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Transformer une musique hermétique, technique et repaire de hipster kéké en quelque chose de plus aérien et prog, tout en flirtant allègrement vers le power teuton, voilà qui n'est pas un mince exploit. Teramaze, si j'étais un odieux connard, je pourrais les qualifier de Tesseract du pauvre, mais en fait c'est l'inverse, puisque le combo australien réussit parfaitement là ou les rosbifs se sont lourdement foirés : faire un album agréable à l'écoute.

Parce que toute la question est là, et au final c'est toujours un peu le même débat : intégrité artistique contre stratégie commerciale. Ce débat pourrait nous emmener trop loin et on en viendrait presque à considérer que la simple volonté de simplifier son propos et le rendre plus accessible équivaut à une démarche planifiée dans le but de vendre des albums. C'est loin d'être une généralité, et ce n'est pas le cas des sympathiques wallabies.

Actifs depuis plus de 20 ans, Esoteric Symbolism n'est que leur quatrième album, et le chanteur Brett rerekura est l'unique membre fondateur restant. Et quel chanteur ! Tour à tour puissant mélodique, sachant être agressif lorsque la musique l'exige et surtout, plein de justesse . Pas seulement dans le sens de la note « juste », mais également judicieux dans ses choix vocaux et les harmonies qui l'accompagnent. Car cet album est une très grande réussite, et porte fièrement le drapeau d'un metal prog industriel, autant dans la lignée des maîtres du genre (Tool) que dans celle d'autres cadors environnants (Dream Theater par exemple, même si c'est vrai qu'on a un peu tendance à les citer dès qu'un groupe fait du metal prog).

L'intelligence du groupe est d'avoir su varier les ambiances et les énergies qui constituent les lignes de forces de cet album. L'énorme Line Of Simmetry par exemple est un classique instantané, puissant et efficace, mêlant brillamment djent moderne et prog nineties, comme le font les excellents Spawn ou Dust Of Martyrs. Mais le groupe sait se diversifier et nous offrir des couleurs trashy (Punishment By Design) ou power speed (Transhumanist). Seul l'avant-dernier morceau, Darkest Days Of Symphony, se permet de ralentir quelque peu le tempo, et de prendre le temps de développer (il est placé au cœur d'une trilogie de 20 minutes).

C'est peut-être là que réside selon moi le défaut de l'album, à savoir une longueur phénoménale qui risque fort de provoquer l'indigestion des estomac les plus solides. 78 minutes c'est beaucoup trop pour un album, surtout s'il ne présente aucun développement narratif évident. Les chansons sont vraiment bonnes, l'album est agréable à l'écoute mais il est très difficile de l'écouter en profondeur, de pouvoir analyser fidèlement les intentions des auteurs tant elles sont noyées sous un flot de notes, de rythmes et de structures. Il ne possède pas vraiment de point faible cet Esoteric Symbolism, si ce n'est qu'on aurait aimé pouvoir l'apprivoiser plus facilement. Un grand et bel album mais à réserver aux plus courageux d'entre vous. Sinon, les autres (dont je fais partie), se contenteront à l'avenir d'en écouter les premiers morceaux ou les plus marquants, appréciant la qualité sans pour autant être prêts à un tel plongeon.

0 Comments 22 avril 2014
Whysy

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