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Il y a quelques temps, je vous avais parlé de ce groupe basé en Grande-Bretagne qui faisait virevolter le jupon de l’héritière des Windsor grâce à une musique fortement empoignée dans un death/thrash métal aux allures endiablées. Il est vrai que Sylosis est un combo débordant musicalement et donne naissance à de nombreuses progénitures, et c’est le cas avec ce très attendu Edge Of The Earth. Il s’agit une fois encore d’un album qui gravite autour de la planète nourricière et va bien au-delà des limites. Pour imager ce sujet, l’artwork dessiné dans l’air du temps et qui devient un peu la marque des groupes plus modernes, affiche une volonté de mettre en scène la résignation et la solitude dans un monde sombre et grouillant. Cette direction visuelle semble tout à fait décrire ce qui se passe sur l’album.

Les Anglo-saxons resservent le couvert avec le tact d’une tragédie, les mélodies sont disséquées et arrangées dans ce registre extrême désormais bien connu et Sylosis parvient à ajouter sa touche personnelle afin de laisser son empreinte au travers des chansons qui se diluent au fil de l’écoute. En effet, le registre du death métal mélodique sert de base substantielle pour dessiner l’ossature musicale. Des titres tels que “Dystopia” ou “A Serpents Tongue” vous emmènerons dans les abysses d’un métal agressif imaginé par Chuck Schuldiner. Les embardées font unanimité sur cet opus, et pourtant le génie des Anglais parvient à passer outre cette apparence violente. Les riffs grinçants et syncopés des guitares propulsés par une batterie jouant aussi bien la polyrythmie que le basique mécanique laissent apparaître à première vue une structure musicale qui tabasse sec, avec “Apparitions” ou “Altered State Of Consciousness”, le chanteur passe sans cesse du beuglement au cri strident qui déraille. Il semblerait que pour décrire les sentiments les plus tristes et morbides qui soient, rien n’est plus réaliste qu’un bon vieux growl accompagné de mélodies hypnotisantes et un abattage rythmique martelant.

Or, on se laisse emporter par les flots mélodiques et, tout d’un coup, on arrive à percer cette coque extérieure comme si elle nous avait aspiré dans une autre dimension. Cette seconde couche qui se découvre révèle ainsi tous les mystères cachés de Edge Of The Earth. La dimension musicale prend une ampleur progressive et se peaufine au travers de breaks en tout genre et titres fleuves comme “Procession”, “Apparitions”ou “From The Edge Of The Earth” laissant librement s’exprimer les musiciens. Les instrumentales “Empyreal (Part II)” et “Where The Sky Ends” apposent la touche qui fera irrémédiablement pencher la balance en faveur d’une orientation plus complexe et plus recherchée. En outre, ce qui est encore plus étonnant c’est la coexistence des deux univers brutaux et délicats sur certains titres faisant une sorte de synthèse comme “Beyond The Resurrected” ou la presque-éponyme “From The Edge Of The Earth”. Il est vrai que les musiciens se montre bestiaux au travers des phases purement death et arrivent à faire volte-face dans les passages moins confinés.

Sylosis est un nom qui est mené à faire partie de la relève et se fera une place assez grande dans le monde musical car la formation sait faire valoir ses atouts et joue en permanence avec différentes ambiances. Vous l’aurez compris, Edge Of The Earth est un album à la fois extrême et mêlé dans les profondeurs d’un genre sauvage et se bonifie par le biais d’ajouts progressistes. Cependant, il existe encore une autre composante qui reste à découvrir. Car tout comme la dégustation d’un M&M’s, nous aurons la bonne (ou mauvaise) surprise de découvrir de légers aspects technique. Hé oui, il y avait bien une cacahuète dissimulée sous le chocolat!

Cet opus tente de cacher une caractéristique technique. Pour certains ça pourrait être la révélation, mais perso, je me suis fait violence pour écouter le début en entier. Il faut reconnaître qu’un album trop axé technique c’est assez chiant à suivre, parce que les musiciens s’affichent fièrement de leurs exploits et ne parlent qu’à d’autres musiciens. Mais pour moi, petit mortel qui s’intéresse uniquement à la véracité des émotions créées, je n’ai pas toujours été emballé. Par moment, le rendu manque cruellement de feeling ou tout simplement d’harmonie. La musicalité s’abreuve allègrement d’une composante qui devrait être un point fort, mais le côté carré et très peu exploitable handicape l’écoute. De ce fait, des mélodies ne pénètrent pas l’esprit (“Sands Of Time”, “A Serpents Tongue”). Heureusement, cet écueil est vite laissé pour compte sauf que le mal est fait. Les premiers titres écorchés dans la sensibilité par une froideur technique font trainer en longueur le début de Edge Of The Earth...

Bref, Sylosis se renforce dans son domaine et développe un arsenal imposant tout au long de Edge Of The Earth. Libre à vous de décider si les couches successives feront monter l’intérêt en flèche ou si au contraire vous vous sentirez comme le sosie de Jésus sur la cover : à savoir seul et abandonné. Il faudra juste surveiller l’évolution du combo anglais et faire attention à ce que l’embryon de technicité ne remplisse pas l’intégralité des futures procréations.


- ȦɭɐxƑuɭɭĦĐ -

0 Comments 23 mars 2011
Whysy

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