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La critique est facile, la création artistique plus difficile. Cette maxime que mon grand-père me rappelait souvent m’est tout-à-coup revenue à l’esprit alors que j’allais publier ma chronique de Dragonride du groupe Black Hawk. À un clic d’expédier dans les méandres sans retour du web une chronique écrite en prenant un malin plaisir à comparer leur musique avec mille choses incongrues dans le but d’amuser la galerie, je me posai alors une question : ces musiciens méritent-ils un tel traitement ? Car après tout, qui suis-je, moi, simple chroniqueur assis devant mon ordinateur, sirotant ma boisson gazeuse citronnée, pour oser critiquer ainsi leur album ? Le manque d’originalité criant des compositions, la fadeur du chanteur ou encore tous les clichés vieillots ressortis par ce disque justifient-ils ce déversement de moquerie ?

Ces questions qui me trottaient dans la tête me convainquirent rapidement d’appuyer sur la touche « annuler » pour ne pas rééditer une chronique aussi satirique que celle écrite à l’encontre des malheureux musiciens de Crusader. Non, je n’avais pas le droit de refaire cela, surtout pas à un groupe qui existe depuis 1981. Car Black Hawk sillonne depuis tout ce temps les routes d’Allemagne pour répandre tous les samedis soirs la bonne parole du Heavy Metal, avec pour seules rétributions une double pinte de bière et une choucroute, avalés le temps d’un problème technique. Certes, ils ont dû avoir des bons plans drague de temps en temps, mais comment ignorer les sacrifices financiers et familiaux exigés par la vie d’un musicien, les galères de studios d’enregistrement, de déplacement, ou les multiples recherches de remplaçants suite aux démissions ou maladies des anciens membres du groupe ? Et après tout, sans ce vivier de milliers de groupes anonymes comme celui-ci, que serait notre si cher Heavy Metal ?

Il me fallait donc une tout autre chronique pour Dragonride. Mais dans cette société où les moins performants doivent s’effacer sinon périr d’humiliation, où des sélections inhumaines s’opèrent partout, quelle était l’issue possible pour décrire cet album sans faire de Black Hawk un groupe risible ? Me voilà donc parcourant à nouveau ce disque de « hard-heavy old school », influencé par UFO, Steppenwolf, Stormwitch et autres pionniers du hard, à la recherche de la moindre lueur de qualité à défaut d’originalité.

J’ai bien trouvé quelques titres pas trop mal foutus, comme point of the sword, avec son couplet bien senti mais très vite gâché par un refrain vraiment rétro. Saturday night, malgré des paroles déjà utilisées dix mille fois auparavant et se limitant quasiment à « I was born on a Saturday Night, that’s all right », délivre néanmoins une ambiance rock n’ roll qui aura le mérite de faire mouche chez les rockers appréciant Bruce Springsteen ou Steppenwolf. C’est une chanson idéale pour chauffer le public, avec une basse puissante et des parties de guitares très bien senties collant impeccablement à l’esprit du morceau. Suicide, seul titre réellement heavy, s’il n’est pas raté, ne laissera aucun souvenir impérissable à cause d’une guitare trop stéréotypée et d’une platitude fort dommageable à laquelle le chant peu puissant et sans relief n’arrange rien. À part cela ? Et bien malheureusement on a l’impression d’entendre toujours les mêmes lignes de chants du début à la fin, une fin d’album que même les plus coriaces auront du mal à atteindre tellement les deux derniers morceaux, black wheel dealer et black hawk, touchent le fond.

Alors, finalement, je me contenterai de dire avec respect envers Black Hawk que ce disque est destiné aux adeptes de hard-rock première génération, à ceux qui n’en sont toujours pas rassasiés et qu’aucun cliché éculé du genre n’arrête, même pas les « oh yeah » du chanteur assénés toutes les trente secondes. Ils auront bien sûr droit au traditionnel démarrage de grosse cylindrée, et même au EP de 1988 First Attack en bonus, n’est-ce pas merveilleux ?
[right]Chris[/right]

0 Comments 03 juin 2007
Whysy

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