Vous recherchez quelque chose ?

Fondé en 2001 aux Pays-Bas, Textures était attendu au tournant pour ce quatrième album, et ce pour plusieurs raisons. Déjà son précédent opus, Silhouettes, avait marqué la quintessence de leur style, les inscrivant de manière durable au sein de la scène djent (quel nom ridicule), fourre-tout hétéroclite de groupes se réclamant de Meshuggah et pratiquant un math-deathcore ultra-technique, abritant aussi bien des combos à la qualité avérée (Tesseract, Periphery, Animal As Leaders), que d'autres semblant plus surfer sur la vague du buzz qu'autre chose, et que je ne nommerai pas par politesse. Silhouettes ayant même réussi l'exploit d'entrer dans les charts bataves, le rôle de parangon de cette nouvelle vague de nerds fou-furieux de la main gauche était promis à Textures, jusqu'à en devenir carrément encombrant. Pour en rajouter une couche, le départ d'Eric Kalsbeek au chant annonçait un tournant difficile pour les néerlandais, une sorte de croisée des chemins où tout le monde les pressentait se foirer dans les grandes largeurs.

Pourtant, il n'en est rien.

Je dirais même que Dualism est un grand album: puissant, racé, aérien, inventif et technique sans être dépourvu de l'âme qui manque si souvent à ces jeunes branleurs (pléonasme?) anglo-saxons, convaincus que l'alignement méthodique de riffs rapides leur suffira à crever le plafond. Définitivement, Textures n'est pas de ceux-là.

Les quatre premiers morceaux de Dualism vous donneront malgré-moi une légère impression de tromperie: quoi, Silvergm est encore là à nous vendre du rêve et nous promettre le mariage tant attendu d'Ihsahn et Dave Gilmour et qu'entends-je, un mathcore complexe, des accords très variés et une voix bien hardcore, le tout soutenu par une section rythmique surpuissante??

Alors déjà, les râleurs du fond de la salle vont se calmer vite fait sinon c'est la fessée et au dodo! Il faut se pencher avec attention sur ce début d'album pour en saisir la maestria. Déjà, arrêtons-nous sur Daniel De Jongh. L'ex-Circle fait ici étalage de l'incroyable diversité de son registre vocal: il hurle comme un damné avant de nous surprendre par un chant clair puissant et aigu, et finit de nous tournebouler avec (déjà) un premier passage éthéré à la James Maynard Keenan, le tout avant la quatrième minute du premier morceau, Arms Of The Sea, dont la structure complexe annonce la tonalité de l'album, très prog, se démarquant sensiblement de la scène parfois pathétique que le groupe a contribué à créer.

Vous l'aurez deviné, Dualism est moins bourrin que ses prédécesseurs, parfois au point de se révéler presque pop, comme sur le single Reaching Home, mais cette constatation se voit contredite par le morceau suivant en l'occurrence, Sanguine Draws The Oath, sorte de retour aux sources pour Textures. Partout, à chaque instant, le groupe nous démontre son impressionnante capacité à développer des mélodies puissantes et aérées tout en les alternant avec des passages beaucoup plus durs, et ce morceaux en est un très bon exemple.

C'est à partir de Consonant Hemispheres que l'atmosphère change radicalement, et que certains d'entre nous se mettent doucement à crier au génie, à raison. Si l'influence de Devin Townsend est ici évidente, le groupe s'éloigne habilement de toute tentation plagiaire en proposant un heavy mélodique d'excellente facture, entouré de nappes instrumentales éthérées. Burning The Midnight Oil, meilleur extrait de Dualism, est à ce titre une réussite quasi-parfaite. Un instrumental sublime, qui nous rappelle que le groupe est très proche du combo jazz-death Exivious, dont le batteur Stef Broks fait partie, et qui déjà sur son premier album éponyme avait réussi cet assemblage délicat de technique au service de l'ambiance et de la mélodie (et dont la chronique est assurée sur ce glorieux site par votre serviteur).

La suite n'est que merveille, alternant les ambiances brutales et délicates, les mélangeant jusqu'à former un style nouveau, une sorte de progcore teinté de death, de math et de heavy-pop. J'en veux pour preuve le sublime enchaînement Foreclosure/Sketches From A Motionless Statue et son riff alambiqué, pour finir l'album en apothéose.

Vous l'aurez compris, avec son nouvel opus Dualism Textures coupe l'herbe sous le pied de ses détracteurs et nous propose une oeuvre variée, intelligente et particulièrement agréable à écouter. Il s'agit en tous cas, et à mon goût, de leur meilleur effort à ce jour.

0 Comments 16 septembre 2011
Whysy

Whysy

Read more posts by this author.

 
Comments powered by Disqus