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La sortie du mini-album "V Empire" sur Cacophonous Records en 1995 avait dévoilé les talents de ce groupe anglais alors cantonné à la sphère underground, avec un premier album aux relents death et black. "V Empire" avait marqué une première étape dans l'évolution du style du groupe avec le retrait de la partie death au profit d'ambiances gothiques et romantiques inspirées par la mythologie vampirique. L'ajout du clavier et de la narration féminine en la présence de Sarah Jezebel Deva renforçant ce côté "romantisme noir".

Ce changement de style leur a valu la désaffection d'une partie de leurs fans issus de la scène black, Cradle étant un groupe de "vendu", ayant osé rajouter des éléments symphoniques dans leur musique et signer chez un major. Hérésie qu'ils brûlent en enfer ! Bref, sans rentrer dans cette polémique totalement ridicule, le groupe poursuit sur sa lancée pour cette première offrande chez Music For Nations.

La pochette tirée d'une photographie de Simon Marsden n'est pas sans rappeler un paysage tout droit sorti des montagnes des Carpates, un château au loin entouré de brume, mystérieux et solitaire. Une jeune femme faisant penser à une jeune reine vampire confirme la continuité dans la volonté d'évolution du style du groupe aussi bien dans la forme que le contenu. Un rapide coup d'œil aux paroles indique que les textes sont librement inspirés par les poèmes et les écrits de Sheridan le Fanu (écrivain gothique irlandais du XIVéme). Le ton est donné, les vampires et autres créatures du même acabit seront à nouveau de la partie.

Dès les premières secondes de l'introduction (instrumentale comme toujours avec le groupe), la noirceur de l'ambiance nous englobe pour ne repartir qu'à la toute fin, nous laissant frissonnant et les poils de la nuque hérissés. Les orchestrations et le piano angoissant digne d'une bande son de film d'horreur mettent l'auditeur directement dans le bain, le soleil et la lumière n'ont pas leur place dans ce monde imaginaire.

Tout au long de l'album les compositions sont marquées du sceau du groupe, à savoir des chansons violentes avec une rythmique très rapide ("Heaven Torn Asunder", "Haunted Shore"), entrecoupées de pistes instrumentales ("The Graveyard By Moonlight", "Camilla's Masque") laissant souffler l'auditeur afin de mieux le replonger dans la folie et l'horreur par la suite. On retrouve le jeu de batterie énorme de Nicholas Barker, toujours aussi magistral derrière ses fûts. Ça part dans tout les sens, alternance de blast-beats et de moments plus calme suivant la progression des paroles et collant à merveille avec le concept. Une batterie plus nette et précise aurait fait perdre du sens et de la cohérence aux ambiances gothiques et torturées voulues. Partenaire de cette rythmique chaotique, la basse toujours aussi jouissive de Robin Eaglestone achève l'auditeur sous ses coups de butoir.

Les guitares ne sont pas en reste, appuyant la partie rythmique de fort belle manière grâce à de nombreux soli, "Malice Trough The Looking Glass", "Dusk and Her Embrace", "Beauty Slept In Sodom" pour ne citer qu'eux. Bien que les soli, habituellement assez rare dans le black, puissent faire croire à l'abandon des origines du groupe, la présence de nombreux tremolo picking exécutés à une vitesse stupéfiante et de nombreux plans de guitares aux rythmes syncopés rappellent qu'on est bien en train d'écouter du black. Cette mixité, on peut reconnaître des riffs typés black / heavy ou thrash inspirés par des groupes tels que Venom ou Mercyful Fate, montre la très grande richesse des compositions et les différentes influences chères aux musiciens. Les orchestrations sont placées judicieusement ne tombant pas dans le pompeux et à point nommés pour alléger les compositions et développer le côté ambient, en créant de multiples atmosphères toutes aussi attirantes que maléfiques.

Le titre éponyme est une merveille, regroupant toutes les qualités du sextet en une fresque vampirique de six minutes, foisonnante d'ambiances diverses et variées. Les passages narrés aussi bien féminins que masculins où Dani adopte une voix très grave coupent la piste en plusieurs morceaux séparant les ambiances tout en les unifiant grâce aux breaks instrumentaux. Pour revenir au chant, il reste dans la continuité de "V Empire" tout en évoluant. Les alternances entre chant écorché et grave se font plus "naturellement" et souvent. A noter aussi la présence de Cronos de Venom qui vient épauler Dani sur "Haunted Shore". Un petit mot sur la production qui reflète le changement de label et de moyen alloué au groupe. Le son y est puissant, chaque instrument possède une place juste, permettant de l'apprécier à sa juste valeur, notamment la batterie qui dans les futurs albums (surtout sur "Cruelty And The Beast") sera sous-mixée.

Après un EP ayant marqué les esprits pour sa qualité, le groupe confirme son ambition et son style en nous livrant l'un de leur meilleur album si ce n'est le meilleur. Mélange parfait entre des compositions venant d'influences diverses, tel que le heavy et le thrash, où les rythmiques black côtoient des passages atmosphériques. Amateurs de ces styles et des ambiances gothiques cette petite perle est faite pour vous !

PS: la version limitée (Limited Edition Coffin) contient une reprise de "Hell Awaits" de Slayer qui mérite le détour ;) et une piste instrumentale supplémentaire "Camilla's Masque".


Whysy

0 Comments 14 janvier 2010
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