En 2007, que demande-t-on à un bon album de death mélodique ? Originalité, efficacité, hargne, technique, sens de la mélodie, production millimétrée… Oui, un bon album de death mélodique est une alchimie assez complexe de tous ces éléments. Seulement voilà, le dire est une chose, le faire en est une autre. Beaucoup de formations, aussi talentueuses soient-elles, s’y cassent systématiquement les dents. Ce qui m’amène à penser qu’une expérience conséquente et une grande maturité musicale deviennent de fait des impondérables dans un des styles les plus exigeants du métal actuel.

Après quelques démos et deux albums à leur actif, An Epic Defiance sorti en 2003 et Portals to Uphobia sorti lui en 2005, c’est donc en quelque sorte l’heure de vérité pour la formation néerlandaise Detonation. Avec ce nouvel opus, le groupe voit plus haut, entre autres pour aller titiller les pointures connues et reconnues (qui a soufflé Dark Tranquility et In Flames au fond de la salle ?). Et avec seulement quelques écoutes, on sent que les hollandais ont des arguments à faire valoir.

Efficacité : oui, oui et encore oui. Malgré le nombre assez élevé de chansons, 12, la pilule passe vraiment bien sur l’ensemble de l’album. Les riffs guitares sont d’une précision sans faille, oscillant entre décharges techniques et refrains enlevés, le batteur Thomas Kalksma assure comme un chef, en toucher et en puissance. La production, très bonne, manque peut-être de profondeur à certains moments, mais se charge de mettre en valeur les parties instrumentales très colorées.

Hargne : là, c’est Koen Romeijn qui prend les choses en main. Son chant, très agressif, est plus proche du thrash que du death, mais le résultat final est tout à fait probant (Invoking The Impact, Reborn From The Radiance). Dommage qu’il manque d’identité marquée. Les quelques passages en chant clair apportent, en plus des passages plus atmosphériques ou acoustiques (2nd Sun Ascending), un réel plus.

Sens de la mélodie : c’est sur ce point que les hollandais semblent le plus à l’aise. Les petits solos de guitare sont extrêmement bien venus, toujours pertinents, du genre à vous nouer les tripes en quelques secondes. Et là, c’est l’expérience, le vécu qui joue. Detonation affiche une maturité de composition impressionnante, dans la variété des structures et dans  l’alternance agressivité / toucher. Malgré l’aspect parfois convenu de certains titres, on n’a pas le temps de s’ennuyer en écoutant Emission Phase.

Vous l’aurez compris, on ne peut pas reprocher grand-chose à ce Emission Phase. Sans doute un manque d’originalité, je vous l’accorde, mais soyons honnêtes, mis à part quelques grands noms du style (Dark Tranquility, Opeth notamment), être original est devenu un luxe bien difficile à s’offrir dans un style extrêmement codifié. Si l’on excepte donc cet aspect, le combo hollandais nous offre un album efficace, solide, avec quelques influences progressives sur certains titres. La production est de grande qualité, les riffs saignants, le chant puissant et hargneux, bref tous les éléments sont réunis pour faire un très bon album de death mélodique. Il manquera toujours ce petit plus, ce supplément d’âme que seuls quelques groupes possèdent, mais ne boudons pas notre plaisir, Emission Phase sera une bonne surprise pour les fans de death mélodique. Avis aux amateurs !!