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Ce qui est bon, c’est quand on prédit un avenir glorieux et prolifique d’un groupe dès la sortie de l’EP. On se sent devenir chercheur de talent et producteur à la fois, comme si la réussite de la formation dépendait de nous (alors que pas du tout en fait). Néanmoins, dès l’arrivée de Conclusion To An Age, je pressentais un potentiel chez nos Anglais. Force est de constater que sept ans plus tard, mes petits protégés sont devenus des grands avec trois albums délivrés avec constance à leur actif. Sylosis avait entre-ouvert une porte donnant sur un surpeuplement de la scène death mélodique et par un jeu approprié et une digestion personnelle du style, le groupe a réussi à fendre la masse en deux pour s’insinuer doucement mais surement vers le centre rayonnant du noyau dur du genre extrême.

Afin de continuer son histoire, la formation nous fait l’offrande d’une nouvelle sortie qui visuellement reprend le symbole de la perfection. Effectivement le cercle qui entourait l’ermite méditeur sur Edge Of The Earth, ou celui présent sur Monolith est accentué et sert de cadre sur Dormant Heart. Signe prétentieux d’arrogance ? Simple identité métaphorique qui file le long des années ? Nous ne saurons pas le fin mot de l’histoire mais ce que l’on peut juger c’est évidemment l’album qui frise la folie avec les nombreuses incursions de toutes sortes. Malgré son titre appelant au repos, les chansons contrastent énormément avec cette définition du calme. Effectivement, les guitaristes usent de leurs talents pour faire vrombir leurs cordes acérées et avides de notes. La rythmique impulsée et syncopée développe un champs fertile pour semer des riffs directs et efficaces (« Leech »). La furie s‘engage fortement et s’infuse dans la structure musicale par le biais des instruments à cordes mais aussi par le le chant du frontman qui s’égosille à gorge déployée tout le long de l’album.

Le panel musical prend sa source dans une rage empoignée à bras le corps et le talent des musiciens affine le style pour catalyser et dompter la frénésie destructrice si elle est mal appréhendée. Les titres tels que « Endocrinated » parviennent à faire une synthèse cohérente alors que ceux de la trempe  d’« Harm » mettent en avant un sens inné pour les mélodies. En effet, la violence n’omet pas systématiquement le bienfait des constructions musicales réfléchies et mélodieuses. Les Anglais montent ici un album qui a un sens et qui développe certes de la colère mais aussi une dualité avec la rondeur des envolées mélodiques à la guitare et des soli grandiloquents. L’album se peaufine grâce à une maitrise sans faille des notes et une direction unique contrôlée.

Dormant Heart est sans aucun doute un album de qualité, les chansons résonnent inlassablement dans une espèce de bouillon musical dont la chaleur est mesurée et dont les multiples couleurs ne lasseront pas l’écoute. Néanmoins, on aurait apprécié que Sylosis se lâche complètement et n’interrompt pas ses descentes vertigineuses façon IVG avec aiguilles à tricoter. L’image est cruelle, mais c’est ce qu’on ressent par moment. Il arrive qu’on aborde un passage instrumental martelé avec force et dextérité et puis paf! coupure plus ou moins adroite pour repartir dans la chanson. La maitrise est exacte et tenue du début à la fin mais on aurait apprécié plus de continuité dans ces passages là. Ceci dit, les breaks et les ponts permettent d’éclairer un relief plus que perceptible.

On parlait des différentes facettes imprimés sur le tissu musical. « Quintescent » effleure le côté progressif et étend une fragilité grâce à la guitare sèche, le chant mielleux et un refrain doux et sucré. La frontière des Anglais ne démarre pas là où les cris et growls naissent mais ils vont bien au-delà. Toute cette spontanéité s’accorde à merveille avec la teinte death qui s’applique à la fin du morceau. La transition aussi lente qu’ingénieuse ébouriffe incontestablement...

Et finalement, tout ce qu’on peut souhaiter c’est une longue vie à Sylosis évidemment.

0 Comments 08 février 2015
Whysy

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