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Serj Tankian est un homme occupé. C’est vrai, gérer à la fois un groupe à la renommée internationale comme System of a Down, répondre aux sollicitations des médias pour des questions musicales et autres (notons son combat pour la reconnaissance du génocide arménien, pays dont il est originaire), et trouver le temps de développer un side-project, ce n’est pas à la portée de tout le monde. Mais l’américain est dans la vie comme sur ses albums, généreux. Elect The Dead en est une preuve cinglante.

Si je m’attache à l’homme, ce n’est pas un hasard. Son engagement médiatique contre la politique américaine depuis 2002 a fait de lui, et de System of a Down par extension, quelqu’un d’admiré ou de décrié. Alors évidemment, cet album « solo » génère moins d’attente qu’un album de SOAD, mais ce n’est visiblement pas une raison valable pour Serj Tankian d’adoucir le ton. Ce n’est pas le genre de la maison. Je vous invite à lire les paroles de Praise the Lord and Pass The Ammunition, vous verrez.

D’ailleurs, difficile de parler de cet album sans faire référence à SOAD, tant les deux styles sont proches musicalement. C’est tout ce que je reprocherais à Serj Tankian dans sa démarche, ne pas s’être suffisamment démarqué de son groupe maternel alors qu’on le sait capable de beaucoup plus d’éclectisme et de créativité (son duo avec la chanteuse des Rita Mitsouko le prouve bien). Mais bon, sincèrement, ce serait bouder son plaisir que de se plaindre. Ceux qui aiment le métal alternatif de SOAD ne pourront qu'être conquis. Pour les autres, je vous conseille vivement d’y jeter une oreille objective avant de jeter le tout aux oubliettes.

Que dire de cet album alors ? Porté par un Serj Tankian en pleine forme (son timbre si particulier, sensible, cassé, parfois violent, toujours à la rupture est une pure merveille, arrivant à vous faire frémir en un clin d’œil) derrière le micro, Elect the Dead explore au travers de textes savoureux, accusateurs et décalés, une multitude de thématiques différentes. Toujours efficace, la musique se veut explosive, faisant toujours planer l’incertitude et l’inexorable (drôle de mélange croyez moi), avec une couche de mélancolie à peine masquée. L’utilisation intelligente du piano et des guitares acoustiques fait naître ce sentiment sur à peu près tous les titres (sur Feed Us et Lie, Lie, Lie en particulier), c’est d’autant plus intéressant que l’on ne connaissait pas nécessairement Serj Tankian sous ce jour.

Très bien produit, cohérent et aérien, Elect the Dead déroule sa douzaine de titres avec une fluidité et une intelligence qui impressionnent. Proche musicalement de SOAD, cet album solo de Serj Tankian met cependant plus l’accent sur l’aspect mélancolique du personnage par rapport à la musique sauvage mais toujours contrôlée de son groupe. Pari totalement réussi, on se laisse facilement bercer par les mélodies tantôt suaves, tantôt acides, les riffs guitares compulsifs et la batterie bondissante sont bien emmenés par un chant toujours aussi saisissant. Un album que l’on prend un plaisir fou à écouter, à réécouter, encore et encore. Assurément l’album de cette fin d’année.

0 Comments 12 novembre 2007
Whysy

Whysy

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