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Mechanical Poet !! Je suis sûr que ce nom résonne aux oreilles de certains comme un cadeau exotique tombé du ciel, tant les russes nous ont habitués ces dernières années à des prouesses musicales d'une créativité et d'une originalité remarquables. Riche d'une culture folklorique foisonnante, la Russie nous offre de plus en plus de groupes de métal très prometteurs, comme Svartby dans une veine black folk, Catharsis en power métal, ou bien Mechanical Poet dans un style... difficilement descriptible !!! Mélange improbable de power, heavy et atmospheric, le tout copieusement arrosé d'arrangements électroniques, baigné dans un univers graphique singulier (proche des réalisations de Tim Burton diront certains), la musique des slaves est un roman à elle seule. Et comme les chapitres se succèdent à une vitesse étourdissante, voici déjà venu le nouvel opus intitulé Eidoline : The Arrakeen Code (qu'on appellera plus simplement Eidoline).

S’il est une chose difficile avec nos russes, c’est bien de trouver une continuité dans leur discographie. En effet, avec leur manie de changer de chanteur, et par la même occasion de style, à chaque album, on en arrive finalement à faire ce qui peut se résumer à du « one shot review », c'est-à-dire à donner son avis sur un album pris individuellement, sans chercher à le relier avec ses prédécesseurs. Le groupe aime l'éclectisme, c'est évident, moins la stabilité. Exit donc Jerry Lenin derrière le micro, c'est au tour de Vladimir Nasonoff de prendre place sur ce qu'on peut appeler un siège éjectable. Et ça donne quoi en fait ? Impression mitigée pour ma part. Le timbre du bonhomme est intéressant, c'est vrai, mais un peu trop classique pour un groupe aussi décalé. Si la rugosité du vocal fait mouche sur Crawlers, ou même sur Answers (qui ressemble à s'y méprendre à une chanson de Iron Maiden), c'est plus poussif sur d'autres où le côté plan-plan prend vite le dessus. Mention assez bien dirons-nous.

Musicalement parlant, c'est là que les choses se corsent. Après une première écoute carrément frustrante, on réussit malgré tout, petit à petit, à rentrer dans ce Eidoline. Oubliez cependant les chansons déjantées de Creepy Tales... ou Woodland Pratters, les russes ont décidé ici de s'orienter vers un style heavy atmosphérique conventionnel, beaucoup moins progressif que par le passé, mais en conservant une forte inclinaison électronique. Plus clairement, les claviers sont toujours aussi présents, avec ce son très caractéristique qu'on leur connaît. Un bon point au moment de faire les comptes. Au delà de ça, force est de constater que Eidoline se révèle assez inégal : il faut le reconnaître certaines chansons sont vraiment réussies (Crawlers ou Machines), avec des refrains et un chant efficaces, mais d'un autre côté certains titres se révèlent assez pauvres. Si l'on prend les exemples de Fremen ou Sands, sans être ratés, ces deux titres ne font rien ressortir de fort, et l'ennui vient à gagner. Cela vient casser une dynamique d'ensemble qui aurait pu être intéressante avec un peu plus d'homogénéité.

Il est finalement difficile de taper trop durement sur la tête de nos russes préférés, eu égard à ce qu'ils ont pu nous proposer par le passé. Car je ne le cache pas, c'est bien la déception qui prévaut à l'écoute de Eidoline. Cette désagréable impression d'entendre un album partiel de Mechanical Poet, privé d'une grosse partie de la folie et de la créativité qu'on a si souvent loué, est une vraie frustration. Je ne sanctionne pas ici le changement de cap musical choisi par le groupe (je serais même le premier à les y encourager !!), mais le fait est que le résultat ait du mal à convaincre. Divisé en deux, entre titres d'une rare indigence et titres intéressants qui sauvent ce qui peut l'être, Eidoline patine, et marque un certain ralentissement artistique pour un groupe qui avait su s'imposer grâce à justement une originalité rare sur le marché du métal. Gageons que les russes ont confondu vitesse et précipitation, et j'espère sincèrement que leur prochain album nous surprendra une nouvelle fois, mais dans le bon sens cette fois-ci.

0 Comments 05 février 2009
Whysy

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