Vous recherchez quelque chose ?

Quel est le point commun entre Punish Yourself, Linkin Park et Eagleheart, groupe de speed metal originaire de République Tchèque ? Aucun vous dites ? Et bien si, ce qui les rassemble est d'avoir utilisé "Now, I am become Death, the destroyer of worlds.", une phrase de Robert Oppenheimer en tant que sample dans l'un de leurs morceaux. Pourquoi cette question en guise d'intro ? Pour rien, aucun intérêt si ce n'est celui d'éviter une traditionnelle et prévisible présentation du groupe, présentation à laquelle vous aurez de toutes façons droit...

Car si on retrouve de l'electro et du neo-metal chez certains des groupes sus-cités, il n'en est rien de Eagleheart, groupe affichant un peu plus de huit années au compteur ainsi qu'un EP et un album, officiant dans un speed melo tout ce qu'il y a de plus classique. Un de plus pensera-t-on, surtout affublé d'un patronyme des plus désuets (cela devrait être interdit de nos jours). A vrai dire, c'est le fait que le groupe ne soit pas italien qui fait que l'on y accorde un peu de crédit. Imaginez "Eagleheart + speed melo + italien"...on en a plongé dans le goudron et les plumes pour moins que ça...

Mais il se trouve que le groupe est tchèque, nous sommes sauvés ! Mais euh...tchèque ? Ils ont la musique là bas ? Et ben oui, même si je pourrais éternuer des noms plus gracieux que ceux des membres du groupe... Enfin bon, après cette effusion de racisme primaire, penchons-nous un peu sur le combo. Originaire (donc) de République Tchèque, Eagleheart vient de publier à la fin d'année 2011 son deuxième album répondant au nom de "Dreamtherapy" et s'est offert les services du bien connu Roland Grapow (Masterplan, ex-Helloween) qui en plus de produire la bête vient poser sa voix et quelques soli de façon assez discrète. Comme annoncé précédemment, Eagleheart vient se ranger dans la catégorie speed melo, d'avantage heavy dans la lignée de Blind Guardian que happy façon Helloween période Keeper. A vrai dire, la voix de Vojtech Šimoník pourra rappeler Hansi Kürsch par moments, de par son approche un peu rugueuse tout en dispensant de belles lignes vocales propres, majoritairement aigües vous vous en seriez doutés. Le bonhomme livre d'ailleurs une prestation très solide, forçant malgré tout parfois un peu trop sa voix pour des résultats pas forcément du plus bel effet (le refrain de Nothing Remains, jolie power ballade au demeurant).

Cela dit, on tape avec Vojtech Šimoník dans du relatif haut de gamme, d'autant plus que les musiciens assurent leur rôle avec brio. Rien de révolutionnaire et que l'on n'ait pas déjà entendu des dizaines de fois, mais au moins c'est fait avec la manière. Rien que l'opener endiablé Shades of Nothing vous scotchera dans votre siège avec son cri d'intro sur-aigu, sa double pédale effrénée, son riff ultra mélodique et ses deux soli jubilatoires. Parfaitement introduit par un Insomnia jamais trop grandiloquent, ce genre de morceau nous rappelle que le bon speed n'est pas encore mort !

Cependant, ce niveau d'excellence n'ira pas s'appliquer sur l'intégralité de l'album, certains morceaux souffrant du symptôme "irréprochable mais pas inoubliable", tels que Taste my Pain, Burned by the Sun ou encore Glass Moutain. Surfant sur des vagues un tantinet plus heavy que leurs camarades, ces morceaux peinent quelque peu à s'imposer. On leur préfèrera volontiers des hymnes comme Lost in the Dead End ou bien Creator of Time, LE tube de l'album, au riff qui fera couler une larme à tous les aficionados du genre tant il réveille ce sentiment de gloire du guerrier allant servir son royaume magique entouré des vallées enchantées. On peut aussi rajouter à l'addition l'épique Wheel of Sorrow, venant poser ses gros sabots de 12 minutes là où les autres morceaux dépassent rarement les 5 minutes. Alternant assez judicieusement entre phases speed et plus ralenties et proposant quelques breaks aériens, ce morceau démontre que Eagleheart n'a pas simplement fait son exposé en lisant "Stratovarius, Helloween et Blinf Guardian pour les nuls" puisqu'il parvient à s'étendre sur une durée plus que conséquente tout en gardant en haleine l'auditeur. Oui bon, bien sûr que l'on retrouve de longues pièces épiques chez ces trois groupes mais composer des morceaux courts en s'inspirant de ses ainés est une chose, en composer de très longs en est une autre, nein ?

Au final, sans réinventer la poudre ni le fil à couper le beurre et encore moins l'eau tiède, Eagleheart vient proposer une copie plus qu'honnête, manquant peut-être encore un poil de personnalité et on compte sur de futures réalisations pour voir le groupe s'affirmer d'avantage. En cette époque, le speed se meure, les cadors s'en éloignent (Gamma Ray, Helloween dans une certaine mesure, Sonata Arctica, Hammerfall,...), le réassort de groupes est faible mais cela n'empêche pas les formations méritantes et talentueuses de venir s'imposer sur le marché. Eagleheart sait comment faire du bon speed, certes encore un peu trop ancré dans le passé mais tout en arrivant à relativement s'émanciper des poncifs du genre, ce qui est déjà une très bonne raison pour leur donner une chance !

0 Comments 16 janvier 2012
Whysy

Whysy

Read more posts by this author.

 
Comments powered by Disqus