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Si certains se désespèrent de ne toujours pas voir le nouvel album d'Adagio pointer le bout de son nez, qu'il ne s'imaginent pas qu'il s'agisse là d'un retard dû au manque d'inspiration de son guitariste et maître à penser, Stephan Forté. En effet, le virtuose de la six-cordes (ou sept... ou huit... quand on aime, on ne compte pas) publie ce mois-ci son second opus solo, trois ans seulement après son premier essai, « The Shadows Compendium ». Sachant que le prochain Adagio est actuellement en préparation, il faut croire que les notes, comme les idées, fourmillent et se bousculent dans l'imaginaire du français.

« Enigma Opera Black » marque un cap dans la carrière du guitariste, et ce à plus d'un titre. Outre une évolution perceptible dans l'univers musical de Stephan Forté (nous y reviendrons), ce nouvel opus est également le premier à sortir sous le label Zeta Nemesis Records. Cette structure, montée à l'initiative du guitariste, devrait lui permettre de promouvoir au mieux ses différents travaux : ce nouvel album solo bien sûr, mais aussi le prochain Adagio ainsi que d'autres projets à venir... Une démarche tout sauf anodine et qui, souhaitons-le, permettra au français de franchir un pallier en terme de popularité et de rayonnement à l'étranger.

Ouvrant l'album, « Short Virtuosity Etude » rappelle l'héritage classique de Stéphan Forté, en empruntant la ligne mélodique du troisième mouvement de la 'Sonate au clair de lune' de Beethoven. On reconnaît dès lors le 'son' caractéristique du guitariste ainsi que la production de Kevin Codfert, impeccable comme à son habitude. Les inspirations connues du guitariste sont toujours bien présentes (Jason Becker, Marty Friedman, Yngwie Malmsteen...). Les fans d'Adagio ne seront donc pas désorientés et retrouveront avec plaisir ses envolées néoclassiques à la fluidité déconcertante, ses soli tout en feeling et ses parties de piano. Pour preuve, « Entering Sigma Scorpii » aurait pu figurer sans problème sur « Archangels In Black », de même que certains passages d’autres pièces de l'album.

Pour autant, l'essentiel de l’album tend à se différencier des œuvres initiales du guitariste. Si l'on retrouve le côté sombre et romantique de sa musique, elle est emprunte ici d'un mélancolie et d'une noirceur encore plus profonde que par le passé. Et cela, malgré les nombreuses lignes mélodiques qui illuminent littéralement cet album. Avec « Enigma Opera Black », Stephan Forté explore de nouveaux horizons et les incorpore à son univers déjà riche. Ainsi, le tempo de quatre morceaux semble (en apparence) déstructuré, à l'instar des patterns polyrythmiques d'un Meshuggah. Allié à la lourdeur des riffs et à la production en béton armé, il confère aux titres une agressivité nouvelle. L'utilisation de sonorités Indus ou Dubstep, autres éléments novateurs, apporte également une dimension inédite. Le résultat, plus « brutal », donne une alliance antithétique intéressante avec la trame mélodique principale. Les compositions se révèlent en effet plus versatiles que jamais, insufflant des ambiances et des ressentis disparates. Ces quatre titres (« Zeta Nemesis », « Enigma Opera Black », « Sector A: UNDEAD » et « Suspended Tears Into Space ») semblent d'ailleurs composer la colonne vertébrale de l'album. Et il n'est alors pas surprenant de les voir agrémentés de classieux soli délivrés par une brochette d'invités de marque, à savoir Andy James (shredder anglais ayant notamment participé au projet Sacred Mother Tongue), Marty Friedman (ex-Megadeth, ex-Cacophony... mais avez-vous réellement besoin du CV du bonhomme ?), Paul Wardingham (adepte du 'Math Metal' aux accents electro – parfait pour le titre où il intervient) et Marco Sfogli (co-auteur entre autres des albums solo de James LaBrie).

Aux côtés de ces quatre titres 'piliers' figurent également deux morceaux dont les ambiances se détachent du reste de l'album. Deux morceaux différents, certes, mais pas moins intéressants pour autant. D'une part, le bien nommé « Pure », à la virtuosité stratosphérique, qui vous emmènera dans un voyage musical planant. De l'autre, l’exotique « Praying Lord Bhairava at the Foot of Mount Kailash » à l'atmosphère orientale et mystique, véritable bande-son propice à l'introspection (ou la méditation si vous êtes sensible à la philosophie bouddhiste).

Au final, « Enigma Opera Black » apporte à l'univers connu de Stéphan Forté de nouveaux horizons qui traduisent le côté aventureux et cosmopolite du guitariste. Il s’émancipe clairement du carcan étroit du « Metal néoclassique » strict pour assimiler d'autres influences (Metal extrême, Djent, Indus, Electro, World Music...). Ce faisant, il offre une musique plus variée et complexe (dans le bon sens du terme), sans jamais perdre le sens de la mélodie et de l'accroche ! Qualité primordiale lorsqu'il s'agit d'album instrumental. Une démarche qui pourrait augurer de nouvelles intentions de la part du français quant à ses projets futurs...

0 Comments 28 octobre 2014
Whysy

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