloodstained», maladroitement placée comme ouverture, qui viendra changer l'opinion qui s'est construite autour du «nouveau» Battlelore, qui sert plus de berceuse que de réveil. Si vous vous demandez : «est-ce mieux qu'avant ?», la réponse est oui. Mais à la question «mais est-ce bon ?», la réponse sera négative. Manque de souffle, aucune conviction dans les voix, qui ne permettent pas de faire décoller un titre qui déjà peine à plaire par une rythmique basique et pauvre, voilà la recette qui vous sera offerte. Non, définitivement, ouvrir par du médiocre pareil est un comble alors que la demande est à la puissance.

Et ce n'est pas les banales «Enchanted» ou «Fate of the Betrayed» qui viendront changer la donne. Si le clavier de Maria fait parfois des merveilles, teinté de bonnes intentions et à la polyvalence honorable capable d'insuffler une ambiance plutôt intéressante, les refrains, les chant fade et mièvre de Kaisa et la section instrumentale ne dégagent aucune émanation de puissance. Pire, on se demande ce que viennent faire là les grunts presque caricaturaux de Tomi sur «Enchanted», tant ils sont inutiles et n'apportent absolument rien au morceau, si ce n'est qu'un fou rire pour celui qui l'écoute. Ou un désespoir encore plus profond, cochez la bonne proposition.

Il faudra bien l'accélération d'un «Olden Gods» pour vous tirer de la torpeur tant le plat et le vide vous auront déjà expédiés dans les bras de Morphée. Encore une fois, ce qui sauve l'ensemble est le clavier qui, lui, contrairement à de nombreuses parties de guitare, a de la profondeur, de l'intérêt, et trouve sa pertinence du début à la fin. «Iron of Death» n'est pas mal du tout non plus dans ce genre-là, et résister à la tentation de bouger serait tout à fait ridicule. Ce qui fait du bien, c'est de retrouver quelques vieilles ambiances pré-«Third Age of the Sun», l'âge d'or de Battlelore, où musicalité et qualité se tenaient la main pour former le délicieux «Sword's Song». Étonnant de voir que la demoiselle est efficace que lorsqu'elle n'intervient qu'avec parcimonie au lieu de prendre l'espace majoritairement, de sa voix sans émotions ni charisme, qui ne rivalise pas une seconde avec une Helena de Crimfall.

Se qualifiant de metal épique, il est vrai que les finlandais n'ont pas totalement perdus ce qui leur donne une telle appellation. L'intro de «Men as Wolves», excellente s'il en est, ne trompe pas, et vient donner un bon gros coup de massue sur le crâne du sommeil. Et la, que se passe-t-il ? Enfin un morceau de qualité, inspiré et se dégageant un temps soit peu du lot. Il aurait été meilleur, il faut l'avouer, si Kaisa n'était pas aussi présente, car ici la voix gutturale de Tomi Mykkänen est tout à fait à son aise. Peut-être qu'un jeu de batterie plus prenant aurait cependant été meilleur pour coller au reste des instruments qui revivent miraculeusement. «Last of the Lords» est comme une suite, toujours dans cette très bonne continuité mais très symphonique et le résultat est surprenant ! Voici le morceau qui se trouve être le meilleur de tout l'album, avec un refrain agréable, avec d'excellentes intonations extrêmes, et le contraste entre voix masculine et féminine semble avoir été justement dosé.

D'ailleurs, ce rapport entre le troll grognant et la frêle elfe a sérieusement besoin d'être retravaillé, tant il manque de cohérence et va à l'encontre de cette puissance attendue. Le problème vient véritablement de l'utilisation du chant féminin, exploité de manière curieuse mais peu intelligente, forcé, par un manque de puissance certain et une voix fluette qui a parfois du mal à se fondre dans le décor, d'adopter la mélancolie ou la tristesse pour tenter de nous faire couler quelques chaudes larmes. D'une, le manque d'émotion vient annihiler complètement cet effet, et de deux, cette tendance force souvent le rythme à se ralentir et à laisser place à la lassitude. «Bow and Helm» commençait franchement bien, la rage de Tomi est communicative, lorsque Kaisa, pleine de faux sentiments, effondre littéralement le titre. De plus, elle n'apparait que très rarement sur les parties plus speed, dommage.

Autre point qui dérange, c'est le découpage de l'opus : mal tranché visiblement, car dans la première partie se retrouve les pièces lourdes, plus agressives et sombres, alors que la lumière éclipse le noir sur la deuxième moitié, et qu'un peu de joie fait son apparition. Pourquoi une telle organisation alors qu'un mélange des deux aurait été bien plus efficace ? Notez également que les seconds sont curieusement nettement supérieurs au premier, du coup, si vous voulez éviter d'être déçus, écoutez la deuxième moitié, à partir de «Olden Gods», en évitant soigneusement «Enchanted» ou «Kärmessurma» qui s'étiiiire.

Tout est bien qui finit bien, avec l'éponyme «Doombound», longue pièce dans laquelle l'essoufflement n'a pas lieu d'être et l'étonnement prend place en voyant que les Battlelore n'ont pas perdus leur capacité à créer des compositions si excellentes, alors qu'à côté, un manque d'inspiration flagrant vient ruiner les efforts des guerriers du Nord. En attendant, sur cette perle épique, un cello magnifique viendra accompagner le chant féminin qui, cette fois, se fait beau et cristallin, les musiciens délivreront le meilleur des capacités qu'ils possèdent, et l'ambiance est plutôt intimiste, pas de bons gros riffs ni de cris ravageurs, on s'approche presque du metal gothique. Enfin, l'instrumentale «Kielo», épurée, permet de souffler un peu.

Dubitatif, voilà le sentiment qui reste à la fin de l'écoute de ce «Doombound». Oui, il est meilleur que le précédent album, ça ne fait aucun doute, mais l'ennui et le manque flagrant d'une inspiration quelconque sont de retours malgré tout. Et là pour Battlelore, le constat et clair et de nombreux points sont à revoir. Si le tout s'écoute sans grande difficulté malgré des longueurs, le découpage hasardeux mêlé à ce chant féminin inexpressif et amorphe à maintes reprises et ce manque d'un refrain qui fera un hymne (même «Last of the Lords» ne peut prétendre à ce titre) pénalisent sévèrement un album dont on est convaincu du début à la fin qu'il aurait pu être meilleur sans des erreurs de débutant évitées. Bref, une déception, il faut l'avouer, mais attendiez-vous vraiment quelque chose d'exceptionnel de la part de Battlelore depuis «The Last Alliance» ?

0 Comments 27 février 2011
Whysy

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