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2003. le XXIème siècle en était encore à ses balbutiements, et d’entre ses vagissements de nouveau-né émergeait alors pour le plus grand bonheur de nos oreilles la partition quasi parfaite du Seclusion de PENUMBRA , Sympho gothique flamboyant célébrant tout autant le mysticisme monacal que la ferveur païenne. Puis plus rien. Le vide. Le désespoir des fans…
Jusqu’à aujourd’hui. Joie, donc. Et une question en deux parties: PENUMBRA repartait-il de l’endroit exact où il nous avait abandonnés? Allait-il empiler des portées de notes nostalgiques sur les fondations orphelines de Seclusion? Stupeur et tremblements, comme dirait Amélie, il n’en est rien. C’est un virage à 180 degrés qui vous scotche les écouteurs dans les trompes d’Eustache, et ça me va. Pouvais-je de toute façon imaginer PENUMBRA figé dans le temps comme le visage de Jean-Pierre Pernaud? Non, bien sûr . Alors leur Musique toujours hybride dit Good bye au Sympho, et Hello au Rock, un peu, au Métal, beaucoup, à la modernité, passionnément.

Faisant fi de comparaisons autant vaines qu’hasardeuses qui évoqueraient pêle-mêle Covenant, Samael, Théâtre Of Tragedy, et pourquoi pas James LaBrie, il s’avère finalement que PENUMBRA fait du PENUMBRA, quand bien même des influences sont bien là, multiples. Et à choisir, je situerais plutôt ce Era 4.0 à l’orée de cette nouvelle scène représentée par Celldweller ou Blue Stahli, dans cette approche moderne d’un métal décomplexé, qui claque, qui vibre, qui envoûte, toujours en fusion, coulant entre des rives cosmopolites habitées par la Techno, le Dark, l’Electro, l’Indus, le Gothique, le Rock, la Pop, le Folk.

Le résultat est une succession de titres qui ne se ressemblent pas, pourtant unis par un point commun, un hôte omniprésent, et que l’on n’espère plus dans un divertissement de TF1: LA QUALITE.

La qualité dans l’écriture. Les mélodies entêtantes autant qu’irrésistibles de Save My World, Oblivion, Malice In Wonderland ( il y a d’ailleurs dans ce titre un je ne sais quoi d’eighties, un peu comme si les brushings kitschs de Duran Duran ou de Tears For Fears s’étaient penchés sur nos musiciens) emporteront l’adhésion de tous, y compris de ceux qui pensent toujours que J.Bieber est un chanteur.
Les mélodies envoutantes de Exhumed ou Insidious ( particulièrement addictive et qui pourrait servir de pont entre le nouveau et l’ancien PENUMBRA ) finiront de convaincre, y compris ceux qui pensent que les chanteuses ont besoin de leurs fesses pour chanter.
Les structures des morceaux ne sont généralement pas avares de surprises, les breaks sont nombreux, en rythme comme en ambiance, et augmentent notre plaisir d’écoute, mais nous frustrent aussi, tant certains titres paraissent trop courts.

La qualité du chant. Et là, honneur aux dames. Ou plutôt LA Dame, dont le chant, comme c’est trop souvent le cas, n’est pas là juste pour faire joli. Dans l’Ether qui résonne alors comme un cristal, sa voix, caméléon magnifique, nous transperce sur Exhumed, nous caresse sur Eerie Shelter, nous gifle sur Charon. Le plus souvent laissée pure, épargnée par l’électronique et le Vocoder, cette voix, que même un chœur de Caterpillars en surchauffe ne saurait voiler, c’est Asphodel. Les fans de Pin-Up Went Down la trouveront sans doute plus sage ici, mais Asphodel et sage sont-ils deux mots qui vont très bien ensemble?
Le casting vocal de PENUMBRA n’a pas dû être compliqué, encore une fois, puisque aux vocaux masculins, chants extrêmes et voix claire, nous retrouvons simplement Jarlaath , l’Arturo Brachetti de la vocalise. Le chant clair, laissé nature ou filtré, c’est selon, marque des titres comme Insidious , Save My World ou Oblivion d’une empreinte chaque fois unique.

La qualité des musiciens. A chaque métal, son forgeron, son cogneur , ici l’indéboulonnable Arathelis, dont la frappe précise soutient généreusement le travail de ses amis. Et oui, tous étaient déjà présents sur Seclusion ( et même avant, mais ceci est une autre histoire), ils sont toujours là sur Era 4.0: Zoltan et ses claviers qui défendent la couleur de chaque titre et construisent de surcroît la double hélice de leur ADN tandis que les cordes d'Agone (basse), de Neo ( guitare rythmique) et Loïc ( lead guitare) bâtissent un mur de son contre lequel nos oreilles viennent se fracasser avec bonheur. Cette amitié indéfectible, et donc cette complicité évidente, sont certainement pour beaucoup dans la cohésion de chaque titre, et ce, malgré la multiplicité des références aux genres musicaux évoqués plus haut. Petite touche de fidélité bonus, on retrouvera sur Exhumed et Eerie Shelter la flûte et les bagpipes de Loïc Taillebrest qui hantaient déjà les landes de Seclusion.

Pour conclure, non, PENUMBRA n’a pas changé. Seclusion offrait déjà des titres suffisamment variés pour étouffer toute velléité somnifère de Dame Lassitude, Era 4.0 n’est pas en reste , laissant entrevoir au passage l’indéniable potentiel d’un groupe qui aura les moyens de nous surprendre encore dans son prochain opus, dans moins de douze ans, si c’est possible.
Il est cependant certain que des âmes inconsolables, pleurant à chaudes larmes PENUMBRA 1.0, 2.0, 3.0, resteront sur les bas-côtés de la voie tracée par cette nouvelle ère. Et pourtant, les pépites la parsemant justifient amplement que l’on s’y promène, et mieux, que l’on s’y attarde.

https://youtu.be/3m8kYhqJbVY

0 Comments 27 octobre 2015
Whysy

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