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C’est toujours un peu difficile de passer après un album mythique. Quand on s’appelle Down et qu’on a réussi l’exploit de produire un sans-faute du premier coup, on est forcément attendu au tournant. Surtout quand on s’appelle Down et qu’on attend 7 ans pour produire un second opus. On suscite des espoirs. Heureusement quand on s’appelle Down, on a en beaucoup plus sous le pied et on entend bien le prouver à qui voudrait en douter. Quand on s’appelle Down finalement on compose tout simplement Down II: A Bustle in Your Hedgerow et il n’est presque pas besoin d’en dire davantage.

Presque seulement parce qu’il serait tout de même dommage de ne pas élaborer plus sur ce deuxième album des américains. Au niveau musical, le groupe applique la même recette qui avait fait son succès quelques années auparavant. Entre temps on a changé de siècle mais la musique de Down reste fidèle à elle-même. Toujours sur la brèche, toujours sur le point de sombrer dans la démence pure, les musiciens délivrent des morceaux bruts et sauvages parfumés aux (pas si) douces atmosphères du Sud des Etats-Unis. Certaines mélodies et accords rappellent aux fans la glorieuse aînée NOLA qui veille dans l’ombre. « Lysergik Funeral Procession » et « There's Something On My Side » ne peuvent pas renier leur lien de parenté avec la bande de Pepper Keenan.

Cependant dire que Down II: A Bustle in Your Hedgerow est une copie conforme de NOLA est une erreur. Sans s’éloigner de son style, Down parvient à proposer des titres avec leur esprit propre comme « Stained Glass Cross » qui apporte une touche dansante étonnante et sied particulièrement bien à l’univers du groupe. D’une manière générale, Down II s’apprivoise moins facilement que son prédécesseur. Les riffs sont toujours très bien composés mais cette fois on a l’impression que Down prend plaisir à se faire désirer. Là ou NOLA égrainait les tubes comme certains sèment des cailloux blancs, Down II prend soin de cacher ses pépites pour qu’on puisse mieux les savourer. « Learn From This Mistake » utilise de bout en bout ses 7 minutes de lenteur moite pour convaincre.  « Lies, I Don't Know What They Say But... » s’appuie sur son rythme chaloupé et nous souffle dans les oreilles son délicieux accent du sud.

Mentionner la Louisiane quand on parle de Down c’est comme dire que Moonsorrow est un groupe merveilleux, c’est redondant. Mais, dans le cas de nos talentueux amis c’est presque impossible à éviter tant cela transperce une nouvelle fois dans la musique.  « Ghosts Along The Mississippi », aux fortes propriétés d’addiction comme le thé glacé les jours de grande chaleur, se déguste sans modération et illustre à la perfection l’esprit du fleuve roi américain.  Quant à « New Orleans Is A Dying Whore » le hit incontournable de cet album dont le refrain ultra efficace se grave très vite dans le cortex de l’auditeur, il navigue entre détestation and adoration inconditionnelle pour la terre qui a vu grandir Phil Anselmo.          

Ce dernier n’a rien perdu de sa voix si particulière entre les deux productions. Et ce n’est pas nous qui allons nous en plaindre. Encore une fois, le frontman écorché vif livre une performance de haute volée toute en cris rocailleux et susurrements harmonieux, à l’unisson avec les musiciens. Ils n’ont d’ailleurs rien à envier à leur chanteur puisque les compositions se révèlent soignées et groovy à souhait.  Entre « Flambeaux's Jamming With St. Aug » déjantée qui prouve que le groupe ne se prend pas tout à fait au sérieux et « Landing On The Mountains Of Meggido » qui clôture le disque dans les formes, Down nous en donne pour notre argent et a su composer des chansons toujours justes.

Il  ne reste plus grand-chose à ajouter. A part que Down nous gâte avec plus d’une heure d’une musique pas tout à fait ordinaire grâce à des morceaux qui n’ont pas tout à fait les pieds sur terre. « Beautifully Depressed » ou encore « Dog Tired » insufflent une douce mélancolie chez l’auditeur et participent  à rendre Down II peut-être pas aussi flamboyant que NOLA mais tout aussi beau. Ce qui n’est pas une mince affaire !

Du talent, Down a en donc à revendre et ce n’est pas A Bustle in Your Hedgerow qui va me faire mentir. Loin de tout esprit m’as-tu vu de mauvais aloi, le groupe américain frappe une nouvelle fois très fort avec un album plus alambiqué mais tout aussi intéressant que son prédécesseur. Il y a longtemps Judy Dorothy nous avait prévenu que rien ne vaut son chez soi. Elle parlait d’un autre lieu et avait des chaussures qu’on imagine bien mal sur Rex Brown. Qu’importe elle avait raison : pour Down, son inspiration et notre plus grand bonheur, there is no place like home. Après tout La Nouvelle Orléans est aussi sensible aux coups de vent.

Nola

0 Comments 17 mars 2012
Whysy

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