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Dieu interdit... Il devrait mieux faire son travail, je vous le dis ! Il y a une tripotée de groupes venant des quatre coins du globe pour prouver leur valeur au niveau musical et une infime partie arrive à se faire remarquer dans ce lot de médiocrité. God Forbid fait partie de ce bloc de suffisance musicale, et pourtant il y aurait tant de choses à améliorer... Est-ce la facilité qui leur ouvre ses bras grands ouverts ou est-ce le manque d'imagination qui marque au fer rouge la capacité évolutive de la musique des Américains? Ce nouvel opus intitulé Earthsblood confirme bien l'orientation métalcore du combo mais met un peu plus en évidence les perspectives d'un thrash métal ambiant.

En effet, sans être foncièrement mauvais, ce nouvel album propose tout un panel musical plutôt enrichi. Puisant ses ressources sur des introductions au piano accordées aux sons des violons développant ainsi un côté symphonique tout en allant trainer du côté des mélodies chaotiques annonciatrices de l'apocalypse, on est immédiatement mis dan le bain. Les chansons s'annoncent structurées et mises en relief par une orchestration menée par une main de fer de la part de la production américaine. Des morceaux comme « The Rain » ou « Shallow » nous embarquent dans un déluge de puissance appuyé par le renfort de riffs syncopés et de percussions endiablées à la double caisse. Tout le cadre est désormais posé permettant ainsi aux titres de s'engager sauvagement avec le chant saturé de Byron Davis. Il est clair que l'ensemble des mélodies est prenant, savamment dosé et la pesanteur de la massive production se fait ressentir. En outre, les leads vocaux extrêmes font leurs effets et ont tendance à tirer le groupe vers le haut (« War Of Attrition »). Cependant, et là je coupe tout de suite l'herbe sous le pied, il ne faudra pas plus de cinq petites minutes pour tromper l'auditoire, même les moins entrainés d'entre nous saurons parfaitement reconnaître le défaut majeur du combo.

En effet, si des morceaux comme « The New Clear » montent en intensité et offrent un renfort en breaks acoustiques, la lassitude guette au détour de chaque piste. Pour commencer, le chant de notre frontman se montre excessivement désagréable sur le registre du métalcore. C'est à se demander quelle technique cet homme utilise et je dis ça sans être méchant ou sans avoir d'arrières pensées, on a l'impression que le chanteur se pince le nez pour faire la plus pâle imitation de daffy duck. Le chant clair demeure être ennuyeux et niais, venant détruire tout ce que la production New Yorkaise était arrivée à monter jusqu'à présent. On aurait préféré une utilisation moins outrancière dans ce domaine et une maitrise des lignes vocales aurait peut-être arrangé l'affaire. Sur le titre éponyme, donnant un aspect plus progressif et évoluant magistralement entre les différents univers mélodiques (sur un peu plus de neuf minutes), on s'aperçoit une fois encore que ces vocalises se font la guerre. Les parties bien déchainées glorifiées par les riffs thrash et le chant saturé collent parfaitement à la dimension violente introduite à ce moment-là, cependant il est désolant d'écouter notre canard sur les variations plus tempérées. Bref, il faut être quand même sacrément crétin pour mettre en évidence des défauts d'interprétation qui enlèvent plus à l'album qu'elles n'en apportent.

Autre point, montrant le gâchis effectué sur Earthsblood : la structure mélodique. On reconnaitra avec facilité le gros travail des musiciens sur les parties instrumentales et on retrouvera des mélodies catchy ou des refrains embellis par des soli « qui te mettent une grosse claque dans ta gueule ». Mais hélas une fois passé le véritable premier titre, nous ne serons pas surpris sur ce que God Forbid nous réserve. Évoluant dans un tissu musical plus ou moins téléphoné, nous n'aurons pas de véritables surprises quant aux chansons proposées. Nous resterons dans une homogénéité mélodique trouvant sa recette sur le mélange de thrash – métalcore assez pauvre en inventivité, comportant des riffs acérés et dans lequel le chanteur s'époumone en se pinçant le nez de plus en plus fort. Finalement, cet opus ne laisse que très peu de place au feeling et rares sont les chansons réussies dans leur intégralité (« Walk Alone »).

Earthsblood est aussi caractérisé par sa perte en intensité et le regain en frénésie n'est jamais véritablement atteint. La production brouillonne handicape grandement cette volonté d'accroitre la mouvance. On assiste à une purée de riffs noyée dans un bruit ambiant détachant les essais au micro et les mettant parfois en retrait. En définitive, God Forbid est un groupe qui gagnerait tellement en éliminant tous les éléments perturbateurs et en se lançant dans un style plus extrême et mature, nous bénéficierions de tout le meilleur et pas seulement d'un album mal exploité et inégal comme celui-ci.

- ĦĐ -

0 Comments 11 février 2009
Whysy

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