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Dans la continuation directe d’Elodia puis de Fassade, incontestablement le plus mélodique et surtout le plus symphonique de l’œuvre Lacrimosienne, Echos, sorti en 2003, atteint les limites les plus extrêmes qui séparent metal et symphonie, aussi invraisemblable que cela puisse paraître. C’est d’ailleurs pour cela que j’ai longtemps hésité avant de chroniquer ce bijou. En effet, le metal n’y est que très peu présent, s’exprimant surtout au travers de rythmes dynamiques menés par la batterie, si parfaitement adaptée à l’œuvre de Tilo, et au travers de la basse qui donne un caractère parfaitement singulier à cette symphonie, lui conférant une gravité et une profondeur certaines. Car Echos c’est avant tout cela : une symphonie. Et pour cause ! Pour cet album, le maître de Lacrimosa a fait appel à pas moins de onze choristes et s’est également offert les services de l’ensemble de Rosenberg pour l’orchestration. A noter tout de même que c’est Tilo Wolff lui-même qui s’est occupé de tout arrangé et orchestré, sans compter que c’est également lui qui compose ses musiques, qui écrit ses paroles et qui produit le tout. C’est donc avec des moyens exceptionnels et un maître de cérémonie hors du commun que naquit Echos.  Des morceaux longs, comme à l’habitude du groupe, une piste laissée à sa comparse Anne Nurmi (Apart, unique chanson en anglais), une utilisation poétique de l’allemand, langue pas si accessible que ça… Des mélodies à couper le souffle, fabuleusement pénétrantes, véritables « invitations au voyage » si je puis me permettre cette référence à Baudelaire, et nous plongeant au cœur même de l’univers si doux, si étrange, si contrasté de Lacrimosa… C’est comme si on s’immergeait dans de profondes ténèbres rayonnantes… Ca ne vous parle pas ? Bon d’accord, c’est compréhensible… Je vais donc aborder l’aspect plus concret de la chose ! La musique d’Echos représente plus que jamais le gothisme à l’état pur, celui des jeunes gens du XIXème siècle, qui aimaient Mary Shelley et Bram Stocker et se noyaient à cœur perdu dans les affres de l’absinthe ou de l’opium. On est donc loin d’un gothic metal à la Theatre of Tragedy, To/Die/For et autres Macbeth. Ici les instruments classiques sont de rigueur, se combinant pour former un véritable orchestre comme sur Kyrie ou alors se révélant plus simples, se mettant plus en valeur et composant un agréable duo, comme le font piano et violons sur Eine Nacht in Ewigkeit. Mais gothisme ne veut pas dire tristesse, morbidité et spleen. Oui, il y a des morceaux mélancoliques sur cet album, Die Schreie sind verstummt en est l’exemple parfait. Ces morceaux mettent à profit la lenteur et la gravité des cordes, les mélodies aux accents mineurs du piano et la basse pour intensifier cette émotion que l’on sent poindre en nous. Soli de guitares montant dans les aigus et batterie solennelle resserrent également l’étreinte exercée sur notre cœur par ces mélodies dont on ne ressort pas indemne… Le clavier joue lui aussi une part importante dans l’atmosphère qui se dégage de l’album, revêtant tantôt le son cérémonieux d’un orgue (Sacrifice), tantôt les accents dansants du clavecin (Malina). Mais le gothisme ce n’est pas que ça ! C’est aussi l’expression d’émotions exaltées, un goût prononcé pour l’élégance, une introspection quasi-permanente et surtout, surtout, la recherche de la Beauté… Autant d’éléments présents sur Echos, mis en forme de manière remarquable dans des refrains saisissants (comme celui de Malina ou de Durch Nacht und Flut) et dans une recherche constante de la perfection à travers l’exploration de différentes ambiances (on peut passer de la ballade au piano à la symphonie imposante, sans oublier une touche de sensualité avec un clavier frôlant le xylophone…), ainsi que dans l’énergie qui se dégage de certains morceaux, énergie exprimant un goût certain pour la vie… Bref Echos montre que la musique romantique (au sens littéraire du terme) peut tout à fait s’accommoder au metal et donner ainsi naissance à un genre extraordinairement émotionnel, incroyablement riche, et d’une qualité instrumentale vraiment rare.  Un mot tout de même sur le chant, assuré en majeure partie par Tilo en allemand. La singularité et la profondeur de sa voix s’accordent parfaitement à l’orchestration, le tout offrant une œuvre sans pareille et jamais égalée par aucun groupe de metal, de quelque genre qu’il soit. Je ne dis pas que c’est ce qu’il y a de mieux, on peut ne pas aimer et je le conçois très bien. Mais on est forcé d’admettre que l’œuvre de Lacrimosa est unique, encore plus avec cet album qu’avec les autres. Pour en revenir à l’aspect vocal d’Echos, il faut quand même noter la présence importante de chœurs, qui confèrent aux différents morceaux une consistance et une sensibilité indéniables. En effet, à certains moments les sopranos font presque penser aux pleureuses antiques, portant ainsi l’émotion à son comble.  Des mélodies bouleversantes, une dimension symphonique exceptionnelle, de beaux refrains et la voix de Tilo par dessus tout ça, voilà ce qu’il faut retenir d’Echos. Et si les ténèbres rayonnantes ne vous parlent toujours pas, alors faites-vous votre propre opinion ! Je serais curieuse de savoir comment vous avez ressenti cet album… Bonne écoute !  ~ La Dame à la Licorne ~

0 Comments 02 juin 2006
Whysy

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