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En tant qu’admirateur du talent de composition d’Eldritch, celui qui m’avait explosé à la gueule sur leurs deux premiers albums, je me réjouis d’avance à l’écoute de ce nouvel opus : El Niño. Avec un tel nom, voici à coup sûr un nouveau déchaînement cataclysmique d’éléments heavy / prog dont seuls ces italiens ont le secret.

La première plage n’est là que pour plonger dans l’ambiance, une introduction en somme, axée cyber-futuriste, qui monte en puissance avant de se faire brusquement interrompre par le véritable premier morceau et son abominable riff industriel du début. Alors le chanteur Terence Holler prend les choses en main, et son micro par la même occasion, pour enfin entrer dans le vif du sujet. Mais, stupeur, ses lignes de chant sont aussi mélodieuses que les répliques de Dustin Hoffman dans le film Rain Man. Alors il n’y a plus qu’à attendre le refrain et quelques passages instrumentaux dantesques pour enfin prendre en pleine face ce dont Eldritch est capable… Mais non, on se dirige tranquillement vers la fin du titre, sans frémissement aucun.

Là où le bât blesse, c’est que tout le reste de l’album se résume à cela, des chansons sans ambiance, sans fil conducteur, répétitives, aux couplets et refrains vraiment peu inspirés. Alors qu’Eldritch avait auparavant su maîtriser les courants heavy / prog pour littéralement nous emporter, le groupe se noie complètement dans son troisième album dont l’énergie dégagée ne pourrait pas produire la moindre houle : c’est la mer Morte ! Pourtant le style pratiqué est le même que sur leur précédent opus Headquake, les musiciens aussi. Mais le constat est clair, Eldritch s’essaie vainement à tisser en musique sa sombre vision de notre monde sans réussir à correctement mêler lourdeur et mélodie. Comment le quintet a-t-il pu en arriver là ? Tout simplement parce que la musique n’est heureusement pas une science exacte, et l’élément premier qu’est l’inspiration semble avoir quitté les musiciens. Terence Holler essaie bien de rattraper le coup mais sa voix est soit trop fade soit trop gueularde pour pouvoir transmettre quelconque sensation crédible.

Bon, il y a quand même quelques petites choses tolérables sur cet album comme le morceau to be and not to be, car s’il prend au premier abord la même direction que le reste, il s’en sort par une montée en puissance tout au long du titre qui fait qu’on ne le zappe pas avant la fin. Le bon vieux rythme bien speed de bleed mask bleed relève également le niveau avec ses quelques envolés vocales. Quel dommage que ce morceau n’ait pas été plus travaillé, les deux dernières minutes sont la répétition abrutissante du refrain jusqu’à épuisement de l’auditeur. D’accord, quelques bons soli de clavier ou de guitares sont disséminés, mais replacés dans ce contexte blafard, ils perdent toute leur efficacité.

Ah, j’oubliais le titre caché en fin de cd. Il m'a fallu aller sur le site du groupe pour savoir qu’il s’intitulait nebula surface, et il vous suffira d’une écoute pour comprendre qu’il ne sauvera pas El Niño du naufrage. Là aussi, pourquoi mettre deux morceaux sur la même piste pour soi-disant cacher le second ? Ça ne sert à rien. À croire que le groupe ou leur label a voulu se donner bonne conscience vis-à-vis des acquéreurs du disque afin qu’ils se réjouissent en fin d’écoute en s’écriant « chouette j’ai un titre caché ! » ?

Plusieurs hypothèses peuvent expliquer cet échec. Si certains mettent en avant le supposé cap psychologique du troisième album ou le peu de temps qui s’est écoulé entre les sorties d’Headquake et d’El Niño, je vais plus loin en remettant en cause l’osmose des membres du groupe. Tout cela semble n’être qu’une musique de compromis jouée par des interprètes et non par des musiciens donnant pleinement libre cours à leur fibre artistique. Cette explication est renforcée par le fait qu’après la sortie de cet album, deux membres quitteront le groupe qui changera d’orientation musicale. Terence Holler ira même jusqu’à dire qu’il n’a jamais apprécié l’utilisation de clavier dans la musique d’Eldritch, un comble !
[right]Chris[/right]

0 Comments 26 juillet 2007
Whysy

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