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Il arrive que quelque fois, on se remette en question, est-ce que nous avons fait les bons choix ? Quels ont été les impacts de notre vie sur notre entourage ? Bref tout ce genre de questions auxquelles on ne trouve pas forcément de réponses, mais qui au moins ont le mérite d'effectuer une introspection. Pour les groupes, c'est la même chose. Les compositeurs évoluent et forcément, sont peut-être moins à fond sur ce qu'ils aimaient faire au début ou du moins ils essaient des petites expérimentations, créant ainsi des albums complètement à la marge du genre habituel. Tout comme Dark Tranquillity avec Projector où on assiste à l'œuvre naissant de la symbiose du death mélodique par excellence avec des touches gothiques. Ici les Allemands conçoivent aussi une étrangeté qui prend sa source sur le même type de mélange comprenant la base thrash, qui fait la renommée du combo, apprivoisée par de larges influences gothiques.

Endorama est effectivement l'O.V.N.I. de leur carrière, dès la première piste on s'éloigne des premiers chapitres comme Pleasure To Kill et Endless Pain. Le groupe n'optera pas pour une entrée en matière musclée bombardée à coup de batterie assourdissante et de cris provenant de l'au-delà, bien entendu nous en auront au menu mais une relative douceur et noirceur prédominent. « Golden Age » envoie la quasi totalité de l'album sur un échafaud reposant sur une fragile base musicale bien plus édulcorée que ce qu'on avait l'habitude d'entendre jusqu'à présent. On retrouve un Mille Petrozza qui chuchote, qui soupire et qui se retrouve doublé d'un filtre vocal. Les chants de Tilo Wolff (Lacrimosa) prêtent main forte à Miland sur le titre éponyme et les protagonistes se donnent la réplique tout au long d'un morceau porté par le feeling et caractérisé par le mal-être. Les lignes vocales et les paroles ont un réel impact sur cet opus, mais que seraient-elles dans un milieu dénué de valeur mélodiques ?

Les instrumentistes apportent alors tout leur cœur à l'ouvrage, en prenant souvent le devant de la scène au travers de soli parfaitement calibrés redonnant de l'intensité au morceau. Et quand bien même ils laissent libre cours au frontman dans son monologue, on saura toujours les identifier de par leurs riffs hypnotiques (« Shadowland ») et mystérieux à la fois (« Chosen Few »). La batterie apportera du renfort en structurant un peu toute la collégialité musicale. Sachant paraître à la fois dirigiste et suiveur, les lignes de batteries approvisionnent les chansons d'un peu de rigueur entre ces chants nonchalants et instruments à cordes qui s'amusent à virevolter. Mais on n 'en reste pas là, puisque Kreator a décidé de mettre le paquet, l'incorporation dans la structure de violons et de claviers sèment le trouble (« Everlasting Flame »). Les titres s'enchainent dans la limpidité la plus complète grâce à leur présence et articulent les morceaux mais aussi les relient par des longues notes tenues (« Entry »). Ces renforts parviennent à achever l'ensemble dans une foisonnement continu de volupté et de juste dose de frénésie de toute beauté.

Les Allemands sont inarrétables et méconnaissables - toute leur violence et leur fougue ont été purement et simplement été mises de coté afin de donner un autre jus concentré en originalité. Les refrains se montrent envoutants et rentrent dans la tête en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. « Future Ring » avec son « burning in 1999 - Drowning in 99 » sera redoutable pour toute personne s'aventurant dans les plaines  empoisonnées d' Endorama. Néanmoins les velléités brutales et les anciens réflexes de la formation reviennent avec « Soul Eraser » qui monte le ton un peu plus haut et on retrouve des embardées à la guitare et des exécutions de soli à faire frémir. Mais la direction artistique reprend le dessus et la fin de cet opus se termine comme il a commencé avec des filtres, des claviers limites inquiétant assemblés dans un mélange de chants suaves parfois apathiques et d'entrain contrôlé par les guitares.

Si cette expérience devait apporter quelque chose au groupe, je dirais que ça lui a permis de se rassurer sur une série d'albums tournant en rond dans le même carcan. Ainsi avec Endorama, Kreator démontre que le groupe n'est pas composé que de cris, de musiciens recherchant un maximum de célérité et de vacarme, ils montrent qu'ils sont dotés d'imagination, de talent d'écriture pouvant sortir des frontières actuelles. Si il ne créée pas que l'étonnement c'est parce que l'album a le mérite de faire naître les émotions. Les musiques sont une combinaison infinie de rythmes, de mélodies et d'intensité, ici on est en présence d'un opus envoutant, possédant et obsédant qualifié par les morceaux à la croisée des chemins démultipliant les possibilités.


- ĦĐ -

0 Comments 30 juillet 2009
Whysy

Whysy

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